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Petit carnet de campagne
Décidément, plus ça s’accélère, plus il est difficile de suivre et de comprendre les politiciens. Les clips «vire mam» I et II sont une réussite indéniable, avec bien plus de 526 000 clics jusqu’ici (bien évidemment un individu peut cliquer plus d’une fois). Les vidéos sont bien éditées et amusantes, mais entre un instant de plaisir fugace et un vote pour une équipe gouvernementale, il y a une marge de considération que Lepep ferait bien de ne pas franchir trop allègrement, sauf à ses risques et périls. «Viré mam» (le slogan, pas les clips) est un triomphe du sens de la formule ! Elle agrémente désormais tous les discours et décore toutes les affiches. Mais elle n’est pas un substitut à la compétence, n’efface pas les hantises face au clan Jugnauth ou au profil du commandant Dayal. Elle contient de surcroît les germes d’une énorme contradiction : si, en effet, le «vire mam» en faveur de l’alliance Lepep est recommandable, le «vire mam» en faveur de son adversaire (ou le «vire mam» des MMM en faveur du PTr et des PTr en faveur du MMM) ne peut pas l’être moins, par principe… Des arguments autrement plus solides seront nécessaires, pourrait-on penser !
Le Premier ministre, quant à lui, a essayé cette semaine une réflexion hasardeuse sur les citoyens qui ont un pied dans les deux camps en leur disant de bien comprendre les conséquences de leur hésitation, qu’il regarde et prend bonne note ! Ce message (et ses implications) est époustouflant, à un moment où il y a encore un gros bloc d’indécis (ils étaient presque 40 % au moment du sondage La Sentinelle Ltd/DCDM) qui, par définition, ne peuvent que regarder… des deux côtés ! Sans compter que ce message a des consonances menaçantes, rappelant le discours de Sik Yuen lors de la campagne précédente (c’est vrai qu’il était alors population générale !) et qui, heureusement, a été mis à l’index par l’EOC. En démocratie, n’est-il quand même pas plus important de convaincre plutôt que de compter sur des inconditionnels ou des écervelés, même si c’est moins confortable ?
Une compensation salariale annuellement décidée peut-elle être un «bribe» ? Que faut-il faire pour que cela ne le soit pas ? Ne pas la déclarer? La renvoyer et faire une promesse à la place ? Ne pas la payer ? Organiser les élections à un autre moment que la fin de l’année ? Si la promesse d’augmenter la pension de vieillesse est possible et que la promesse de payer une augmentation salariale ne l’est pas (il s’entend que si Lepep arrive au pouvoir il pourrait, théoriquement, revoir cette compensation qui ne pourra être payée, en tout état de cause, avant le 10 décembre prochain…), devrions-nous remplacer le terme consacré du «power of incumbency» (qui compense l’usure du pouvoir) par «le handicap du pouvoir» ? Vaste débat ! Mais gageons que l’opinion de Lepep sera différente aux prochaines élections, si elle gagnait les présentes… Et soyons au moins rassurés, devant les déferlantes de promesses aguichantes et non élaborées des deux côtés (70 000 emplois en cinq ans, salaire minimum, pension de vieillesse à Rs 5 000, WiFi gratuit partout, assurance sans paiement de prime, de l’eau 24/24 et 7/7 bientôt et sans augmenter le prix du mètre cube, taxi 100 % duty-free – Maman, j’en veux un, moi aussi !), que le pauvre pays n’aura à supporter qu’une seule des deux listes de promesses. Be thankful for small mercies !
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Les remarques du PM sur Ameenah Gurib-Fakim m’ont laissé pantois. En deux mots, il nous a demandé comment elle pouvait prétendre à être présidente du pays alors que l’université ne l’a pas trouvée assez bonne ? A-t-il vraiment pris le risque de citer l’université de Maurice comme modèle de sélection objective et éclairée ? Sacré courage ! Par contre, ses remarques sur certains candidats «ramassés» par Lepep (Boygah, Fowdar, Jahangeer, Dayal…) ont plus de chance de faire mouche. Comment situer la gaffe de Bérenger sur le métro léger (il croyait qu’ébène n’était pas sur le circuit, alors que c’est le cas) ? Pour un homme réputé connaître à fond ses dossiers, c’est embêtant, mais il a au moins le prétexte de ne pas être au gouvernement, même s’il s’y sent déjà…
Comme on le voit, ça gaze dans la campagne ! Et il a fallu ici faire court ! Le politicien Subron et «sa» grève, le vote bloc de SAJ, la duty-free island de Pravind, la récompense promise à la plus grande nouille de ministre que Navin nous aura choisi, ce ne sera pas pour la prochaine fois, malheureusement, car les politiciens vont encore produire pendant la semaine qui arrive. Et nous, nous continuerons à prendre bonne note !
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