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Case-Noyale: les squatters prêts à croiser le fer avec les autorités
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Case-Noyale: les squatters prêts à croiser le fer avec les autorités
«Tout ce qu’on demande au gouvernement, c’est de nous laisser là où nous sommes et de régulariser notre situation. Un relogement va trop perturber nos vies», soutient Winnie Hollandais, porte-parole des squatters de Case-Noyale. Alors que le ministère des Terres et du Logement a entrepris un exercice visant à reloger une quarantaine de familles, celles-ci contestent la manière dont il est mené. Elles déplorent le fait que certaines personnes devront raser leur maison et déménager sur un autre terrain, alors que d’autres pourront rester là où elles sont mais se verront allouer un plus petit espace.
Ces familles se sont tournées vers l’Union citoyen mauricien (UCM), qui a animé un point de presse hier, mardi 12 août, à Port-Louis, afin d’alerter les autorités concernées sur les difficultés que celles-ci rencontrent. Les membres de l’UCM ont fait ressortir que le ministère a, dans une correspondance datée du 8 novembre 2013, demandé aux familles concernées de déménager avant deux mois. Mais elles ont refusé de bouger. Certaines avaient déjà refusé un plan de relogement à Coteau Raffin en 2011, pour un terrain de 279 mètres carrés et dont le bail expirait en 2060. «L’Etat n’avait fait que réserver un terrain à leur intention à Coteau Raffin. Aucune facilité ne leur avait été accordée pour qu’elles puissent bouger», affirme Clive Auffray, l’un des dirigeants de l’UCM.
Des membres de l'UCM lors d'un point de presse animé le mardi 12 août.
Et les familles soutiennent que pour le présent plan de relogement, aucune facilité ne leur est accordée. «Tout est à nos frais», déplorent-elles. Ceux qui habitent en face de la mer, en majorité des pêcheurs, indiquent qu’il n’est pas «pratique» de déménager vers un autre terrain. «Nos maris devront marcher pour aller voir la marée avant de sortir leur bateau», disent des épouses. «En rentrant de la pêche, ils doivent ramener le moteur du bateau à la maison et là, ils vont devoir le porter sur une longue distance. Il faudra aussi faire un détour pour avoir accès à la mer», explique l’une d’elles.
Ceux qui habitent près de la mer disent ne pas comprendre «pourquoi on nous demande de déménager alors qu’une garderie qui donne aussi sur la mer n’est pas inquiétée». Ils ajoutent: «Est-ce pour une question de sécurité ? Toutefois, la mer ne monte pas au-delà du sable. Et s’il y a un danger, cela devrait s’appliquer à tout le monde, n’est-ce pas?»
Le couple Antoine devra lui aussi bouger vers un autre terrain, sur lequel se trouve une… grotte. «C’est un lieu de prières, des gens y viennent souvent. On respecte cela, mais les gens devront entrer dans notre cour pour venir prier. Ce n’est pas pratique», souligne Kimberley Antoine. «C’est compréhensible. Après tout, on va devoir avoir leur permission pour entrer dans leur cour. Que se passera-t-il s’ils ne sont pas à la maison ?» se demandent d’autres habitants.
Sur le terrain alloué au couple Antoine se trouve une grotte.
Kishore Tupsee pourra, lui, rester sur le terrain qu’il occupe depuis plusieurs années. Mais il se verra allouer un plus petit espace. «Selon le plan du ministère, un chemin sera aménagé pour que les gens puissent avoir accès à la mer. Ce chemin passe à l’arrière de ma maison, là où se trouve ma cuisine. On va devoir la raser», précise sa concubine.
Daniela Moussa, mère de deux enfants âgés de 2 et 11 ans, devra, pour sa part, ramener ses toilettes et sa cage à poules sous la feuille de tôle qui lui sert de garage. Car celles-ci se trouvent sur le terrain qui a été attribué à une autre famille. «Je vais devoir les déplacer juste en face de ma porte d’entrée. L’hygiène dans tout cela?» Elle déplore également le fait qu’elle ne pourra agrandir sa maison par manque d’espace.
Quant à Dario Cordier, un maçon de 34 ans, il indique qu’il n’aura plus aucune intimité, car son nouveau voisin sera placé très près de chez lui. «Il risque de penser que je suis en train de regarder chez lui car nos deux maisons seront tellement proches l’une de l’autre», affirme-t-il.
Steve Vulbrun regrettera lui… son jardin. Il l’a cultivé et aménagé avec l’aide de ses quatre enfants. «C’est comme si on m’enlevait mon cinquième enfant. On devrait ériger une maison dessus. Il n’y aura plus de palmiste, ravenala, manguier, cocotier, limonier, mandarinier, fleurs et fougères», se désole ce pêcheur et apprenti maçon.
Steve Vulbrun devra raser son jardin pour faire place à une maison.
Winnie Hollandais, dont la maison est juxtaposée à celle de sa mère, se demande comment les neuf membres de sa famille pourront s’ajuster dans un espace aussi restreint que deux perches. Sa mère Ivy, âgé de 52 ans, indique que «pas plus tard que décembre dernier, j’ai refait ma maison. Il me faut maintenant la démolir pour monter une autre. Où trouver les moyens?»
A Aurélie Mamode, âgée de 23 ans, de faire ressortir que déménager leur reviendra très cher. «J’en suis consciente. Rien que de refaire les toilettes nous a coûté la somme de Rs 4 000 récemment», relate-elle. Son mari est pêcheur, et le couple a quatre enfants. «Où trouver les moyens pour reconstruire une maison ?»
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