Publicité

Allemagne: Neuer, c'est Beckenbauer !

2 juillet 2014, 12:12

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Allemagne: Neuer, c'est Beckenbauer !

Manuel Neuer a fait son Franz Beckenbauer en jouant le gardien-libero et en s'imposant comme le meilleur joueur de l'équipe d'Allemagne depuis le début de la Coupe du monde, ce qui en révèle en creux les lacunes.

 

Entre panache et efficacité, servis par un sobre leadership, par l'exemple, et une élégance dans l'attitude, le N°1 de la Nationalmannschaft a sauvé la baraque qui se fissurait face à l'Algérie en 8e de finale (2-1 a.p.), lundi à Porto Alegre, et convoqué l'ombre du "Kaiser".

 

« Il a été éminemment bon, s'est félicité le sélectionneur Joachim Löw. Il a réagi comme un libero et nous a protégé de beaucoup de situations qui sentaient le roussi ».

 

L'entraîneur des gardiens a-t-il déjà vu un meilleur libero ? "Seulement Franz Beckenbauer, peut-être", a répondu dans un sourire Andreas Köpke, en ajoutant:  « On n'est jamais gagné par la nervosité sur le banc, parce que Manu rassure dans toutes les situations ».

 

Neuer a dû sortir à plusieurs reprises de ses bases pour dégager les ballons chauds envoyés dans la profondeur par les Fennecs et dans le dos d'une charnière allemande trop lourde. Il a ainsi touché 19 fois le cuir en dehors de sa surface, à chaque fois de manière tranchante, et parfois lointaine.

 

L'anti-Schumacher

Le Munichois de 28 ans a sans doute signé l'une des performances les plus spectaculaires dans l'histoire des gardiens de la Nationalmannschaft. A point nommé, avant d'honorer sa 50e sélection dans un quart contre la France, pour essayer d'évacuer le souvenir de la fameuse sortie en mode karaté de Schumacher sur Battiston au Mondial-1982, autrement spectaculaire...

 

« Quand j'ai pris ma décision, je vais jusqu'au bout »,a expliqué Neuer, pas farouche: "Si j'avais peur, je resterais sur ma ligne. J'essaie de ne pas penser à une éventuelle blessure".

 

Touché à une épaule le 17 mai en finale de la Coupe d'Allemagne, le Bavarois n'avait renfilé les gants à l'entraînement qu'à une semaine des débuts de sa sélection au Brésil.

 

Depuis, il a tenu sa cage inviolée contre le Portugal (4-0) et les Etats-Unis (1-0), s'est incliné deux fois face au Ghana (2-2) sans que sa responsabilité soit engagée, tout comme pour le but algérien au bout de la prolongation, et a multiplié les prouesses.

 

Lundi, il a aussi soigné ses relances, en alertant par exemple Schürrle, qui a apporté son dynamisme, ce qui causait des frayeurs dans le camp adverse. Ces deux joueurs étaient d'ailleurs les seuls épargnés par le matraquage en règle effectué par la presse allemande malgré la qualification.

 

Le guépard

La performance du portier a fait un tabac sur internet, avec par exemple un photomontage où sa tête est collée au corps d'un guépard, animal terrestre le plus rapide du monde. Un autre détourne la photo de groupe prise dans le vestiaire de Salvador après le match du Portugal, en compagnie de la chancelière Angela Merkel: toutes les têtes de joueurs arborent le visage du N°1...

 

Le fait que le gardien brille autant signifie aussi qu'il doit s'y employer, et donc que sa défense laisse à désirer. Ce secteur est le point faible depuis de longs mois de l'équipe, sans titulaire indiscutable ni indiscuté.

 

Un gardien meilleur joueur, c'est aussi un camouflet pour les stars habituelles, du côté de l'offensive. Hormis Müller, qui peut encore rivaliser avec ses quatre buts et sa passe décisive lundi, les autres attaquants sont en grande difficulté.

 

Götze a sauvé les apparences au début (il provoque le penalty pour le premier but contre le Portugal et ouvre le score face au Ghana) avant de disparaître au fil des matches. Özil s'enferre dans un jeu moyen, proposant sans trouver, même s'il signe le but du KO contre l'Algérie.

 

Les milieux jouent leur partition sans non plus allumer la flamme qui manque à cette équipe d'Allemagne. Tout juste entretenue par son gardien.