Pour lui, un meeting du 1er-Mai, c’est sacré. Et quand il apprend que le MSM lorgne sur son pré carré, M. Malin entre en transe. Brin de causette avec le plus bel ovni de la République.

■ Avez-vous vu le clin d’oeil du leader de l’opposition ?

L’oeil gauche ou l’oeil droit, Sir ? Si c’est l’oeil gauche, ce n’est pas bon.

■ Paul Bérenger a dit que « le MSM sera en compétitionavec le Party Malin » le 1er mai à Curepipe…

(Fou de rage) Quoi !? Mais qu’est-ce que c’est que cette histoire ? (Il ne nous laisse paslui dire que le MSM a finalementannulé) J’étais là en premier, moi ! Ça fait treize ans que je fais mes meetings à Curepipe, treize ans ! Pravind Jugnauth n’a qu’à aller dans sa circonscription. Il veut créer une guerre dans la ville ou quoi ? (L’index pointé) Ecoutez-moi attentivement : le Pravind Jugnauth ne marchera pas sur mes plates-bandes. Il doit disparaître de l’île Maurice !

■ Comme vous y allez…

Ce n’est pas un politicien, c’est un malélevé. Un jour, je suis entré dans son bureau, je l’ai salué, et le Pravind Jugnauth ne m’a pas répondu. Cet homme n’a pas d’éducation, il m’a traité comme le dernier des couillons. Tout ça parce qu’il est riche. Je veux qu’on me respecte, je représente la troisième force politique de l’île Maurice. Je suis un leader de parti comme le Pravind, le Bérenger ou le Navin Ramgoolam.

■ Troisième force, vous comptez comment ?

Ce sont quelques calculs à faire. Demandez à l’Internet, il va tout vous dire. Bon, dans quelle rue est-ce que le MSM fait son meeting ?

■ Ça devait être rueChasteauneuf, mais finalement…

(Il coupe) Rue Chasteauneuf !? Non, non, non ! C’est impossible ! Il n’y a même pas un quart de kilomètre avec mon meeting à moi, près de la poste. Il va gêner ma marche pacifique. Comment va-t-on traverser ? On ne pourra pas survoler. Je vais vous dire très franchement : lundi, je suis aux LineBarracks pour exiger une explication du commissaire de police.

■ Ce ne sera pas utile, ils ont annulé…

C’est vrai ? (Soulagé) C’est une très très bonne nouvelle ! On a évité la guerre civile, Dieu merci ! Je vous remercie pour votre coopération.

■ Je n’y suis pour rien, vous savez.

Je vous invite quand même à mon grand meeting. Pas que vous, votre staff aussi. Je travaille pour le peuple, et dans le peuple, il y a vous et votre staff.

■ Qu’est-ce qui est plus méchant : comparer le MSM au Party Malin ou l’inverse ?

Le Bérenger n’a pas le droit de me parler comme ça. Ni à moi, ni au MSM. Qu’il n’oublie pas que c’est grâce à sir Anerood qu’il a été Premier ministre. Bérenger, il prend les gens pour des imbéciles. Il croit que le peuple est resté en 1968. Mais le peuple, il est en 2014 et il a envie d’entendre M. Malin. L’année dernière, des gens du gouvernement sont venus me voir dans ma maison : « M. Malin, vous avez du potentiel, on va vous donner un poste à l’ambassade de Madagascar. Seulement, il faut dissoudre votre parti avant mercredi. » J’ai dit non, jereste fidèle à mon parti et monpeuple. Je garde ma dignité d’homme et de leader.

■ Le projet de réforme électorale, vous le trouvez digne ?

J’en ai entendu parler, comme ça, à la radio. Mais je n’ai pas trop suivi, j’étais souffrant du genou. De toute façon, réforme ou pas, je ne suis pas inquiet. Le peuple sait que seul mon programme politique est porteur d’un vrai changement. Quand vous regardez bien, le seafood hub, l’éthanol, les salesby levy, les tablettes, les laptops, tout ça, ce sont des idées à moi.

■ Votre discours du 1er- Mai est-il prêt ?

Yes Sir. Je vais transmettre les messages que sir Gaëtan Duval m’envoie.

■ Vous parlez aux morts ? (Il ferme les yeux) Non Sir, cesont les morts qui me parlent.Mais en vrai, sir Gaëtan n’est pasmort, il fait semblant, il se repose.

■ A quoi le voyez-vous ?

Il ne peut pas être mortpuisque je suis son apôtre. Ilm’a demandé de remercier laclasse des travailleurs mauriciensqui ont donné leur souffrancepour le développementdu pays. Et de les prévenir quela démocratie pareille qu’enEurope, et pareille que dansle dictionnaire Larousse, va bientôt arriver. Pour cela, jedois compléter la mission desir Gaëtan en prenant les pouvoirsde Prime Ministrer.

■ Et si ça n’arrive pas ?

Ça va arriver, Sir. Je peuxmême vous dire que ce seraune élection très mystérieuse.