« Il y avait tellement d’espoirs, mais on a tout foutu en l’air. » Cet aveu de Florent Malouda, mardi après l’élimination de l’équipe de France en Coupe du monde (battue 2-1 par l’Afrique du Sud), résume à lui seul l’ampleur de la déception du camp tricolore. Un psychodrame dont nous avons été témoins bien malgré nous.

Présents dans la zone mixte, où les joueurs accordent des interview aux journalistes à la fin du match, nous avons vu défiler un à un des Bleus abattus. Les starlettes Thierry Henry et Franck Ribery passent en flèche. Les consignes semblent claires, personne ne veut tout déballer tout de suite. Le plus sympa ? Probablement Yohan Gourcuff, celui qui a été victime d’une exclusion de groupe. « Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise… On n’avait pas trop mal démarré le match. Je voulais vraiment faire une grosse partie. On savait qu’on aurait du mal à se qualifier mais on voulait au moins gagner. Et puis après, sur leur première occasion, on prend ce but, moi je prends un carton rouge, puis on en prend un deuxième but, c’est terrible. Il faut oublier tout ça et partir en vacances. »

Patrice Evra, capitaine déchu et remplaçant contre l’Afrique du Sud, voulait faire entendre sa voix : « Ce n’est pas le moment de tirer sur quoi que ce soit. Nous ne sommes pas à l’heure des règlements de compte mais du pardon, de ressentir toute la souffrance des milliers de Français. Ce pardon je voulais le faire hier (Ndlr : lundi) mais mon coach me l’a interdit. La France aura de vraies explications de ce désastre et on aimerait demander pardon aux supporters. Personnellement en tant que capitaine je raconterai la vérité de A à Z sur tout ce qui s’est passé. La France aura de vraies explications de ce désastre ».

Florent Malouda, le seul Français qui sort du lot bien qu’il n’ait bizarrement joué qu’un match (face au Mexique), ne se défile pas non plus face aux médias. « C’est le genre de cauchemar qu’on n’a pas envie de vivre en tant que joueur. Il y avait tellement d’espoirs, mais on a tout foutu en l’air. » Pourquoi ? Quelles sont les causes ? « Multiples. Beaucoup de tensions sont revenues à la surface d’un seul coup. Beaucoup de choces négatives qui nous ont détourné de l’objectif principal qui est de jouer au foot. Tout l’extra-sportif a pris le pas sur les matches de préparation, et à ce niveau là toutes ces négligences se payent cash. Il y a des équipes qui se préparent depuis longtemps, qui jouent en équipe. Nous on a déjoué à chaque match. C’est dommage. On n’a pas été à la hauteur c’est domage. »

Malouda évoque ensuite l’avenir des Bleus. « C’est un grand chantier. J’espère que la transition se passera bien, je pense qu’on pouvait préparer l’après Domenech d’une meil-leure façon mais on a échoué, on sort par la petite porte. Les bases ne sont pas bonnes. Il faut vite des vavances et vite reprendre en club, avec des matches internationaux au mois d’août. Il faut faire le vide, se recharger, évacuer tout ce qui a pu peser à la fin au niveau nerveux. »

De notre envoyé spécial en Afrique du Sud
Azmaal HYDOO

23 juin 2010