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Pékerman, la force tranquille
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Pékerman, la force tranquille
Et si la star c’était lui? Bien que privée de Falcao, la Colombie brille au Mondial-2014 avec un collectif séduisant qui porte la marque du sélectionneur José Pékerman, un taiseux qui fuit la lumière.
«C’est un type très introverti, qui parle peu, mais quand il doit dire quelque chose, il le dit très bien», résumait Falcao l’an passé, quand Pékerman avait qualifié la Colombie pour le Mondial brésilien, seize ans après sa dernière participation.
L’Argentin de 64 ans fuit les longs discours, les médias et les polémiques et, surtout, s’attache constamment à refroidir l’enthousiasme de Colombiens toujours prompts à s’enflammer pour leurs Cafeteros.
À coup sûr, il saura garder la tête froide quand ses hommes défieront le Brésil, aujourd’hui dans la chaleur de Fortaleza, pour le premier quart de finale de leur histoire.
Les victoires et les louanges ont beau se multiplier, le discours de «Don José» ne varie jamais: «nous devons garder notre calme», ou «l’important est que chacun fasse son travail,cela apporte de la tranquillité».
Le calme du sélectionneur couplé à une équipe joueuse mais appliquée, voilà la recette gagnante d’une formation qui ne se repose jamais sur ses lauriers, ni sur ses stars, mais toujours sur son collectif.
EX-CHAUFFEUR DE TAXI
La Colombie réalise le meilleur parcours de son histoire, avec des statistiques de haute volée (11 buts pour 2 encaissés), malgré la cascade de forfaits qui s’est abattue sur elle avant le Mondial.
À l’absence de Falcao, insuffisamment remis d’une grave blessure à un genou, se sont ajoutées celles de Luis Perea, Luis Muriel, Aldo Leao Ramirez et Edwin Valencia.
Et dire que Carlos Bacca, l’attaquant de Séville, a manqué les trois derniers matches...
Pour le capitaine et doyen Mario Yepes, 38 ans, l’insolente réussite des siens s’explique simplement : l’équipe a «confiance dans son travail. Nous croyons en ce que nous faisons etc’est très important dans une équipe».
La confiance comme seule explication ? Pas seulement. Depuis son arrivée à la tête de la sélection, en janvier 2012, Pékerman «a corrigé certains points tactiques et il a travaillé la partie psychologique», selon Falcao. «Nous avons changé d’attitude, nous avons appris à davantage presser l’adversaire et nous nous sommes ouvert le chemin du but», résume le«Tigre» de l’AS Monaco.
Pékerman, ex-footballeur (ArgentinosJuniors, IndependienteMedellin) devenu chauffeur de taxiavant d’être entraîneur, est obsédépar la peur de se voir trop haut.Pour conserver les pieds sur terre,une seule méthode prévaut : ne pasvoir plus loin que le match suivant.
SE RACHETER
«Nous devons nous concentrer sur ce que nous faisons. Nous devons toujours nous améliorer, continuer à travailler dur», disait-il après la victoire contre l’Uruguay en 8e de finale.
En cas de récidive contre le Brésil ce soir, le «Prof» deviendra le premier sélectionneur à aligner dix matches consécutifs sans défaite en Coupe du monde, effaçant le record du «vieux maître» Vittorio Pozzo, champion du monde avec l’Italie en 1934 et 1938.
En 2006, Pékerman avait aussi mené l’Argentine jusqu’en quart de finale, perdu aux tirs au but (ce qui n’est pas considéré comme une défaite par la Fifa). Il avait démissionné dans la foulée, critiqué pour son mauvais coaching.
En fin de contrat en août, il pourrait se racheter auprès de son peuple s’il arrachait le scalp du Brésil, voisin et rival éternel de l’Argentine.
Comment réaliser l’exploit? Une fois encore, il espère que la force du collectif triomphera de la multitude de stars de la galaxie auriverde.
«Parfois une équipe avec beaucoup de potentiels, quand elle ne trouve pas la faille et qu’elle doit gagner, ne peut pas jouer aussi brillamment que d’habitude. Le tournoi devient alors intéressant, parce que l’équipe qui a le moins de talents individuels peut perturber l’équilibre de l’autre.» S’il y parvient,«Don José» ne pourra plus échapper à la lumière.
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