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L'Afrique de l'Ouest déclare une guerre totale à Boko Haram
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L'Afrique de l'Ouest déclare une guerre totale à Boko Haram
Cinq chefs d'Etat d'Afrique de l'Ouest ont déclaré samedi à Paris une "guerre totale" à l'organisation islamiste Boko Haram, promettant une meilleure coordination dans la lutte menée avec l'aide de pays occidentaux comme la France et les Etats-Unis.
La secte armée est devenue "une menace majeure" pour l'Afrique de l'Ouest et l'Afrique centrale, a estimé le président français François Hollande, hôte de ce sommet qui a rassemblé ses homologues du Nigeria, du Cameroun, du Niger, du Bénin et du Tchad.
"Il y a une forte détermination de faire face à cette situation, à faire une guerre totale à Boko Haram", a résumé le président tchadien, Idriss Déby, en conférence de presse au terme d'un déjeuner de travail et de deux heures de réunion à l'Elysée.
Les actions de Boko Haram, qui milite pour la création d'un Etat islamique dans le nord-est du pays, ont fait quelque 3.000 morts en cinq ans, dont de nombreux civils. Le récent enlèvement de plus de 200 lycéennes, que la secte dit vouloir vendre comme esclaves, a soulevé une indignation mondiale.
Comme François Hollande, les participants ont souligné les liens "avérés" entre Boko Haram et Al Qaïda, contre qui la France a lancé une opération militaire au Mali en janvier 2013.
"Boko Haram n'est plus un groupe terroriste local, il est clairement une émanation d'Al Qaïda", a déclaré le Nigérian Goodluck Jonathan.
Vers des sanctions de l'ONU ?
François Hollande a dénoncé pour sa part la "férocité" de cette "secte terroriste" forte de plusieurs milliers de membres, dotée de "matériel lourd et sophistiqué" provenant essentiellement de la Libye et de moyens financiers dont l'origine demande encore à être définie.
"La principale avancée de ce sommet est une prise de conscience régionale d'un problème qui a longtemps été considéré dans un cadre interne au Nigeria. Abuja a accepté de sortir de ses frontières", souligne une source diplomatique occidentale.
Selon cette même source, le Nigeria est d'accord pour faire examiner au Conseil de sécurité de l'Onu l'instauration d'un régime de sanctions contre Boko Haram, comme cela s'est fait par le passé contre Al Qaïda.
"Le Nigeria, qui est membre du Conseil de sécurité, devra en prendre l'initiative et l'idée devra ensuite être examinée par les autres pays membres", a-t-elle expliqué.
Abuja était jusqu'ici réticent à l'idée de porter ce dossier aux Nations unies.
"Le problème est devenu un problème régional, sinon occidental", a résumé le président camerounais Paul Biya, dont le pays est le théâtre d'attaques et enlèvements attribués à Boko Haram. L'une des attaques a visé vendredi une usine chinoise.
Le sommet de Paris a permis une reprise de dialogue entre le Nigeria et le Cameroun, entre lesquels la coopération était jusqu'ici au point mort.
Patrouilles coordonnées
Un plan global a été adopté visant à mener de front les actions contre la secte.
Les conclusions du sommet évoquent ainsi des patrouilles coordonnées, un système de partage du renseignement, des mécanismes d'échanges d'informations sur les trafics d'armes et de surveillance des frontières.
François Hollande a fait savoir que des moyens aériens français, notamment les avions de chasse Rafale stationnés à N'Djamena, à une soixantaine de kilomètres du Nigeria, seraient utilisés pour des missions de reconnaissance.
Le chef de la diplomatie britannique, William Hague, a quant à lui proposé d'intégrer plusieurs de ses experts militaires au sein du QG des forces de sécurité nigérianes, dont l'efficacité est pointée du doigt dans la lutte contre Boko Haram, surtout depuis l'enlèvement des jeunes filles.
Selon Amnesty International, l'armée nigériane aurait été avertie à l'avance de l'attaque menée contre le lycée de Chibok où les rapts ont eu lieu mi-avril mais se serait abstenue d'agir, faute d'effectifs et par crainte d'affronter des groupes armés islamistes mieux équipés. Des accusations rejetées par les forces de sécurité nigérianes.
"Pour parler franchement, Boko Haram sème le chaos depuis un bon moment. Maintenant le monde à les yeux tournés vers ce problème", a dit à Reuters après le sommet Wendy Sherman, numéro deux du Département d'Etat.
"Donc nous sommes coordonnés, concentrés, cela ne s'arrête pas aux frontières, le terrorisme ne connaît pas de frontières et nous allons travailler de manière collective de façon à ce que le travail soit fait", a-t-elle ajouté.
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