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Premiers raids de la coalition contre l'Etat islamique en Syrie

23 septembre 2014, 18:18

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Premiers raids de la coalition contre l'Etat islamique en Syrie

Les Etats-Unis, appuyés par plusieurs pays arabes ont mené mardi les premiers raids aériens et tirs de missiles contre des positions de l'Etat islamique en Syrie, ouvrant un nouveau front, bien plus complexe que celui d'Irak, contre les djihadistes sunnites.

 

Une cinquantaine de raids aériens ont visé des positions de l'EI dans les provinces de Daïr az Zour et de Rakka, principal bastion de l'EI en Syrie, tuant au moins 20 combattants de cette organisation, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), une ONG basée à Londres.

 

Selon des témoins, des habitants de Rakka, ville située à 400 km au nord-est de la capitale Damas, ont commencé à fuir pour trouver refuge dans la campagne environnante.

 

D'autres raids aériens ont pris pour cible les positions du Front al Nosra, groupe affilié à Al Qaïda, dans deux provinces du nord-ouest de la Syrie, Alep et Idlib où 50 combattants et huit civils ont péri, ajoute l'OSDH.

 

"Je peux confirmer que l'armée américaine et les forces de pays partenaires mènent des opérations militaires contre les terroristes de l'EI en Syrie avec des avions de chasse, des bombardiers et des missiles Tomahawk d'attaque au sol", a déclaré le contre-amiral John Kirby, porte-parole du département américain de la Défense.

 

L'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, la Jordanie, Bahreïn et le Qatar ont participé à ces raids, a déclaré le commandement central des forces américaines dans un communiqué.

 

Les frappes ont été menées à partir de navires croisant en mer Rouge et dans le Golfe, dans le but d'empêcher des "attaques imminentes" contre les intérêts américains et occidentaux, a-t-il ajouté.

 

Une vidéo diffusée sur internet montre, en vision nocturne, la lumière des réacteurs d'avions tirant une série de projectiles en direction du sol, avant que des explosions n'éclairent le ciel. Le lieu et la date de cette vidéo n'ont pas été précisés.

 

L'armée jordanienne a précisé de son côté avoir mené des raids aériens contre des "groupes terroristes" qui projetaient des attentats en Jordanie.

 

ENGAGEMENT AMÉRICAIN EN SYRIE

 

Ces opérations marquent le premier engagement de Washington dans le conflit syrien depuis son déclenchement en mars 2011. Le gouvernement de Damas a été prévenu quelques heures avant le début des frappes, le secrétaire d'Etat John Kerry ayant adressé un courrier aux autorités syriennes par l'intermédiaire de son homologue irakien.

 

Dans un communiqué lu à la télévision nationale, le gouvernement de Bachar al Assad se dit prêt à coopérer avec la coalition internationale contre l'EI et à coordonner ses actions avec le gouvernement irakien.

 

Les Etats-Unis excluent depuis longtemps cette option et continuent de souhaiter le départ du dirigeant syrien, notamment après l'utilisation d'armes chimiques par le régime contre sa population en août 2013.

 

L'Armée syrienne libre (ASL), un des groupes de l'opposition syrienne qui lutte contre Bachar al Assad, a salué cet engagement étranger, estimant qu'il était de nature à lui redonner l'avantage contre les forces pro-gouvernementales.

 

"Cela va nous renforcer dans notre combat contre Assad. La campagne doit se poursuivre jusqu'à l'éradication complète de l'Etat islamique", a déclaré un responsable de la Coalition nationale syrienne (CNS), qui représente l'opposition soutenue par les Occidentaux.

 

A Londres, les services du Premier ministre David Cameron ont indiqué mardi matin que les forces britanniques ne participaient pas pour le moment aux opérations contre les islamistes en Syrie, la décision finale du Royaume-Uni n'ayant pas encore été prise.

 

La France, qui a déjà mené un raid aérien contre l'EI en Irak, a déjà fait savoir par la voix de François Hollande qu'elle ne prendrait pas part aux opérations aériennes en Syrie.

 

LE HCR CRAINT UN EXODE

 

Les frappes ont débuté quelques heures avant l'arrivée de Barack Obama à New York pour l'Assemblée générale de l'Onu. Le président américain a prévu de faire une déclaration mardi matin à 10h20 (14h20 GMT), avant son départ de Washington, sur la stratégie mise en oeuvre contre l'Etat islamique.

 

Il doit présider mercredi une séance du Conseil de sécurité consacrée au problème des candidats au djihad. Elle devrait donner lieu à l'adoption d'une résolution invitant les Etats membres de l'Onu à "prévenir et à empêcher" leurs déplacements.

 

Sa décision d'intervenir militairement en Syrie illustre la gravité de la menace que représente l'Etat islamique aux yeux du gouvernement américain, qui s'était jusqu'ici gardé de toute implication directe.

 

Il y a un an, Barack Obama avait failli ordonner des frappes aériennes en représailles à des bombardements à l'arme chimique imputés aux forces gouvernementales qui ont fait de nombreuses victimes civiles dans la périphérie de Damas fin août 2013. Il y a finalement renoncé après la conclusion d'un accord sur le démantèlement de l'arsenal chimique syrien.

 

L'opération intervient alors que les djihadistes ont pris le contrôle de nombreux villages kurdes dans le nord de la Syrie, près de la Turquie dont près de 140.000 réfugiés ont franchi la frontière la semaine passée.

 

Le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a dit se préparer à un possible exode de 400.000 habitants