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Caroline Delmazo : « La Seleçao reste le seul élément unificateur du peuple »

12 juin 2014, 00:00

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Caroline Delmazo : « La Seleçao reste le seul élément unificateur du peuple »

À partir de cet après-midi, le Brésil sera le centre de la planète football. La sélection auriverde donnera le coup d’envoi du Mondial contre la Croatie. Rencontre avec une journaliste brésilienne qui nous parle de la Seleçao mais aussi du Brésil et de son organisation des derniers instants.

 

À la veille du coup d’envoi, que vous inspire cette Coupe du monde organisée dans votre pays ?

Ce sera une grande fête. Il n’y a aucun doute possible. Le Brésil respire le football et la samba. Il va de soi que la tenue de la plus grande compétition footballistique dans le pays sera célébrée comme il se doit. Depuis l’attribution de cette Coupe du monde au Brésil en 2007, tout le pays n’attend que le grand jour arrive. Il est finalement arrivé. Comme toujours le football rassemblera toute la nation. Le peuple ne fera plus qu’un grâce à la sélection auriverde.

 

C’est la Brésilienne ou la journaliste qui parle…

D’habitude, c’est moi qui pose les questions. Comme je me retrouve dans une situation inverse, je laisse plutôt ma flamme brésilienne me transporter (rires).

 

Pour une fois, faites-nous une analyse journalistique alors…

Journalistiquement parlant, il y a des appréhensions sur le plan organisationnel. Il y a eu du retard dans la construction des stades. Tout n’est pas encore prêt à un jour de l’ouverture du Mondial. Surtout dans le stade qui accueillera le premier match. Je ne me soucie pas pour autant. Le Brésil est réputé pour son organisation de dernière minute. Tout sera fignolé à temps pour que la fête du football soit totale.

 

Tout n’est pas rose quand même. Il y a eu beaucoup de problèmes depuis la tenue de la Coupe des Confédérations l’année dernière…

On ne va pas se le cacher. Il y a eu pas mal de soucis depuis un an. Les mouvements sociaux ont surgi. Puis la mort de deux ouvriers sur le chantier du stade de l’Arena Corinthians. Ensuite, une succession de grèves qui perdurent. Sans compter les revendications de plusieurs corps de métiers. Bref, ce sont des problèmes qui ont éclaté par manque de communication et aussi à cause de la désinformation.

 

Il va falloir tout nous expliquer. Ce ne sont quand même pas des soulèvements populaires sans raison?

 

Pas du tout. Il y a une justification pour tout. Sauf que certaines personnes ne veulent voir que le verre à moitié vide plutôt qu’à moitié plein. Douze milliards de dollars américains ont été dépensés pour accueillir cette Coupe du monde. Un quart de cette somme est allé dans la construction ou la rénovation des stades. Le reste a été investi dans des secteurs publics pour l’amélioration des infrastructures au bénéfice du pays, comme les aéroports, le métro, les routes, entre autres. Ce sont les Brésiliens qui sont les gagnants au final. Malheureusement, la perception n’est pas la même pour tous.

 

Et quid des manifestations et des grèves ?

 

Il ne faut pas le nier, il y a quatre ans en Afrique du Sud, c’était assez similaire. Sauf que c’est bien plus médiatisé car c’est le Brésil, une puissance économique mondiale en devenir. Croyez-moi, tout cela sera chose du passé d’ici demain (NdlR : aujourd’hui) avec le coup d’envoi de la Coupe du monde et une Seleçao qui rassemblera toute la nation derrière elle. Il n’y a que l’équipe du Brésil qui reste le seul élément unificateur dans le pas. D’ailleurs, les plus sceptiques et anti-Mondial laissent déjà parler leur amour pour la patrie et la sélection auriverde.

 

Allons-y. Parlons terrain. Cette équipe du Brésil, comme la jugez-vous ?

 

C’est une belle équipe qui peut gagner ce Mondial. Certes, ce n’est pas la plus belle que le Brésil ait connue dans son histoire. Outre les cinq fois que la sélection auriverde a été championne du monde, il y a eu de belles générations comme celles de Zico, Socrates ou encore Falco et Junior qui n’ont rien gagné. Cette Seleçao version 2014 n’est pas l’équipe la plus impressionnante du tournoi mais elle peut bien faire de par l’avantage d’évoluer à domicile et de bénéficier du support de tout un peuple.

 

Vous voyez le Brésil soulever le trophée le 13 juillet au Maracana ?

 

Oui, pourquoi pas ! Sans aucun chauvinisme, c’est très possible. Avec Scolari tout peut arriver. Il ne dispose pas d’une équipe qui fait peur avec des vedettes, mais c’est un bloc. Comme en 2002, personne ne croyait en lui. Il a réussi dans sa tâche. Il a la faculté de faire surpasser ses joueurs en créant un autre état d’esprit dans le groupe. C’est la force de cette Seleçao qui se transcendera avec le soutien de tout un pays.

 

Faisons dans la fiction. Sans vous porter la poisse, qui, selon vous, peut gagner ce Mondial à part le Brésil ?

 

Non, ce sera la Seleçao. Si cela n’arrive pas, je pleuretoutes les larmes de moncorps. Alors là, c’est tout unpays qui sera en deuil. On neveut pas revivre 1950 (NdlR :c’était la seule fois que le Brésilavait organisé la Coupe dumonde et elle avait perdu enfinale devant l’Uruguay). S’ilfaut envisager le pire, il y a nosvoisins argentins qui ont unebelle équipe avec des grossesindividualités. Puis l’Uruguayqui marche bien aussi depuisquelques années. L’Allemagneet l’Espagne, tenante du titre,seront redoutables. Cependant,je ne vois pas un pays européenremporter le trophée.

 

Le Brésil ouvre le bal demain. Les matches d’ouverture sont toujours compliqués. Qu’attendez-vous de ce coup d’envoi du Mondial ?

 

Un départ canon. La Seleçao n’a pas droit à l’erreur. Il ya beaucoup d’attentes sur elle.Une victoire est primordialepour se mettre en confiancepour la suite de la compétition.Ce ne sera, toutefois, pasun match facile. La Croatie est difficile à manoeuvrer. Les enseignementsdu match contrela Serbie seront fort utiles. Lepays s’attend à voir une grandesélection auriverde en action.

 

Propos recueillis par Didier PRAGASSA