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Matthieu Chedid, en concert à Maurice: «Je baigne dans une espèce d’énergie des îles»

17 mai 2014, 16:28

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Matthieu Chedid, en concert à Maurice: «Je baigne dans une espèce d’énergie des îles»
Jouer dans un nouveau pays, est-ce un moment particulier ?
Oui, encore plus dans un lieu de rêve comme Maurice. C’est l’excitation totale ! J’ai gardé un souvenir très fort de mon premier concert à La Réunion, il y a quelques années. J’ai été accueilli de façon incroyable, c’était très touchant. Les premières fois sont toujours magiques.
 
Une certaine appréhension précède-t-elle la magie ?
Non, je n’ai pas d’appréhension particulière. C’est plutôt un désir, une envie, donner le plus possible aux gens. Etre en phase avec eux, capter leur énergie. C’est comme si j’étais déjà convaincu que nous allions passer une grande soirée ensemble. Je suis pris dans un tourbillon d’insularité assez génial. Mardi, j’ai joué en Corse, à Ajaccio. La semaine prochaine, je serai à Maurice, puis tout de suite après à La Réunion. Je baigne dans une espèce d’énergie des îles, c’est un cadeau.
 
Qu’avez-vous à partager avec nous ?
(Il réfléchit) J’ai envie d’apprendre de vous. Je connais mieux La Réunion qui m’a énormément inspiré. J’aimerais pouvoir respirer Maurice de la même façon.
 
L’île Maurice évoque quoi, pour vous ?
Le repos absolu, le côté paradisiaque, des images de mers incroyables. Je suis déjà venu en vacances. J’étais dans un cadre enchanteur. Je suis passé à côté de beaucoup de choses. Comme le métissage des cultures qui m’intéresse beaucoup. Je suis en demande de mieux connaître cette île que j’ai rencontrée superficiellement.
 
Ce ne sera pourtant qu’un passage éclair…
Comme toujours en tournée. Mais sur scène on ressent des choses. On est dans l’énergie des gens, c’est comme ça que j’apprends à découvrir les lieux.
 
«On n’entre pas dans une chanson comme dans un moulin», disait Brassens. Comment entre-t-on dans un concert de Matthieu Chedid ?
Comme un enfant. A l’intuition, à l’énergie. C’est quelque chose d’assez primaire, ça passe à travers la musique et l’amour, une énergie se répand. Si l’on n’est pas totalement fermé, on la reçoit, elle nous porte. Ça monte, ça monte… et les gens se libèrent de plus en plus.
 
Vos spectacles vous ont valu quatre «Victoires de la musique». Vous sentez-vous «bête de scène », au sens littéral du terme ?
Absolument. Le côté animal prend le dessus. J’ai de moins en moins envie de réfléchir sur scène, juste être. Il y a parfois des imprévus, des accidents musicaux. Je prends les choses comme elles viennent, je me laisse porter par les gens. C’est un partage. C’est comme rencontrer une personne. Il y a quelque chose de très intime dans un concert.
 
Votre dernier album, «Îl», est-il une référence à la virilité insulaire ?
(Rire) Oui, on peut le dire comme ça ! C’est la contraction de «il» et de «île», une île au masculin. Le «il» est une façon de célébrer le disque de la masculinité, de l’homme. Et «l’île» est un monde imaginaire où tout est possible. C’est M en fait. Je me suis rendu compte que M était plus un lieu qu’un personnage.
 
Matthieu n’a-t-il pas tué M ? Vous montez sur scène avec de moins en moins d’artifices…
Non, je le renouvelle. J’ai toujours quelques artifices, comme des lunettes assez folles. La fantaisie est restée, mais je ne ressens plus le besoin d’être dans la caricature. C’est un nouveau M, différent. Si je continuais de m’habiller en rose avec la même coupe de cheveux qu’il y a dix ans, ce serait un mensonge car ce n’est plus ce que je suis aujourd’hui. Je me suis toujours méfié de mal vieillir avec un personnage.
 
Sur «Îl», vous chantez «L’île intense» en hommage à La Réunion. Il se passe quoi exactement entre elle et vous ?
C’est difficile à exprimer. Comme un passage d’énergie. Quelque chose de volcanique, de spirituel. J’ai été touché par l’énergie de cette île, son métissage, son intensité.
 
«L’île Intense» est aussi le slogan touristique de La Réunion. Le nôtre est «Mauritius, c’est un plaisir». Inspirant ?
(Rire) Faut voir, hein… Faut d’abord saisir les plaisirs à pleines mains ! Parfois, une chanson naît de pas grand-chose, de petits moments de vie, de rencontres. C’est en accompagnant quelqu’un à l’aéroport de la Réunion qu’est venue l’inspiration de «L’île intense». Cette personne a utilisé une expression que je ne connaissais pas : «Du battant des lames au sommet des montagnes», j’en ai fait une chanson.
 
Vous avez également tissé des liens avec l’Afrique. Que s’est-il passé sur la terre rouge du Mali ?
Ça a été comme un déclic, une révélation. Je me suis senti tout de suite chez moi. C’est peut-être à cause de mes attaches orientales (son père Louis est un chanteur franco-libanais et sa grand-mère Andrée était une écrivaine et poétesse franco-égyptienne, ndlr). A chaque fois que je me suis retrouvé avec Amadou et Mariam et toute cette bande malienne, je me suis senti comme à la maison. Ils m’acceptent comme un des leurs. Ça me touche beaucoup.
 
«Si ça s’trouve je n’reviendrais jamais. Je s’rais le plus blanc-bec de tous les Africains» chantez-vous sur Mama Sam...
C’est un fantasme d’ailleurs, je rêve parfois d’avoir une autre vie...
 
Vous avez collaboré avec énormément d’artistes, avec qui aimeriez-vous travailler ?
Je viens d’entamer un projet avec Seu George, un grand chanteur brésilien. Cette aventure me tenait beaucoup à coeur. Mais le fantasme ultime serait de jouer avec Stevie Wonder et Paul McCartney.
 
Votre voix n’est plus un complexe ?
Non. J’ai appris à l’accepter… comme j’ai appris à accepter la vie ! Ma voix s’est détendue. Elle a gagné en tessiture, en maîtrise, mais aussi en acceptation.
 
Vos proches vous décrivent comme «un amoureux des êtres humains». Ont-ils raison ?
Complètement. Je tiens cette tendresse de ma grand-mère qui avait un don pour l’émerveillement. C’est aussi pour cela que j’ai très envie de rencontrer votre île.
 
SES DATES
1971. Naissance près de Paris.
1997. Création du personnage de M.
1999. Sortie de son deuxième album, « Je dis aime ».
2012. Sortie de son sixième album, « Îl ».
2014 Sortie du live « Îl(s) ».
 
Le concert de Matthieu Chedid aura lieu mercredi 21 mai à 20 h au Centre Swami Vivekananda, à Pailles.