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Strip-teaseuses ou escort girls: «On peut gagner jusqu’à Rs 200 000 par mois…»
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Strip-teaseuses ou escort girls: «On peut gagner jusqu’à Rs 200 000 par mois…»
Le directeur de la Beach Authority qui rôde autour du Jardin de la Compagnie. De quoi exciter l’imagination. Une adolescente qu’on vend à Rs 50. De quoi se poser des questions. Le fil conducteur? L’argent. Et alors que certaines troquent leur corps contre une bouchée de pain, d’autres, elles, préfèrent le caviar et le champagne. Incursion dans le monde exclusif des filles de joie, version «de luxe».
Mercredi soir, 23 heures. Direction un club privé, sis dans un village côtier, en mode incognito. Pour entrer, pas question de montrer patte blanche, mais plusieurs billets de Rs 100. Les yeux suspicieux du bouncer – raide comme un piquet – déshabillent les clients du regard, histoire de détecter des intrus. À l’intérieur, le décor n’a rien de tape-à-l’oeil. Les tables sont vides. Au milieu, le pole fait le poteau. Autour, des strip-teaseuses, qui ont tombé bien plus que la chemise.
Pour accueillir les clients : Kareena (prénom modifié), la matrone des lieux, chargée de veiller sur les filles, qui sont au nombre de 12. «Si zot oule lasam, li kout Rs 6 000 lerd tan», lâche-t-elle quelques minutes plus tard. L’alcool et une nature visiblement extravertie aidant, cette mère de deux enfants, âgée de 42 ans, à qui l’on donnerait dix ans de moins, se met à nu.
«Ena inn fer par millions»
«Cela fait huit mois environ que j’ai repris le travail ici. Grâce à ce job, j’ai pu m’acheter un terrain et construire ma maison», précise la quadragénaire,les jambes écartéessur sa chaise, sans pudeur,sans gêne et sans culotte.
«Je me fais environ Rs 12 000 par semaine, sans compter les pourboires, les passes à l’hôtel et les apparitions dans des fêtes organisées par des particuliers. La boîte nous reverse un salaire de base et nous obtenons un pourcentage sur l’argent que ramènent les clients.»
Et de poursuivre, entre deux poses lascives: «Enn lepok, bann tifi ti pe gayn ziska Rs 200 000 par mois. Ena inn fer par millions me pann konn garde, inn diverti, inn depans tou, inn menn la bel vi. Isi, nou gayn mari boukou kass, me bizin konn zere.»
Une enquête menée sur la prostitution de luxe révèle la vraie nature d'un club
privé situé dans un village du littoral
Sur la scène, Shania (prénom modifié) a enfilé sa tenue d’Eve. «Bann tifitou kalite tou kouler ena isi. Si ou bizin boug sexy ousi kapav gayne. Notre clientèle se compose d’étrangers, certes, mais il y a également beaucoup de Mauriciens.» Leprofil type? «Des managers, des directeurs, des hommes qui portent la cravate et la veste.»
Des ministres, députés, des têtes connues ? «Bien sûr. Mais eux ne se mélangent pas aux autres clients. Ils réservent en général le salon privé, où les filles exécutent des danses pour eux.»
Et les menottes dans tout ça ? Celles de la police, cela s’entend. «Non. Nous avons un permis d’opération en bonne et due forme.» En parlant d’uniforme, «nous avions une policière qui avait rejoint notre équipe. Son mari, qui est également policier, venait la déposer à moto ici. Il dormait sous une couverture qu’il emportait avec lui pendant que sa femme s’effeuillait».
Le couple, poursuit Kareena, avait contracté un emprunt auprès de la banque mais avait tout perdu au casino. «En l’espace de quelques mois, l’épouse a pu tout rembourser.»
«Mes proches ne savent pas ce que je fais»
Mais quel est le prix à payer pour se faire autant d’argent? Qu’en est-il des clients violents? «Nous avons quelqu’un qui assure notre sécurité. D’ailleurs, les hommes qui viennent ici ont d’autres chats à fouetter et n’ont qu’une chose en tête, c’est prendre du plaisir. Il n’y a jamais eu d’incident majeur.»
Quid des mineurs ? «Non, il n’y en a pas ici. Nou pas rod lagratel.» Pourtant, Talia (prénom modifié), fan de Rihanna si l’on en croit les dires de ses collègues, a l’air tout droit sortie de l’enfance. «Elle a 21 ans. Li ti al ek enn klian lotel la, li fek revini», souligne Kareena. Pour avoir droit à ce genre de faveur, il faut débourser jusqu’à Rs 10 000, dépendant des prestations requises.
Si elles dévoilent tout sur l’estrade, les strip-teaseuses en font-elles de même en ce qui concerne leur double vie? «Mes proches ne savent pas ce que je fais. D’ailleurs, j’exerce un autre métier durant la journée, je suis attachée commerciale. Mais de toute façon, je n’ai pas peur du regard des gens. J’ai non seulement mes enfants de 10 et 7 ans à ma charge, mais également ma maman. Personn pa pou vinn donn ou enn bousse manze alor mo byen ferfout ar seki lezot dir.»
«Un autre monde»
Des strip-teaseuses, Adrien, lui, en a vu défiler pas mal. Cet «habitué», âgé de 26 ans, a ses entrées dans un autre club privé, également situé sur la côte. «J’y suis allé à maintes reprises avec des amis pour des enterrements de vie de garçon. C’est un autre monde. Pour ce type de fête, il faut compter au minimum Rs 10 000», poursuitle jeune homme, cadredans une boîte de communication.«Pour les parties à plusieurs, soit les gang bang, c’est plus, beaucoup plus…»
Se retrouver avec un porte-monnaie complètement nu à cause des plaisirs charnels, cela en vaut-il la peine? «Là où je vais, il y a des Russes et des Thaïlandaises, entre autres. Nous, on le fait pour le fun. La clientèle est essentiellement composée d’hommes âgés entre 20 et 30 ans. Il y en a qui sont mariés mais aussi quelques papys, qui viennent se rincer l’oeil.» Selon Adrien, les «gran palto» sont aussi de la partie. «Je reconnais des personnages publics qui assistent à des soirées privées lors desquelles seuls quelques privilégiés sont admis. Pour réserver la salle en semaine, il faut tout de même compter Rs 50 000.» De quoi tomber des nues.
Sauf qu’il y a plus cher, selon les dires des concierges employés dans des hôtels cinq-étoiles. «Le client est roi et ses désirs sont des ordres», fait valoir l’un d’eux. «Il y en a qui dépensent des centaines de milliers de roupies et il ne faut pas les fâcher. S’ils ont des caprices, nous remuons ciel et terre pour les satisfaire. Il y en a qui aiment bien quand les filles sont en habits traditionnels, alors nous demandons à celles-ci de se plier à ces exigences.»
Qui sont-elles ? Quels sont leurs tarifs ? «Ce sont des femmes qui ont une certaine classe, qui sont mariées pour quelques unes et qui peuvent se faire entre Rs 15 000 et Rs 20 000 d’un seul coup. Elles arrivent à l’hôtel en voiture, y passent trois à quatre heures et repartent en toute discrétion.»
Et la direction de l’hôtel ferme-t-elle les yeux sur cette pratique? Le mot d’ordre, selon un ancien agent de sécurité, demeure, là encore, la discrétion. Qui a dit que l’argent n’avait pas d’odeur?
Anya, escort girl: «Grâce à ce travail, j’ai pu compléter mes études»
Mieux cachées que les strip-teaseuses: les «escort girls». Parmi, Anya, 27 ans. Taille mannequin, allure sophistiquée, port de tête altier, elle a tout du top-modèle. Et c’est ce qui plaît. Après avoir obtenu de brillants résultats au HSC, la jeune femme se rend en Angleterre pour poursuivre ses études. Mais à un moment donné, «mes parents se sont retrouvés en difficulté. Ils ne pouvaient plus m’envoyer de l’argent». Alors, pour subsister, elle a fait comme d’autres étudiantes étrangères. «Grâce à ce travail, j’ai pu compléter mes études. Le tarif que je réclamais s’élevait à 1 000 livres en moyenne.»
Diplôme en poche, Anya rentre au pays. Mais elle ne parvient pas à décrocher un travail qui soit à la hauteur de ses qualifications. «Du coup, j’ai de nouveau enfilé ma tenue d’“escort girl”.» Le bouche-à-oreille aidant, elle s’est, depuis, constituée une clientèle fidèle, composée surtout «d’hommes d’affaires extrêmement riches, de millionnaires étrangers et de gens connus. Je vais les rencontrer dans leur villa privée».
Pour avoir le plaisir et le privilège de passer quelques minutes en compagnie de la jeune femme, il faut être en mesure de débourser entre Rs 30 000 et Rs 40 000. «Je le fais deux à trois fois par mois uniquement. Il y a des clients qui m’appellent uniquement pour bavarder, pour leur tenir compagnie. Le sexe passe au second plan.»
Parle-t-on de la pluie et du beau temps avec les clients ? «Ils se confient à moi, je leur donne des conseils qui pourront les aider à résoudre leurs problèmes. Des fois, nous parlons d’art ou de peinture, de philosophie… Ce sont des gens issus de la haute société et ils ont un certain niveau de culture. L’un d’eux m’a même demandé en mariage.» Justement, comment fait-elle pour éloigner les clients trop entreprenants? En tournant les talons aiguilles. «Si quelque chose me déplaît, je m’en vais, tout simplement. C’est moi qui fixe les règles du jeu. Même si je me plie aux exigences de certains qui demandent que je m’habille de telle ou telle façon. Mes clients, je les trie sur le volet.» Compte-t-elle s’arrêter en si bon chemin? «Je me suis habituée à mon train de vie. Difficile de descendre dans l’échelle sociale, de se passer des produits de luxe. Et puis, ce travail, je prends plaisir à le faire et je n’ai pas honte de le dire.»
Et s’il n’est pas question pour Anya de travailler pour quelqu’un d’autre, certains, eux, ont rejoint un «réseau», si l’on se fie aux dires de certains «connaisseurs». Difficile, toutefois, de pénétrer ce cercle fermé, alors que sur Facebook, un groupe privé appelé «escort gurl and boy in Mauritius», comprend 99 membres. Sollicité pour une réaction, l’administrateur de la page n’a pas daigné répondre à nos messages.
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