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Essais en vue pour le pancréas bio-artificiel contre le diabète

17 juin 2014, 19:22

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Essais en vue pour le pancréas bio-artificiel contre le diabète
Le prototype, un fin disque contenant dans ses parois semi-perméables des cellules embryonnaires ou génétiquement modifiées, a prouvé sur le rat sa capacité à produire de l’insuline. Il subit actuellement des tests de résistance et de biocompatibilité, en laboratoire et sur le porc, avant les premières implantations sur patients, fin 2015 ou début 2016.
 
Ces premiers essais cliniques, qui ont obtenu un financement de 5,5 millions d’euros de la Commission européenne, seront menés au centre hospitalier régional universitaire de Montpellier et à l’université d’Oxford.
 
"L’objectif, c’est de permettre au patient d’oublier sa maladie, d’éviter les hypo et les hyperglycémies, de ne plus avoir à mesurer sa glycémie cinq fois par jour et à s’injecter autant de fois de l’insuline", explique Séverine Sigrist, chef de laboratoire au sein du Centre européen d’étude du diabète (CEED).
 
Defymed, la société qu’elle préside, est née en 2011 pour développer le pancréas bio-artificiel issu des travaux de ce centre de recherche créé vingt ans plus tôt au sein des hôpitaux de Strasbourg par le professeur Michel Pinget.
 
Maladie auto-immune, le diabète touche quelque 350 millions de personnes dans le monde, selon les chiffres de l’Organisation mondiale de la santé, qui évoque "une épidémie mondiale émergente" imputable au surpoids et à la sédentarité.
 
30 MILLIONS D'INSULINO-DÉPENDANTS DANS LE MONDE
 
Parmi ces malades, 6 à 10%, soit 200.000 en France et 30 millions dans le monde, sont concernés par le diabète de type 1, dit insulino-dépendant.
 
Ceux-là nécessitent des injections d’insuline pour pallier la destruction des cellules pancréatiques qui produisent cette hormone qui régule la concentration de sucre dans le sang.
 
Comme alternative au traitement, deux types de greffes sont aujourd’hui possibles.
 
Celle de l’organe complet se heurte au manque de donneurs, aux risques inhérents à une opération lourde et à l’obligation de prendre, pour éviter un rejet de la greffe, un traitement immunosuppresseur à vie.
 
La greffe d’îlots – ou groupes de cellules - pancréatiques, une piste nouvelle notamment expérimentée au CHU de Lille, pallie surtout le deuxième inconvénient.
 
Les cellules sont injectées dans la veine menant au foie où elles se revascularisent et produisent à nouveau l’insuline.
Problème : seul 1% des cellules pancréatiques étant productrices d’insuline, les isoler ne va pas sans pertes. Il faut trois pancréas pour obtenir le million d’îlots nécessaires tandis que le traitement immunosuppresseur reste de mise.
 
SUR LE MARCHÉ EN 2020 ?
 
Avec son pancréas bio-artificiel, Defymed entend contourner ces difficultés en faisant appel à des cellules génétiquement modifiées ou des cellules souches enfermées dans une enveloppe non biologique en PET pour éviter tant les risques de rejet que ceux d’une prolifération incontrôlée des cellules implantées.
 
La capsule, de 14 cm de diamètre pour cinq mm d’épaisseur, est implantée dans l’abdomen du patient où "les échanges osmotiques vont se faire spontanément : le sucre va rentrer et l’insuline va sortir", décrit Séverine Sigrist.
 
En revanche, les anticorps et les cellules immunitaires ne peuvent franchir sa paroi et détruire les îlots pancréatiques.
 
Le Mailpan - pour macro-encapsulation d'îlots pancréatiques – doit cependant être remplacé tous les quatre à six ans.
 
Les cellules elles-mêmes – encore humaines pour ce qui est des premiers essais cliniques - seront renouvelées tous les six à douze mois, via deux "chambres" de trois cm de diamètre implantées sous la peau – l’une pour la vidange, l’autre pour le remplissage –, reliées à la poche par un cathéter.
 
Des contraintes excessives ? Bagatelle à côté de celles qu’impose, au quotidien, la maladie, répond en substance la présidente de Defymed, qui espère voir son pancréas artificiel sur le marché à l’horizon 2020.