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Affairisme d’Etat : Salaam Bombay n’a jamais été partenaire d’Airway Coffee

21 août 2014, 21:00

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Affairisme d’Etat : Salaam Bombay n’a jamais été partenaire d’Airway Coffee
Les non-dits du bureau du Premier ministre quant au contrat remporté par Airway Coffee à l’intérieur de l’aéroport international Sir Seewoosagur Ramgoolam continuent à émerger. Cette société fondée par Rakesh Gooljaury, ami du Premier ministre, aurait indiqué à Airports of Mauritius Ltd (AML) qu’elle allait bénéficier du know-how du restaurant Salaam Bombay pour pallier son manque d’expérience dans la restauration. Or, tel n’aurait pas été le cas.
 
«On n’a jamais été partenaire avec Airway Coffee», fait ressortir un membre de l’entourage de la famille Hawoldar qui gérait ce  restaurant de Moka, spécialisé dans la cuisine indienne. Siddhartha Hawoldar, actuellement en voyage en Inde, a bien été l’avocat de Rakesh Gooljaury lorsqu’il entamait des négociations pour obtenir la représentation locale des marques internationales de vêtements, sans plus. 
 
Ainsi, Airway Coffee, ayant désormais Nandanee Soornack et son fils Aditish Akshawv Oogarah comme actionnaires majoritaires, a obtenu le contrat d’AML sans s’être jamais conformée à LA condition fondamentale : un minimum de cinq ans d’expérience dans le domaine de la restauration. «The invitation to tender applies to all specialists caterers and/or Lounges Management specialists who possess all necessary resources, at least five (5) years experiences, technical know-how and capacity to provide first class services to passengers and airport users at SSR International Airport», est-il stipulé dans le «Bidding Document» daté du 24 décembre 2009.
 
Autre point important : ce document souligne que les mets qui devront être servis par la société devront être variés et répondre aux attentes d’une clientèle diverse. Ce contrat s’étend aux différents restaurants de l’aéroport ainsi qu’aux salons réservés aux voyageurs de première classe et de VIP Lounge, dédié aux membres du gouvernement, entre autres. «Due to the important mix of nationalities, demand for catering must be quite varied », est-il précisé dans le «Bidding Document». Il indique, entre autres, que la nationalité des voyageurs doit être l’un des paramètres à prendre en considération. Comment alors le présumé partenariat d’Airway Coffee avec un restaurant spécialisé dans la cuisine indienne a pu faire le poids face aux autres soumissionnaires ?
 
Sur ce point, ni le bureau du Premier ministre, ni AML ne veulent se mouiller. L’on ne sait pas non plus chez quel restaurant le tandem Nandanee Soornack-Rakesh Gooljaury s’est-il approvisionné pour un exercice de «tasting» à l’intention du comité de sélection…
 
Quoi qu’il en soit, Airway Coffee avait déjà eu son ticket pour le monopole à la nouvelle aérogare sous tutelle d’Airports Terminal Operations Ltd (ATOL), une filiale d’AML, quand elle a décroché ce contrat au nez et à barbe des six autres soumissionnaires. Comme l’a précisé un communiqué émanant du bureau du Premier ministre, mardi dernier, les locataires de l’ancien aéroport ont donc été priés de prendre leurs quartiers dans la nouvelle aérogare lorsqu’elle a été inaugurée par Navin Ramgoolam en septembre 2013.
 
La société de Nandanee Soornack et d’Aditish Akshawv Oogarah, apprenons-nous, avait un seul concurrent de taille, en l’occurrence Flic-en-Flac Management Services, lors de l’appel d’offres de décembre 2009. Mais AML a rejeté la proposition de cette société qui gère également l’hôtel Villas Caroline car, officiellement, elle n’avait pas soumis les documents nécessaires pour répondre aux conditions d’éligibilité.
 
Alors qu’Airway Coffee a fait une offre pour un paiement mensuel de Rs 1 million ou une location basée sur 28 % de sa recette annuelle, Flic-en-Flac Management Services avait proposé 31,5 % de sa recette ou une location mensuelle de Rs 650 000.  Tropical Times, la société éjectée de l’aéroport à cause de son supposé manque d’hygiène, avait offert 27 % de sa recette ou une location mensuelle de Rs 600 000.
 
Tropical Times, société considérée proche du clan Jugnauth, était également un  concurrent de taille d’Airway Coffee lors du premier exercice  d’appel d’offres conduit en mai 2009. Elle avait offert à AML de lui verser Rs 600 000 par mois ou 24 % de sa recette annuelle. En comparaison, Airway Coffee avait offert Rs 500 000 mensuellement ou 25 % de sa recette annuelle.
 
Au sein d’AML, on explique que ces propositions n’étaient pas celles qu’elle espérait, d’où la décision de venir avec un nouveau appel d’offres à la veille de Noël. D’autant qu’un troisième soumissionnaire, soit Mungroo & Sons, avait proposé une location mensuelle de Rs 175 000 ou le versement de 7,5 % de sa recette annuelle. Aux dires d’AML, le contrat alloué à Airway Coffee lui a permis de maximiser ses revenus grâce au pourcentage annuel que celle-ci lui verse. Soit Rs 16,17 millions pour l’année financière 2010, Rs 23,8 millions pour 2011 et Rs 25,5 millions pour l’année 2012.
 
AML se défend également d’avoir émis son appel d’offres dans des journaux à tirages limités entre le 25 décembre 2005 et le 14 janvier 2010. Mis à part Le Matinal et le Mauritius Times qui sont des journaux à faible diffusion, le communiqué a été publié aussi dans 5-Plus, Business Magazine, Le Défi Plus, Le Mauricien.