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Yousuf Mohamed: «Une alliance PTr-MMM est la meilleure chose qui puisse arriver au pays»

17 avril 2014, 10:02

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Yousuf Mohamed: «Une alliance PTr-MMM est la meilleure chose qui puisse arriver au pays»

Paul Bérenger, dit-il, ne l’aime pas beaucoup. Pourtant, Yousuf Mohamed reconnaît les mérites du leader des Mauves, estimant qu’il a l’étoffe d’un Premier ministre. Il se dit confiant qu’un gouvernement présidé par le duo Ramgoolam-Bérenger veillera aux intérêts des minorités. Au poste de leader de l’opposition, l’avocat verrait bien… Xavier-Luc Duval.

 

 

Quelle analyse faites-vous des derniers développements sur la scène politique ?

J’ai déjà presque tout dit dès la présentation du White Paper sur la réforme électorale. Si cela n’a pas déjà été fait, on va tout droit vers une alliance entre le PTr et le MMM. Il était clair, ce soir-là, que le Remake 2000 allait être de l’histoire ancienne. Surtout quand le Premier ministre a glissé cette phrase assassine: un petit parti ne peut «mont dadak» sur un autre bien plus grand que lui pour se hisser au pouvoir.

 

Cette alliance est la meilleure chose qui puisse arriver au pays. Elle l’aidera à avancer tant au niveau économique, politique que social. Il faut que Navin Ramgoolam et Paul Bérenger s’attellent à créer des emplois pour les jeunes diplômés et à aider ceux qui sont dans le besoin.

 

Ce qui veut dire qu’il n’y aura pas d’opposition dans le pays...

Il y aura toujours une opposition. Peut-être pas un chef de l’envergure d’un Paul Bérenger. Il sera bien mieux comme Premier ministre car il a des idées qu’il peut apporter au gouvernement. Je vois bien Xavier-Luc Duval à ce poste. L’avenir nous le dira. Mais certainement pas Pravind Jugnauth. Quant à sir Anerood Jugnauth (SAJ), c’est désormais un dinosaure.

 

Je sais que Paul Bérenger ne m’aime pas, mais je lui dois quand même la vérité. Il est entré dans l’histoire pour avoir oeuvré en faveur des travailleurs. Si les salariés ont droit au National Pension Scheme ainsi qu’à des hausses salariales à travers le National Remuneration Board, c’est grâce à lui.

 

Vous avez donc changé d’avis sur la mise à mort du «Best Loser System» (BLS) ?

Je suis toujours contre l’abolition du BLS. J’estime qu’une telle décision sera néfaste pour les minorités. Néanmoins, en tant que démocrate, je dois me plier à la volonté du plus grand nombre. Je vais accepter en espérant que la représentation proportionnelle intégrera cette formule.

 

Aussi longtemps que Navin Ramgoolam et Paul Bérenger seront au pouvoir, je n’ai aucun souci à me faire quant à la représentation des minorités au Parlement. Si cela avait été SAJ, mon avis aurait été différent. Tout le monde sait comment il s’est comporté vis-à-vis des Mauriciens issus de la population générale et de la communauté musulmane.

 

Quel est, selon vous, le seuil minimal pour qu’un parti soit éligible à la liste de représentation proportionnelle ?

Navin Ramgoolam a parlé de 10 %. Je m’en tiens à ce qu’il a dit. Il faut se débarrasser des petits partis. Je le redis, il faut prendre en compte les minorités. Quand on choisit un représentant, on ne peut pas prendre n’importe qui… Il faut des gens compétents et qualifiés.

 

Les minorités ne sont plus ce qu’elles sont. Beaucoup d’hindous se sont convertis…

Exactement. On va aux prochaines élections avec un recensement datant de 1972. Si on refait un recensement, il y aura de grosses surprises. On verra que les minorités ne sont pas aussi minoritaires. D’où des demandes de redécoupage électoral. Les politiciens ont leur petite idée sur ce sujet. Que ce soit Navin Ramgoolam, Paul Bérenger ou SAJ.

 

Faut-il vraiment s’inquiéter de la représentation des minorités ? Cela ne fera-t-il pas perdurer la mainmise des chefs de clan ?

Je suis entièrement d’accord avec vous. Au lieu de nommer un musulman, on nommera un Rajput, un Ravived… Cela n’arrivera pas aussi longtemps que Navin Ramgoolam et Paul Bérenger seront au pouvoir. Mais sait-on jamais de quoi demain sera fait ? D’où mon point qu’on ne devrait pas toucher au BLS. Les autorités locales doivent prendre exemple sur ce qui se passe actuellement en Inde.

Les musulmans ont très peur du candidat nationaliste hindou Narendra Modi, qui s’apprête à être leur futur Premier ministre. Surtout après les troubles dans l’État du Gujarat en 2002. Les leçons du passé doivent nous servir pour l’avenir. Doit-on avoir confiance en Modi ?

 

Votre fils Shakeel ne pourra plus remplacer Rashid Beebeejaun comme n° 2 du gouvernement…

Paul Bérenger n’a jamais tenu les Mohamed en odeur de sainteté. Que ce soit mon père, mon fils ou moi-même. Quand il s’est rapproché du Mouvement travailliste démocrate, il a choisi Anil Bachoo et Sanjeet Teelock, mais pas moi.

 

Tout comme Anil Bachoo et Rajesh Jeetah…

Je ne sais pas pour les autres. Je ne voudrais pas que Paul Bérenger recommence à imposer ses choix quant aux candidats du PTr pour les prochaines législatives. Il se peut qu’il demande que Shakeel ne soit pas candidat. Je ne vais pas intervenir. Je ne suis pas du genre à demander des faveurs pour mes proches. Quant au poste de n° 2 du gouvernement, Rashid Beebeejaun n’a pas encore dit s’il sera ou non candidat.

 

Navin Ramgoolam au Réduit et Paul Bérenger au Trésor avec la IIe République. Quel est votre pronostic pour cette nouvelle entente, connaissant les caprices du second ?

Elle durera aussi longtemps qu’ils seront en vie. Ils ont appris du passé. Il reste au nouveau leader du PTr à prendre ses précautions et ne pas se faire marcher sur les pieds par un Paul Bérenger qui voudra tout lui dicter. Paul Bérenger n’est plus jeune. Il a son caractère, mais il sait aussi que c’est la dernière chance qui lui est offerte d’être au gouvernement. Son body language et ses partisans souhaitent cela. Showkutally Soodhun brasse du vent: les militants qui ont hué Paul Bérenger mercredi à Rose- Hill sont majoritairement du MSM.

 

Qui est le plus apte à remplacer Navin Ramgoolam ?

Cet homme, c’est Arvin Boolell. J’ai confiance en lui. Il est fort, il a une personnalité et il ne se laissera pas faire par Paul Bérenger.

 

Pourquoi pas Nita Deerpalsing ?

Elle sera un appui à Arvin Boolell contre Paul Bérenger. Comme beaucoup d’autres qui ne sont pas issus de la communauté hindoue. Est-ce démocratique qu’un leader politique décide qui il doit récompenser en les nommant parmi les huit députés à la proportionnelle ? Je l’admets, c’est loin d’être démocratique. Si seulement Rama Sithanen pouvait trouver mieux que cela…

 

Entre Navin Ramgoolam et Paul Bérenger, n’est-ce pas le premier qui dispose de plus de femmes comme candidates ? Vous voyez une femme au n° 3 ?

Peu importe, il faut des candidats compétents. Pourquoi pas une femme au n° 3 ? Du moment qu’elle soit de la communauté musulmane. Si elle respecte les coutumes, elle sera respectée par l’électorat.

 

En tant que juriste, que pensez-vous du jugement du «Privy Council» en faveur de Dharmanand Dhooharika ?

C’est un grand pas en avant. Nous avons désormais une jurisprudence. La poursuite doit prouver l’intention de nuire. Dharmanand Dhooharika n’a pas eu droit à un procès équitable, n’ayant même pas pu s’expliquer à la barre. Mais le conseil privé a également dit que les tribunaux doivent être respectés. Surtout dans un petit pays comme Maurice. C’est trop facile de s’attaquer à l’institution. N’oublions pas que c’est le dernier rempart de la démocratie.