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La mère d’Aurore Gros-Coissy: «Elle est assommée par ce verdict»
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La mère d’Aurore Gros-Coissy: «Elle est assommée par ce verdict»
C’est la consternation dans le petit village de Saint-Romain-de-Popey, près de Lyon, dans le Rhône. À l’énoncé du verdict de culpabilité pour trafic de drogue contre la Française Aurore Gros-Coissy par la cour d’assises mauricienne jeudi, sa mère, Séline, parle de «catastrophe». Sollicitée au téléphone quelques heures plus tard, elle garde le calme, se préparant à une contre-attaque.
Aurore, dit-elle, a pu se mettre en contact avec sa famille à son retour de la cour. «Elle est un peu assommée par le verdict. On est tous sidérés par tout ce qui lui a été dit», confie-t-elle à l’express. Elle ne sait pas ce qui est pire dans le verdict du juge Bobby Madhub… «Elle a été traitée de menteuse… On a laissé entendre que tout ce qu’elle a dit pour sa défense est faux. Il faut savoir qu’ici, en France, on dispose de toutes les preuves de son innocence. Peut-être que les autorités mauriciennes n’ont pas eu toutes les pièces en main», s’indigne Séline Gros-Coissy.
En effet, pour le juge Bobby Madhub, Aurore Gros-Coissy est ni plus ni moins qu’une «menteuse». Voire une femme «calculatrice» au vu des explications qu’elle a données à la police et à la cour. Il trouve également insensé qu’elle a laissé Tinsley Cornell placer ce qu’il voulait sans ses bagages, sans qu’elle n’effectue aucune vérification. Surtout avec la batterie de mesures de sécurité dans tous les aéroports du monde avec les attentats terroristes et autres. Selon le juge, la jeune femme savait qu’elle servait de mule. Il s’appuie sur le fait que tous les «cadeaux» placés par Tinsley Cornell dans sa valise étaient étiquetés pour reconnaître le destinataire sauf les deux boîtes de biscuits contenant le Subutex.
Cela fait plus de trois ans maintenant qu’Aurore Gros-Coissy attend de voir la lumière au bout du tunnel et ce verdict est un nouveau coup de massue pour la famille de la jeune femme. Séline Gros-Coissy attend fiévreusement une réponse de l’avocat d’Aurore, Me Gavin Glover, pour savoir quand et sur quoi il compte se baser pour faire appel de ce verdict.
La Française, de son côté, ronge son frein. «Cela fait deux ans que je suis avec Aurore… On a eu l’occasion d’évoquer cette éventualité. Elle était préparée à cette issue. Mais elle s’est aussi battue pour démontrer qu’elle a été piégée», lance Joël Toussaint de l’Organisation non gouvernementale «Victimes du Subutex France-Maurice» qui oeuvre en faveur des passeurs français.
«Je m’attendais à ce que le jugement, pour une fois, allait être une remise en question de l’artifice juridique consistant à faire d’un passeur un trafiquant de drogue en fonction de la valeur du produit», déclare-t-il. Pour lui, le juge Madhubn’a fait qu’appliquer la loi qui, selon lui, est mal faite.
En attendant la sentence, Aurore Gros-Coissy aura passé un total de 42 mois en détention.
C’est le 19 août 2011 qu’elle a été interceptée à l’aéroport de Plaisance avec 1 673 comprimés de Subutex.La valeur marchande de ce médicament de substitution à l’héroïne, considérée comme une drogue dure dans le pays, était chiffrée à Rs 1,6 million. La jeune femme, qui était salariée du ministère français de l’Agriculture, a été inculpée pour trafic de drogue par la brigade antidrogue.
Au cours de ses interrogatoires par la police et ses comparutions en cour, la jeune femme a maintenu qu’elle a été piégée par son ex-petit ami Tinsley Cornell, un peintre en bâtiment d’origine mauricienne qui vit en région parisienne.
«Artifice juridique»
Au dire d’Aurore Gros-Coissy, elle a toujours voulu visiter Maurice. Elle raconte que Tinsley Cornell lui a proposé de faire le voyage avec lui après une conversation sur Facebook dans le courant de l’année 2011. Neuf ans plus tôt, ils avaient vécu une brève liaison amoureuse lors des vacances dans les Pyrénées orientales et il est soudain réapparu dans sa vie via le réseau social.
Ils se sont donc revus à Paris pour le grand voyage. Dans ses cinq dépositions à la police peu après son arrestation, Aurore Gros-Coissy indique qu’à la dernière minute, Tinsley Cornell a prétexté une affaire urgente pour ne pas prendre l’avion avec elle.
Elle affirme qu’elle ignorait qu’il y avait du Subutex dans ses bagages, soutenant qu’elle a fait confiance au jeune homme quand il lui a dit qu’il allait mettre dans sa valise du chocolat, des cigarettes, du Doliprane et du whisky qu’elle devait remettre à sa mère, Giantee Ramchurn, chez qui elle devait habiter.
En guise de preuves, son avocat a produit ses échanges sur Facebook avec Tinsley Cornell en cour. Surtout celles où le peintre originaire de cité Richelieu, à Petite-Rivière, lui demande de lui rembourser le coût du billet d’avion trois jours avant son départ pour Maurice.
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