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Du jardin aux toiles de… Véronique Le Clézio

18 mai 2014, 06:59

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Du jardin aux toiles de… Véronique Le Clézio
Dans cette même rubrique, en novembre dernier, l’artiste nous confiait qu’elle s’était mise à peindre son jardin. Nous l’avons retrouvée à l’occasion de sa prochaine exposition, Natures, qui fait la part belle à ce sujet.
 
«Si je me suis inspirée de mon jardin, je l’ai aussi créé », lance d’emblée Véronique Le Clézio, artiste peintre que nous avions rencontrée, fin 2013, chez elle, à Floréal. Elle nous avait alors raconté comment, il y a un peu plus de trois ans, elle s’était essayée à la préparation du compost, « par conscience écologique » et qu’en utilisant cet engrais, elle avait mis en terre toutes les plantes dont la beauté l’avait séduite. Ce jardin, avec lequel l’artiste « communie » quotidiennement en s’y promenant, fait l’objet de huit toiles de Natures, exposition qui se tiendra du mercredi 21 au vendredi 30 mai à l’Atelier littéraire, à Port-Louis. 
 
A travers ses toiles, se dévoile en effet une Nature plurielle, par la générosité des couleurs et des formes qu’elle offre gratuitement à celui qui veut bien prendre le temps de s’arrêter pour la regarder, pour s’en imprégner. Selon Véronique Le Clézio, qui se veut coloriste dans son rapport avec la peinture, les différentes nuances de rouge, de jaune ou de vert qui foisonnent dans son environnement immédiat sont si parfaites et harmonieuses qu’elle n’a eu qu’à se montrer réceptive, très humblement, afin de « recevoir le message » et le transcrire sur la toile.
 
Ne cherchez pas toutefois à reconnaître, dans l’une ou l’autre peinture, un coin précis du jardin de l’artiste. Ce serait peine perdue puisque tout jardin, par essence, est évolutif et parce qu’au-delà du réalisme qu’elles suggèrent, ses oeuvres se nourrissent largement d’impressions engrangées jour après jour. Ses plantes, dit Véronique Le Clézio, « font partie de moi, je les vois même en fermant les yeux ».
 
D’un point de vue technique, l’artiste a utilisé, spécifiquement pour représenter son jardin, du papier marouflé sur toile. Cette matière, explique-t-elle, « accroche la peinture de façon différente ». Et si elle préserve le secret des éléments qui donnent du relief à ses acryliques, elle nous parle volontiers, par contre, des touches de peinture iridescente employées çà et là, avec retenue, à dessein. Elles captent la lumière tout en conférant aux toiles un aspect changeant, selon l’angle de perception. Véronique Le Clézio insiste d’ailleurs sur la complémentarité de l’éclairage, qui « donne vie » aux peintures.
 
L’artiste évoque enfin l’oeuvre d’un des maîtres de l’impressionnisme français, Claude Monet – « toute comparaison gardée », insiste-t-elle. Clin d’oeil à ce grand homme qui consacra beaucoup de temps à la transformation de son jardin, à Giverny et s’en inspira à maintes reprises.

« Nous avons travaillé ensemble »

Près de l’entrée de sa maison, notre hôtesse nous expose, illustration à l’appui, sa façon de jardiner. La réflexion s’impose au départ dans le choix des végétaux d’après leur taille et leurs couleurs. Sont ici assemblées différentes variétés d’Acalypha, crotons et coléus qui plaisent à l’artiste parce qu’elles ont la couleur des fleurs, l’Alternanthera et la pervenche de Madagascar, entre autres. Tout en haut, un Holmskioldia orange, en pleine floraison. Le potentiel de chaque espèce s’affirme petit à petit, guidé par la main de Véronique Le Clézio.

Natures vives

Dans le prolongement de ses toiles de jardin, dont les titres renvoient soit directement aux plantes (Crotons, Amaranthe), soit à des notions plus abstraites (Ensemble, Été), Véronique Le Clézio signe également des « natures mortes » mais en remet en question le principe. De fait, selon un texte explicatif de sa fille Maëva Poupard, l’expression anglaise « still life » est plus appropriée, signifiant « vie figée, instant suspendu ». Elle poursuit en indiquant que « les objets sont transcendés, trouvant dans la représentation une seconde vie ». En observant Chez Juliette (photo) et son bouquet de fleurs accompagné de fruits aux couleurs qui claquent, on se laisse aller à imaginer que dans une réalité autre, les belles demoiselles ont quitté vase et toile, héliconias en tête, pour aller au bal, comme dans un conte d’Andersen…
 

Coup de pinceau

Attentive aux nuisances qui viennent déranger la quiétude de ses plantes, c’est aussi munie d’un pinceau que Véronique Le Clézio les enlève délicatement à chaque visite du jardin. Ici, petite toilette d’un coléus pour lui ôter des cochenilles.
 
 
Vous avez vous aussi un beau jardin, écrivez-nous à julie.rivet@lexpress.mu