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Pravind Jugnauth, leader du Mouvement socialiste militant (MSM): «Ramgoolam et Bérenger auront un choc le 11 décembre»

5 décembre 2014, 14:09

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Pravind Jugnauth, leader du Mouvement socialiste militant (MSM): «Ramgoolam et Bérenger auront un choc le 11 décembre»
Pravind Jugnauth prévoit une «grande» victoire de l’Alliance Lepep à l’issue du scrutin du 10 décembre. Il juxtapose la solidarité au sein de son équipe avec les bagarres et les insultes chez l’Alliance PTr-MMM. Il ne se prive pas de critiquer son allié d’hier, Paul Bérenger.
 
 
Navin Ramgoolam se félicite d’avoir pu briser l’alliance entre le MSM et le MMM en début d’année. Étiez-vous au courant de son plan de pêche ?
 
Le Remake 2000 aura été son pire cauchemar car celui-ci était bien parti pour «balie karo» aux législatives. Comme Ramgoolam vient de l’avouer, sa seule stratégie consistait à attirer le MMM dans ses filets. Il se targue d’avoir ferré le grand requin qu’est Paul Bérenger grâce à un vulgaire appât. L’histoire retiendra que se enn pwason ki kuyon kinn less li anbete… Au final, tout ce que dit Navin Ramgoolam ces jours-ci sur l’avenir, la modernité et l’unité n’est que du bluff.
 
 
Il vous a quand même eu au bout de son hameçon en 2009 et en 2010, n’est-ce pas ?
 
Ah non ! En 2009, c’est Ramgoolam qui m’a approché. L’élection d’Ashock Jugnauth au n° 8 venait d’être invalidée. Il m’a proposé de soutenir un candidat travailliste pour la partielle. Je lui ai dit que le siège devait revenir au MSM. Et qu’étant moi-même hors du Parlement, j’allais me porter candidat. À ma demande, il n’a aligné personne…
 
 
Êtes-vous également amateur de pêche au gros ?
 
Moi, je joue cartes sur table. Quand les travaillistes m’ont soutenu au n° 8, il était entendu que nous allions affronter les législatives ensemble. Après mon élection, le MSM a joué son rôle d’opposition en dénonçant la politique économique de l’Alliance sociale. Dès que j’ai été au gouvernement, j’ai revu certaines décisions. La taxe rurale a été abolie. Tout comme celle sur les intérêts bancaires. Le tripartisme a été rétabli. La liste est longue...
 
 
Qui a négocié l’alliance de 2010 ? Vous ou le président de la République d’alors ?
 
Bien évidemment, c’est moi... Le Premier ministre et le président se rencontraient souvent et ils discutaient de l’actualité.
 
 
La reconduction du mandat de votre père était-elle une condition de l’alliance ?
 
Il n’y a pas eu de pourparlers en ce sens. Ramgoolam a pris cette décision seul.
 
 
Passer de n° 2 à n° 4 d’un autre gouvernement, n’était-ce pas une tentative de Ramgoolam de réduire votre influence ?
 
En revenant sur le passé, je me dis qu’il s’est servi du MSM pour remporter les législatives. Et qu’il avait l’intention de se débarrasser de nous.
 
Trois ans après, pensez-vous avoir fait le bon choix en demandant à vos ministres de démissionner en solidarité avec Maya Hanoomanjee ?
 
J’ai toujours la conviction d’avoir pris la bonne décision. On n’a pas démissionné à cause de l’affaire MedPoint. Le Premier ministre menait le pays à la perte. Il n’agissait pas contre la fraude et la corruption. Je le voyais souvent en ma qualité de ministre des Finances dans l’espoir de faire avancer certains projets. Il écoutait en pompant sur son cigare mais sa réponse allait invariablement sur le fait que tel dossier était avec un conseiller ou qu’il ne l’avait pas encore étudié. Angidi Chettiar ne disait-il pas de lui qu’il était lent ?
 
 
On dit que vous avez un rôle effacé au sein de l’Alliance Lepep ? Est-ce volontaire ?
 
Certainement pas. J’occupe chaque pouce de terrain à travers le pays. Je suis présent aux différents congrès et meetings. Il y a aussi plein de réunions privées où je me rends mais la presse n’y est pas invitée.
 
 
Comment sir Anerood Jugnauth a-t-il digéré le gâteau tendu par Paul Bérenger pour son dernier anniversaire ?
 
(Rires) Sir Anerood en parle publiquement. C’est à la population de digérer le comportement de Bérenger. Il a qualifié sir Anerood de grand patriote dans le discours de circonstance alors qu’il avait déjà négocié une alliance avec Ramgoolam. C’est aux Mauriciens de bien réfléchir sur les agissements d’un tel individu.
 
 
N’avez-vous rien vu venir ?
 
On avait des informations. Mais à chaque fois qu’on l’interrogeait lors des réunions à La Caverne, Bérenger jurait qu’il était fidèle au Remake, d’autant plus qu’il avait incité sir Anerood à démissionner du Réduit. Nous ne pouvions mettre sa parole en doute. Les Mauriciens devraient se demander s’ils peuvent faire confiance à une telle personne.
 
 
Bérenger a mené campagne contre le MSM en 2010 et a poussé sir Anerood à démissionner en 2012. Aurait-il tout planifié à l’avance ?
 
Ça se pourrait. Quand on étudie l’enchaînement des événements, on se rend compte qu’il avait un plan. Il était avec le MSM mais négociait avec Ramgoolam.
 
 
Pension de vieillesse à Rs 5 000, frais d’examens gratuits aux collégiens, repas chauds aux écoliers… N’imitez-vous pas l’Alliance sociale de 2005 ?
 
Loin de là. Nous avons pris en compte la situation économique et sociale du pays ainsi que les difficultés auxquelles font face les Mauriciens. Certaines mesures seront prises dès que nous serons au gouvernement. D’autres suivront à moyen et long termes. Notre objectif est de permettre aux Mauriciens de respirer. Et d’apporter de l’avancement au sein de chaque famille. Nous ne sommes pas en train d’embobiner les électeurs.
 
L’Alliance PTr- MMM semble avoir mieux détaillé le volet économique dans son manifeste…
 
Quoi ? Nous avons publié notre manifeste en premier alors qu’ils disaient que le leur était prêt depuis septembre. Leur manifeste est une mauvaise copie du nôtre. Ils ont récupéré toutes nos nouvelles idées. Que ce soit pour la pension de vieillesse, le logement social ou le permis à points.
 
Comment allez- vous créer 5 000 emplois au sein de la fonction publique ? N’est-elle pas déjà surbookée ?
 
Il y a des postes vacants et il faudra des ressources humaines pour encadrer les nouveaux piliers économiques que nous voulons développer. Sir Anerood n’a-t-il pas lancé la cybercité et le secteur des Technologies de l’information et de la communication ? Éventuellement on veut aussi faire de Maurice une cyberîle.
 
Qu’est devenu le projet de faire de Maurice une «Duty Free Island» ?
 
Le gouvernement a tout fait pour pilonner ce projet. Ramgoolam n’a pas levé le petit doigt. Je l’ai invité à présider un comité interministériel. Il a dit oui comme d’habitude mais n’a rien fait.
 
Si jamais sir Anerood Jugnauth arrivait à disparaître, qui va le remplacer à la tête de l’Alliance Lepep ?
 
Il ne va pas disparaître de sitôt. Je vais vous parler de lui en tant que son fils. Je ne l’ai pas vu aussi revigoré que depuis le début de la campagne. Il a retrouvé une seconde jeunesse. Sa détermination et sa motivation sont extraordinaires…
 
Quel est son secret ?
 
Demandez-lui ! (Rires) Des candidats plus jeunes n’arrivent pas à suivre le rythme.
 
À quatre jours du scrutin, comment se porte l’Alliance Lepep ?
 
Il y a une solidarité au sein de notre équipe. Ce qui n’est pas le cas chez l’adversaire. On voit des bagarres au plus haut niveau. Ramgoolam insulte Sham Mathura au n° 4, traite son colistier de dulhinn (NdlR, nouvelle mariée en hindi) et il va jusqu’à déclarer qu’il travaille pour avoir davantage de députés que le MMM, est-ce là l’image d’une équipe soudée ? On a une avance et il faut la maintenir. Maintenant, je peux dire que je suis convaincu que nous allons vers une grande victoire.
 
Votre pronostic ?
 
Je ne peux pas avancer de chiffre. Chaque jour apporte son lot de changements sur le terrain. Je ne peux que dire que nous continuons de progresser.
 
 
Le PTr et le MMM représentent 80 % de l’électorat. Comment faites-vous pour galvaniser les frustrés des deux camps ? Et les indécis ?
 
Ramgoolam et Bérenger pu gagn sok. Les résultats du 11 décembre vont révéler la vraie force des différents partis. Nous demandons non seulement aux Mauriciens d’accomplir leur devoir civique mais nous les mettons également en garde contre le danger que représente le tandem Ramgoolam-Bérenger avec une IIe République. Ils sont deux assoiffés de pouvoir intolérants vis-à-vis des médias indépendants. Il ne manquerait plus qu’ils se comportent comme des dictateurs. Ils n’ont même plus de respect envers les femmes. Voyez le niveau des attaques contre Ameena Gurib-Fakim et Sandhya Boygah. Je ne m’attendais pas à ce que Bérenger tombe dans de telles bassesses.