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Législatives 2014: l’ultime bataille
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Législatives 2014: l’ultime bataille
Ça y est! Un mois après, la campagne électorale prend fin. Et c’est aujourd’hui, dimanche 7 décembre, que les deux principaux blocs politiques tiennent leur dernier rassemblement dans une ultime tentative de démontrer aux électeurs qui est le parti qui va réunir le plus grand nombre de partisans.
Que ce soit du côté de l’alliance Lepep ou de celle de l’Unité et de la Modernité, l’on ne lésine pas sur les moyens pour y parvenir. La première donne rendez-vous aux Mauriciens à Vacoas. La seconde, à la Place du Quai, haut lieu de la lutte syndicale, à Port-Louis.
Si ces deux alliances se démènent autant, c’est parce que l’histoire politique de Maurice démontre que le dernier meeting avant le scrutin a souvent transformé des victoires mitigées en victoires écrasantes. Dans un camp comme dans l’autre, fait ressortir un fin observateur politique, c’est celui qui remportera la bataille des foules qui va gagner les élections.
Cet élément, dit-il, a surtout un effet psychologique sur l’électorat. Plus particulièrement sur les indécis qui feront pencher la balance. Se chiffrant à 39% selon le dernier sondage de l’express– DCDM Research, ils n’ont d’affinités avec aucun des deux blocs. Ils sont, pour la plupart, des opportunistes qui veulent être là où le vent va tourner.
«Ce n’est qu’à la toute dernière minute qu’ils vont gonfler les rangs de ceux qui vont remporter les élections», ajoute notre expert. Les leaders en sont conscients et c’est pourquoi ils usent de subterfuges tels que l’annonce d’un invité «surprise», la promesse de révélations et la distribution de ballons, comme c'est le cas chez l’alliance Parti travailliste-Mouvement mili- tant mauricien (PTr-MMM) pour gagner cette bataille.
En deux fois, en 1983 et en 1991, cette tactique s’est avérée payante. Les annonces ou autres révélations ne pourront rien y changer. Exception faite de 1976 où sir Seewosagur Ramgoolam, leader du PTr, fait miroiter aux Mauriciens l’éducation gratuite au secondaire comme à l’université lors d’une émission politique à la télévision. Son annonce fait mouche même si sa promesse figurait déjà sur le manifeste travailliste depuis 1953...
Le pays assiste alors à une lutte à trois. Le MMM remportera 39,3% des suffrages contre 38,1% pour le PTr et 15,9% pour le PMSD. Les deux derniers partis se sont alliés pour constituer un gouvernement, plaçant le MMM dirigé par Anerood Jugnauth dans l’opposition.
Pour le scrutin de mercredi, l’alliance PTr-MMM n’a aucune patate chaude entre les mains, explique Me Yousuf Mohamed, ancien ministre travailliste des années de braise. «Il n’y a plus aucun conflit dans le secteur sucre et le transport en commun. Cette alliance va remporter les élections. C’est vrai qu’il y a des indécis. Ils ne le seront plus. On saura après le meeting», confie l’avocat dont le fils Shakeel est un candidat travailliste.
Si ce matin, les foules des deux alliances sont comparables, la situation sera difficile. Ce sera un remake de 1991. Surtout pour le bloc rouge-mauve qui est donné gagnant sur le papier. Mathématiquement, le PTr et le MMM sont les deux plus grands partis de Maurice et même si ce sont plutôt des militants qui semblent avoir changé de bord, les deux partis devraient obtenir la majorité grâce à leurs die-hards.
Si la foule se ressemble, à Vacoas comme à Port-Louis, l’écart va se rétrécir entre les deux camps. Navin Ramgoolam et Paul Bérenger devront alors cravacher dur pour remonter la pente. Cela devrait signifier que le premier meeting à Quatre-Bornes, le dimanche 12 octobre, a instillé le doute dans la tête de l’électorat. Le rassemblement ayant été un demi-succès si l’on prend en compte leur socle électoral.
«Lors des deux grands meetings organisés par les deux principales alliances le 12 octobre, celles-ci avaient fait jeu égal et cela a vraiment lancé leur campagne», souligne toutefois un membre du PTr. Il est l’un des organisateurs du meeting d’aujourd’hui et explique pourquoi la Place du Quai a été choisie au détriment de Quatre-Bornes.
«La Place du Quai est certes empreinte de symbolisme. Mais ce n’est en fait qu’un prétexte», avoue-t-il. L’idée étant «de profiter du fait qu’il y aura une forte mobilisation pour la journée internationale organisée dans le cadre des courses hippiques au Champ-de-Mars...» Ce qui permettra à l’alliance PTr-MMM de faire d’une pierre deux coups. L’assistance n’aura que quelques centaines de mètres à parcourir pour troquer sa casquette de partisan contre sa casaque de turfiste.
Des questions d’ordre infrastructurel ont aussi fait pencher la balance en faveur du front de mer. A Quatre-Bornes, la gare routière handicape le mouvement de foules à cause de ses garde-fous et des Abribus. Et avec l’avènement des drones désormais utilisés par l’express, dans un espace ouvert, nul ne pourra se tromper entre les partisans et les habitués de la foire. L’espace donnera certainement un meilleur aperçu de la foule.
C’est le même argument qui se tient chez l’alliance Lepep qui aurait pu choisir Quatre-Bornes pour son meeting au lieu de Vacoas. «La gare est saturée de panneaux publicitaires. Des années plus tôt, j’aurais dit que c’est le meilleur endroit pour tenir un meeting. Plus maintenant», laisse entendre Showkutally Soodhun, président du Mouvement socialiste militant (MSM).
C’est donc tout naturellement que le choix s’est porté sur Vacoas. D’abord, parce que le parti fondé par sir Anerood Jugnauth a une bonne assise dans cette ville. «Lors des dernières municipales, ce sont les trois candidats du MSM qui ont été élus», rappelle un activiste orange. Sans compter que l’une des grosses pointures du parti, en l’occurrence Nando Bodha, qui se présente au n° 16. De plus, Showkutally Soodhun brigue les suffrages au n° 15. Ils joueront donc de leur influence pour attirer les partisans, la ville étant divisée en ces deux circonscriptions.
Cependant, même si la gare de Quatre-Bornes a été délaissée par les principaux blocs, cela ne diminue en aucun cas l’importance que revêt le choix de l’électorat du n°18, Belle-Rose–Quatre-Bornes. Surtout que «Xavier Duval et Roshi Bhadain jouissent d’une popularité certaine là-bas, précise un membre du MSM. Il ne sera pas difficile de faire en sorte que les Quatrebornais se déplacent à Vacoas, qui n’est pas loin.»
Vacoas présente également un autre avantage, avoue notre source, à demi-mot. «Le meeting se tiendra à proximité du marché et cet espace couvre une surface assez ‘compacte’.» Résultats des courses, une bonne foule peut prendre des allures de foules monstres, fait-elle valoir. Cela servira les desseins des dirigeants de l’alliance Lepep qui, tout comme leurs principaux adversaires, misent sur l’impact visuel pour prendre un ascendant psychologique, tout en espérant que cela pourra convaincre les indécis de les suivre.
Pour faire le plein de partisans – l’on parle d’un objectif de 20 000 au minimum des deux côtés – pas question de lésiner sur les moyens. Du côté de l’alliance de l’Unité et de la Modernité, quelque 600 autobus devraient être mis à la disposition de ceux qui souhaitent faire le déplacement jusqu’à Port-Louis.
Du côté de l’alliance Lepep, on assure que «la CNT et la UBS ne nous ont prêté que 50 autobus». Les dirigeants et organisateurs compteront dès lors sur leurs «propres moyens de transport,voitures,camions et minivans» pour conduire leurs partisans jusqu’àVacoas.
Quoi qu’il en soit, pour encourager le public à faire le déplacement, le budget en ce qui concerne la nourriture et les boissons – qui seront gracieusement offertes – est pratiquement le même du côté des deux principaux blocs, soit environ Rs 4000 à Rs 5000 par autobus. À cela, il faut ajouter les dépenses liées aux pavillons et oriflammes, ainsi qu’à l’impression de T-shirts (NdlR : environ 50 000 du côté de l’alliance rouge-mauve). Sans compter le montant déboursé pour l’installation du podium, la sonorisation et l’éclairage, entre autres. L’addition s’élèverait ainsi à plusieurs centaines de milliers de roupies.
En attendant, «il ne fait pas de doute que Lepep aura une bonne foule capable de rivaliser avec l’alliance clé-coeur», concède notre source au sein du PTr. «Mais notre alliance conserve encore une avance.» On le saura tout à l’heure.
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