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Suarez, la tête et les jambes

20 juin 2014, 11:17

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Suarez, la tête et les jambes

Opéré à 21 jours du début du Mondial-2014 du genou gauche, Luis Suarez a gagné sa course contre la montre, avec un retour gagnant jeudi, battant à lui tout seul, ou presque, l'Angleterre (2-1) et relançant l'Uruguay pour les 8e de finale.

 

Et le ciel redevint bleu pour la Celeste à Sao Paulo. C'est d'abord de la tête, sur un bijou de passe d'Edinson Cavani, que l'attaquant de Liverpool a ouvert le score. Son premier réflexe a été d'embrasser sur le front le médecin de la sélection, le remerciant d'avoir permis son retour au premier plan.

 

Après l'égalisation de Wayne Rooney, le "Pistolero" a pris ses responsabilités, sur un long ballon dévié par Cavani et, au bout de sa course, a délivré une frappe du droit tout en puissance.

 

Perclus de crampes, le héros a ensuite rejoint le banc, enlacé et embrassé par ses partenaires.

 

Rien à voir avec le précédent match, cette défaite (3-1) contre le Costa Rica. "Luisito", impuissant, blême, était resté sur le banc toute la rencontre, assistant au naufrage des siens, avec un Diego Forlan vieillissant et un Cavani sans partenaire digne de ce nom pour faire la différence devant.

 

Désormais, il faudra compter avec le joueur de l'année et le meilleur buteur de Premier League cette saison (31 buts) avec Liverpool. A 27 ans, il est déjà l'artilleur le plus prolifique de l'histoire de la "Celeste" uruguayenne, avec 41 buts en 78 sélections.

 

A la fois habile des deux pieds et de la tête, comme il l'a montré contre les Anglais, et habité d'une détermination sans faille, l'enfant de Salto (nord-est) déboule au Mondial-2014 au sommet de sa carrière. Et son association avec le Parisien Cavani constitue, comme l'avaient prédit de nombreux experts, un des meilleurs duos d'attaque du monde.

 

La « garra charrua » 

 

Reste à voir la suite du parcours de ce joueur qui n'a rien d'un enfant de choeur. Pour les infractions les moins graves, Suarez est souvent désigné comme un "serial-simulateur" versé dans l'art de provoquer penalties et coups francs.

 

Pour le côté sombre, il a été au centre de plusieurs scandales et controverses au cours de sa carrière, souvent par excès de fougue.

 

En 2010, alors qu'il jouait pour l'Ajax d'Amsterdam, il avait été suspendu sept matches du championnat des Pays-Bas pour avoir mordu un joueur du PSV Eindhoven, Otman Bakkal. Et avait gagné le surnom de "Cannibale de l'Ajax".

 

Depuis son arrivée à Liverpool en 2012, il entretient des relations compliquées avec l'Angleterre, dont la Fédération l'a suspendu longuement à deux reprises, une fois pour des insultes racistes contre Patrice Evra (Manchester United), une autre pour avoir encore mordu, encore, un adversaire, Branislav Ivanovic (Chelsea).

 

Et lors du Mondial-2010 en Afrique du Sud, il avait intentionnellement dégagé un ballon de la main sur la ligne de but, empêchant le Ghanéen Dominic Adiyiah de marquer. Il avait été expulsé et les caméras de télévision l'avaient montré célébrant l'échec d'Asamoah Gyan, tireur malheureux du penalty.

 

Si sa personnalité peut choquer à l'étranger, elle a plutôt tendance à séduire dans son pays, où ses compatriotes n'aiment voir dans la plupart de ces épisodes que l'illustration de la « garra charrua »  ("hargne uruguayenne") et de la malice propre aux joueurs latino-américains.

 

Cette combativité n'a jamais quitté ce joueur d'origine modeste, de ses premiers pas au Nacional de Montevideo jusqu'à l'Angleterre, en passant par les Pays-Bas.

 

Elle sera précieuse pour la « Celeste », demi-finaliste en Afrique du Sud et vainqueur de la Copa America 2011, à l'heure de sortir de son « groupe de la mort » au Brésil.