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La France s'attaque aux filières djihadistes

23 avril 2014, 07:13

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La France s'attaque aux filières djihadistes

La France va tout mettre en oeuvre pour lutter contre les filières djihadistes qui acheminent des combattants de France en Syrie et sanctionnera les candidats au djihad, a assuré mardi François Hollande sur fond de critiques de l'opposition sur le laxisme supposé du gouvernement à ce sujet.

 

Quelque 700 Français sont plus ou moins impliqués dans le conflit qui fait rage en Syrie depuis plus de trois ans, selon le ministère de l'Intérieur. Plus d'un tiers d'entre eux se trouveraient actuellement sur place.

 

La question de la présence de combattants français en Syrie a été relancée ce week-end avec la libération des quatre journalistes français qui ont indiqué que certains de leurs geôliers en Syrie parlaient français.

 

La France va prendre "toutes les mesures pour dissuader, empêcher, punir ceux ou celles qui seraient tentés d'aller livrer des combats là où ils n'ont pas leur place", a dit le chef de l'Etat dans un discours à l'Institut du monde arabe.

 

Adopté en mars, le plan de lutte du gouvernement contre les filières, qui vise à enrayer le flux de candidats au djihad et à lutter contre la "radicalisation violente", doit être présenté mercredi en conseil des ministres.

 

Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a expliqué mardi sur France 2 que ce plan d'une vingtaine de mesures, qui sera mis en oeuvre "dans les jours qui viennent", permettrait d'abord de mettre en place un mécanisme de prévention des départs vers la Syrie.

 

"Abominble "

 

Les sorties de territoire des mineurs seront encadrées, a-t-il dit. Des structures d'accueil seront mises en place par les préfets pour accueillir les parents désarmés face à la radicalisation de leurs enfants. Le signalement et la surveillance des sites djihadistes seront renforcés.

 

Quant aux djihadistes qui reviennent en France, ils seront mis en examen pour association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, a ajouté Bernard Cazeneuve.

 

François Hollande a indiqué que la France déploierait "tout un arsenal, en utilisant toutes les techniques, y compris la cybersecurité et aussi des techniques humaines" qui consistent à "parler, à aller chercher les familles, un certain nombre d'alertes qui permettent ensuite d'intervenir."

 

"Ce plan n'est pas fait pour empêcher l'acte de foi mais il est fait pour que la religion ne soit pas utilisée à d'autres fins, notamment la fin plus abominable qui est le terrorisme."

 

Plusieurs familles de jeunes Français partis faire le djihad avaient appelé début avril le gouvernement à enrayer l'exode des candidats à la guerre sainte en Syrie.

 

Après les détails sur la détention des quatre journalistes français en Syrie, le député UMP Hervé Mariton a demandé au gouvernement de rendre régulièrement des comptes.

 

Le Front national a pour sa part dénoncé l'incohérence de la diplomatie française qui, en soutenant la rébellion syrienne, encouragerait des jeunes Français à se rendre en Syrie.

 

Le vice-président du FN, Florian Philippot, a notamment préconisé de retirer la nationalité en cas de double nationalité ou de confisquer le passeport des Français partis faire le djihad ou en ayant l'intention.

 

Bernard Cazeneuve a indiqué sur France 2 qu'il était "tout à fait possible" de mettre en oeuvre en France cette mesure déjà appliquée en Grande-Bretagne.

 

"Calcul cynique"

 

"Les autorités françaises n’ont jamais cherché à empêcher le départ de jeunes en Syrie", estime David Thomson, journaliste et auteur de l'enquête "Les Français djihadistes". "Elles faisaient le calcul cynique qu’il vaut mieux les voir partir combattre Bachar al Assad plutôt qu’ils restent ici".

 

"Aujourd’hui cette stratégie débouche sur le fait que les autorités sont débordées. Les Français (candidats au djihad) sont si nombreux qu’elles n’ont pas les moyens de surveiller tous les retours", ajoute-t-il.

 

L'utilisation du gaz sarin en août dernier en Syrie, imputée par plusieurs pays occidentaux au régime de Bachar al Assad, avait provoqué une hausse du nombre d'aspirants djihadistes français, selon le juge français antiterroriste Marc Trévidic.

 

"Fatalement. Au départ, on leur montre des images de musulmans victimes, c'est quand même le moteur principal", avait dit le magistrat.

 

Le scénario pourrait se reproduire à l'heure où Paris et Washington font état de nouveaux éléments donnant à penser que de nouvelles attaques à l'arme chimique ont été menées en Syrie.