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Les forces thaïlandaises dans la rue pour prévenir les manifestations

31 mai 2014, 17:28

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Les forces thaïlandaises dans la rue pour prévenir les manifestations

 

La police et l’armée thaïlandaise stationnaient samedi dans le centre de Bangkok pour empêcher de nouvelles manifestations contre le coup d’Etat du 22 mai au lendemain de l’annonce par le chef de l’armée que la démocratie ne serait pas rétablie avant plus d’un an.

 

 

Dans un discours retransmis à la télévision vendredi soir, le général Prayuth Chan-ocha a déclaré que l’armée aurait besoin de temps pour réconcilier les forces politiques rivales et mettre en oeuvre les réformes promises.

 

A l’adresse des pays alliés de la Thaïlande qui souhaitent maintenir la pression pour que des élections soient rapidement organisées, le général Prayuth a appelé à la patience.

 

Lors d’une conférence de presse samedi, le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel a appelé la junte à libérer les prisonniers, à mettre fin à la censure et à «agir immédiatement pour rendre le pouvoir au peuple de Thaïlande, via des élections libres et équitables». De son côté, l’Australie a réduit ses relations avec l’armée thaïlandaise samedi et interdit aux responsables du putsch l’entrée en Australie.

 

«Nous comprenons que nous vivons dans un monde démocratique. Donnez-nous du temps pour réformer, c’est tout ce que nous demandons», a déclaré le général Prayuth dans son discours télévisé. «Nous espérons que vous choisirez notre royaume plutôt qu’un système démocratique en panne.»

 

Samedi, les forces de police étaient visibles autour du Monument de la victoire, où se sont tenues des manifestations cette semaine. Sept cars de police étaient garés aux alentours. Des policiers se prenaient mutuellement en photo, tout en discutant avec un petit groupe de militaires autour d’un véhicule Humvee équipé d’un haut-parleur.

 

Les abords d’un centre commercial envahi par des manifestants la semaine dernière étaient également surveillés par la police mais il n’y avait pas de signe d’une quelconque agitation.

 

UN PROCESSUS EN TROIS TEMPS

 

Dans un autre centre commercial, deux hommes qui tentaient de protester en ont aussitôt été empêchés. L’un deux a pu brandir devant la presse un panneau sur lequel était inscrit «élections» moins d'une minute. Un des deux hommes a réussi à s’enfuir; le deuxième a été interpellé.

 

Sur les marches d’un restaurant McDonald’s, trois femmes s’étaient assises pour chanter une chanson demandant le retour à la démocratie. «Nous ne sommes que trois, pas cinq», a crié l’une d’entre elles à la police. Les rassemblements de plus de cinq personnes sont interdits.

 

Malgré la loi martiale et cette interdiction de se réunir sur la voie publique, de petits mouvements de protestation contre le coup d’Etat de l’armée ont lieu quasiment tous les jours à Bangkok. Une grande manifestation d’opposition a été annoncée pour ce week-end sur les réseaux sociaux.

 

Dans son discours qui a duré une quarantaine de minutes, le chef de la junte a annoncé un processus en trois temps commençant par une phase de réconciliation qui pourrait prendre trois mois. Dans une seconde phase qui prendra environ un an, une constitution provisoire sera rédigée et un gouvernement désigné. Des élections seront organisées lors de la troisième et dernière phase.

 

Le général Prayuth n’a pas donné de détails sur les réformes alors que la monarchie, l’institution la plus importante en Thaïlande, est fragilisée. Le roi Bhumibol, âgée de 86 ans, a été hospitalisée entre 2009 et 2013.

 

Pour l’armée, la priorité est économique. Le général Prayuth a demandé à des officiers d’étudier une réduction de la TVA. Le produit intérieur brut (PIB) de la Thaïlande a diminué de 2,1% au premier trimestre, les manifestations antigouvernementales ayant fait fuir les investisseurs et les touristes.