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Vasant Bunwaree, député sortant travailliste: «Si le scrutin a lieu ce matin il n’y aura pas de trois quarts»

15 novembre 2014, 11:41

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Vasant Bunwaree, député sortant travailliste: «Si le scrutin a lieu ce matin il n’y aura pas de trois quarts»

Le ministre de l’Éducation souligne qu’une partie de l’électorat du Parti travailliste (PTr) et du Mouvement militant mauricien (MMM) s’est effritée depuis la concrétisation de  l’alliance. Si rien n’est fait pour la ramener à la raison, prévoit-il, l’alliance de l’Unité et de la Modernité n’obtiendra pas les trois quarts requis pour venir avec le projet de IIe République.

Quel effet ça fait d’être laissé sur la touche ?


Je l’ai déjà dit : c’est un blessing in disguise. De mon temps, les convictions et les valeurs étaient primordiales pour débuter en politique. Ce n’est désormais plus le cas. Que ce soit au Parti travailliste ou au sein des autres partis. C’est ce qui décourage les jeunes à s’engager.

Allez-vous virer de bord ?


Je reste fidèle au Parti travailliste. Je vais animer des réunions à travers le pays afin que les partisans restent solidaires du parti.

 

Est-ce une version revisitée de la marche du sel ?


Plutôt une marche d’espérance (sourires). Il y a un malaise au sein du parti. Certains ne veulent rien voir. Moi, je parle un langage de vérité. Des gens de diverses circonscriptions ont pris contact avec moi pour entendre ce que j’avais à dire.



Comment expliquez- vous que le gendre de Kailash Purryag, Ritish Ramful, ait pu dire qu’il allait obtenir votre place dès 2012 ?

Dites-vous bien que s’il est au n° 12, c’est parce que c’est moi qui lui ai pris la main. À la demande de son beau-père… Il a fait partie de mon comité de campagne.

 

Vous l’avez aussi nommé au Human Resource Development Council ?

Oui. Je n’étais pas d’accord avec le mode de fonctionnement du président de l’organisme. Je l’ai transféré et j’ai estimé que la personne que vous me citez pouvait prendre la relève.

Je lui ai expliqué ce que j’attendais d’elle. Surtout par rapport aux projets de 24/7 que je voulais étendre à d’autres régions du pays, par exemple à Plaine-Magnien vu que le village est situé à côté de l’aéroport. Malheureusement, elle a failli à sa mission. Narien pann fer. Kapav li ena so rezon.

 

Faisait-elle déjà campagne…

Cette personne a été imposée au n° 12. Elle ne fait partie d’aucune instance du parti. Elle déclare qu’elle va relancer le Constituency Labour Party (CLP) au n°12. Or, celui-ci existe depuis des années et se réunit au moins une fois le mois. Je lui ai présenté les principaux agents et j’ai expliqué qu’elle devait travailler avec eux.
 

Si cette personne avait bien mené sa mission, le 24/7 aurait transformé Plaine-Magnien. Les touristes en attente de départ auraient pu se rendre au village, voire à Beau-Vallon, Camp-Carol, Mahébourg et Trois-Boutiques, pour des derniers achats. J’en suis bien déçu.

 

Peut-être que ce projet allait faire concurrence à «Airway Coffee» ?

Airway Coffee a brisé un monopole qui existait avant et l’idée du 24/7 allait démocratiser davantage l’économie. Mo pa krwar li ti pou enkoler…

 

Ritish Ramful a-t-il été choisi en raison de la proximité de Kailash Purryag avec Navin Ramgoolam ?

C’est ce que j’entends dire. Vous pouvez être proche d’un tel mais il faut être compétent, intelligent et avoir des manières. Il faut aussi aimer son prochain. Ce sont là les qualités pour faire de la politique.

 

Avez-vous discuté avec le Premier ministre de votre non-investiture ?

Oui. Mais je ne vous dévoilerai pas ce qu’il m’a dit. Je peux juste dire que je lui ai touché un mot sur tout ce que je suis en train de dire quant à mes sentiments vis-à-vis de la IIe République et des nouveaux candidats. Je ne suis pas du genre à poignarder quelqu’un dans le dos.

 

Pourquoi la IIe République vous rebute-t-elle ?

Avec le projet de changement constitutionnel qui est proposé, le Parti travailliste est perdant. Disons que si demain le président Navin Ramgoolam ne peut mener à bien sa mission, c’est le vice-président, Jayen Cuttaree, qui sera appelé à le remplacer.
 

En fin de compte, le pouvoir sera entièrement entre les mains du MMM. Avec un Premier ministre, un Speaker et un Chief Whip issus de ce parti. Suis-je le seul à remarquer ce détail ?

 

En fin de compte, le MSM et Paul Bérenger ont fini par avoir votre tête dans l’affaire MITD…

Il y a d’autres éléments en jeu. J’aurai des choses à dire à la fin de cette législature. Dans le cas du MITD, j’ai lancé un défi à Paul Bérenger pour qu’il participe à un débat télévisé avec moi. J’espère que le Premier ministre le forcera à l’accepter. Vous allez alors réaliser que des mensonges ont été présentés comme des vérités. Paul Bérenger n’a pas voulu que la population connaisse les vraies réponses à cette affaire où l’avenir d’une jeune fille était en jeu.

 

Pourquoi pas un débat avec le président qui critique les manquements dans l’éducation nationale ?

Je n’ai pas demandé de face-à-face dans ce cas précis. Le président a des recours pour émettre des critiques et faire valoir ses idées auprès du gouvernement. Je peux juste dire à vos lecteurs que ce que j’ai proposé comme nouveau modèle d’éducation au primaire et au secondaire figurera dans le manifeste des deux alliances.

 

Est-il vrai que le président a fait campagne au n° 12 pour son gendre ?

Je ne peux faire de commentaires sur le président, étant encore un ministre de la  République. Posez-lui plutôt la question. Ou à mes mandants…

 

Votre ennemi d’hier Yatin Varma s’est réconcilié avec vous. Vous soutient-il encore depuis que vous n’êtes plus candidat ?

Il m’a soutenu de son propre gré. S’il a d’autres visées politiques, il est libre de ses choix. Il est encore membre du CLP du n°12. Je ne peux organiser une réunion et lui dire de ne pas venir. L’autre, par contre, n’est pas membre du CLP !

 

Quel est votre pronostic pour l’alliance PTr-MMM ?

Je n’ai jamais été contre cette alliance. Mais je ne suis pas d’accord avec certains aspects du projet de IIe République. Le Premier ministre estime que cette alliance peut lui   permettre de réaliser des projets qui lui tiennent à coeur. Il aurait fallu qu’il écoute ce que les penseurs du parti ont à dire. Évidemment, quand il y a des erreurs à relever, je les voice out.

Vous vous rappelez les épisodes des oui-non, ouinon (NdlR : on/off) ? Tout le monde s’attendait à un oui lors de la première conférence de presse conjointe entre Navin Ramgoolam et Paul Bérenger. Elle s’est soldée par un non.

Trente-six heures auparavant, j’avais dit au Premier ministre que dès que cette alliance sera présentée à la population, il y aura un effritement dans l’électorat des deux
partis. J’avais aussi dit qu’on pouvait ramener les brebis égarées mais pas à 100 %.

Il y a bien eu un effritement. Mais d’une ampleur supérieure à ce que j’avais imaginé.

 

Ne craignez-vous pas d’être insulté par le Premier ministre in waiting pour cette analyse ?

On n’est pas dans un pays à pensée unique, non ?

 

Vous avez zappé la question du pronostic…

Je ne veux pas avancer de chiffres. On est en pleine phase de stagnation. Des sympathisants de l’alliance ont viré de bord. Il faut que les grosses pointures interviennent pour leur faire revenir à de meilleurs sentiments.

 

L’alliance va-t-elle obtenir les trois quarts ?

Pou bizin atann inpe. Si zafer la zordi, pena la. Si les élections se tiennent aujourd’hui, mo pa trouve ena. Il y a du travail à faire dans presque toutes les circonscriptions. Reste à savoir qui va s’y coller.

 

Si les élections se tiennent ce matin, quel sera le résultat ?

Je ne vais pas me prononcer. Mo pa kapav dir ou. Seuls les électeurs détiennent la réponse. Une bonne partie est indécise. Ils sont on the fence. Les jeunes surtout.