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Eau: ces problèmes qui pompent la CWA
24 octobre 2014, 16:34
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Eau: ces problèmes qui pompent la CWA
Des émeutes à Résidences Kennedy. Des frustrations à Belle-Rose, Plaisance, Rose-Hill, Laventure, Flacq, entre autres. Des internautes habitant Pereybère qui se révoltent sur Facebook. La source de leurs malheurs : le manque d’eau. Mais alors que les réservoirs étaient remplis à 68 % en moyenne il y a une semaine et que la météo annonce de grosses pluies pour la saison estivale, comment expliquer les problèmes auxquels certains Mauriciens doivent faire face ?
«Avant de vous parler de la situation des nappes phréatiques (masses d’eau contenues dans les fissures du sous-sol qui alimentent les puits et les sources en eau potable, NdlR), laissez-moi d’abord vous dire que nous avons découvert un phénomène incroyable au cours des derniers jours», lâche d’emblée Prem Saddul, président de la CentralWater Authority (CWA).
«Plusieurs personnes se sont mises à manipuler nos valves afin d’alimenter leur quartier en eau. Zot ferm lot kote pou gagn par isi. Partou pe ariv sa.» Pour ce faire, il suffit d’une clé anglaise et d’un peu d’huile de coude, précise-t-il. «Les agriculteurs des plaines du Nord s’y sont mis également. Dès que l’Irrigation Authority a ouvert les vannes, ils se sont mis à trafiquer les valves afin de se servir !» C’est une des raisons pour lesquelles, souligne-t- il, celle-ci a décidé de fermer le robinet.
Autre coup de gueule : «Bann Morisien bann gaspiyer !» estime le patron de la CWA. «Tenez, un exemple. Il y a quelques jours, j’ai vu quelqu’un qui nettoyait le bitume à grands coups de Kärcher. Monn dir li ki ou pe fer matlo, ou pa kone ena problem delo ? Il m’a répondu que ce n’était pas moi qui payais sa facture et il s’est mis à laver un pan du mur de sa maison…» Et d’ajouter sur un ton cinglant : «Water is too cheap in Mauritius ! Pa kapav sa.»
Selon les dires de Prem Saddul, Maurice est le pays «kot pey delo mwin ser dan lafrik ek dan losean indien». Cela, alors que nous les battons à plate couture au niveau de la consommation, soit 170 litres d’eau par jour et par habitant. «Kifer dimounn gaspiy delo ? Akoz li bo marse !»
Quid de ceux dont les robinets sont pratiquement à sec ? Encore faut-il que l’eau coule pour pouvoir la «gaspiller», non ? Ce qui nous amène aux nappes phréatiques. «Les puits de forage tournent à 55 % de leur capacité», confie le président de la CWA. La raison étant que, cette année, «nous avons reçu, à travers le pays, seulement 74 % de la pluviométrie prévue. Et ce sont les basses Plaines-Wilhems (voir tableau) et Port-Louis (voir encadré) qui en pâtissent». Il tient par ailleurs à faire ressortir que les habitants de certaines régions sises au nord, dont Pamplemousses et Rivière-du-Rempart, n’ont aucun problème. Tout comme la plupart de ceux de l’Est, du Sud et du plateau central. En fait, «70 % des abonnés qui habitent ces endroits ont de l’eau 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7», martèle Prem Saddul.
Quant aux basses Plaines-Wilhems, poursuit-il, il y a 35 puits de forage qui desservent cette partie du pays. Et ils fournissent 80 % de l’eau utilisée par les habitants, alors que les 20 % proviennent de Mare-aux-Vacoas. C’est une région qui a droit, en moyenne, à une pluviométrie qui varie entre 200 et 400 mm. Mais cet hiver, soit du 1er mai au 15 octobre, «nous n’avons enregistré, comme je vous l’ai dit, que 74 % de ce chiffre, soit entre 148 mm et 296 mm de pluie». En comparaison, d’autres endroits, tels que le plateau central, reçoivent entre 600 et 1 200 mm de pluie en moyenne en hiver.
Et pourquoi ne pas solliciter davantage l’eau des réservoirs pour soulager les abonnés ? «C’est ce que nous nous apprêtons à faire. Dès mardi, nous allons émettre un communiqué à ce propos.» Ainsi, les foyers sis dans les basses Plaines-Wilhems, par exemple, seront approvisionnés une seule fois par jour.
«Si nous ouvrons les vannes de 4 heures à 9 heures dans la région A, l’eau ne coulera pas dans la région B. Celle-ci sera approvisionnée de 16 heures à 21 heures et la région A n’aura plus d’eau et ainsi de suite.» Le but étant, selon Prem Saddul, d’augmenter non seulement les heures de distribution mais également la pression. «Les camions–citernes sont aussi à pied d’oeuvre pour venir en aide à ceux qui ont des problèmes.»
Ce sont là des mesures temporaires. Et que se passera-t-il si le niveau des nappes phréatiques descend davantage ? «Cela n’arrivera pas. De toute façon, en deçà de 17 % de la capacité, il y a des remontées de boue et nous ne pouvons plus utiliser cette eau. Nous faisons alors davantage appel aux rivières et aux réservoirs.»
Et de confier : «La météo annonce l’arrivée des pluies salvatrices en décembre. Mais il s’agit-là de probabilités. Nous économisons ainsi l’eau des réservoirs, qui sont en bonne santé je dois l’admettre, au cas où on aurait des problèmes. Nous avons de quoi tenir en tout cas jusqu’à la saison des grosses pluies.» En attendant également le «héros», le Bagatelle Dam, qui, selon Prem Saddul, «viendra régler tous les problèmes. Il sera rempli entre 2016 et 2017».
Sinon, le président de la CWA rencontre-t-il, lui, des problèmes d’eau ? «Rarement, je ne vais pas vous mentir. Je suis installé à Sodnac depuis 1975 et la chance que nous avons, mes voisins et moi, c’est que nous nous trouvons sur la même ligne que l’hôpital Victoria.»
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