Publicité

Percy Yip Tong : Envers, prose et contre tous

1 décembre 2014, 14:51

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Percy Yip Tong : Envers, prose et contre tous

 

Attention. Cet homme est «fou me pa kouyon». À 54 ans, ce Jacky Chan au palmarès éloquent, farouchement indépendant, se présente seul pour la troisième fois aux élections générales au no 14, à Savanne-Rivière-Noire, «la plus grande, la plus peuplée et la plus pauvre» du pays. «Cette circonscription est 40 à 50 fois plus grande que Port-Louis, elle s’étend de Résidences Kennedy jusqu’à Surinam, mais nous n’avons que trois députés, ce n’est pas possible, merde alors !»

 

Cet allumé, cet illuminé, comme il se plaît fièrement à le dire, est arrivé septième en 2000 et 2005. «En 2010, je ne me suis pas présenté, j’étais en Afrique. Mais les deux autres fois, j’ai recueilli plus de 2 000 voix. J’ai battu tous les petits partis sauf les deux gros blocs, composés majoritairement de dinosaures», clame le «dofin ki pou met ar gro rekin». Si le «ti moustik» s’est lancé dans la course et qu’il n’a de cesse de dire aux gens de «keep smiling», c’est pour «pik pik bann politrik ki pran nou pou ti komik, ki pe fer pei koule kouma Titanic». Sa campagne à lui, ce n’est pas en grimpant sur les camions «en hurlant comme un sauvage» qu’il la mène. Mais à coups de textes déclinés en slam, de stickers et de billboard arborant des smileys, de CD et de meetings intimes, sous un arbre, sur la plage du Morne. Son message, aux jeunes surtout : «Pa vot blok, vot dimounn.» Il tient d’ailleurs à préciser que  «je ne me bats pas que pour moi, vous ne verrez pas mon nomplacardé sur tous les murs. Je me bats pour tous les petits partis et les indépendants qui ont des choses à dire».

 

Si le directeur artistique reconnu sur la scène internationale, le producteur dont la réputation n’est plus à faire, s’est lancé dans la course, c’est pour changer les mentalités, pour mettre un coup de pied au communalisme, botter le derrière aux votes basés sur les castes ou la religion. Aux électeurs, il a ceci à dire : «Ou vot blok, ou pass dan sok, samem ou gagn enn ta plok, parski ou vot kouma bobok.» Réaliste, cet ancien boursier, qui a arrêté des études en science politique parce que c’était «trop barbant», se voit bien comme l’«arbitre dans ce match entre les deux gros blocs» qu’il compare à Manchester United et Liverpool.

 

Mais il a longtemps hésité avant de se jeter une nouvelle fois dans l’arène, dans la fosse aux lions. La faute aux finances. «Je dépense des sommes folles pour la campagne, rien que les CD que je distribue gratuitement m’ont coûté Rs 50 000. Ma femme pique des crises», rugit PercyYip Tong. «J’ai trois enfants, dont deux filles qui étudient à l’étranger. Il y en a une qui est à Londres et je lui envoie Rs 90 000 par mois, rien qu’à elle !» Parce que la culture ne nourrit pas son homme, selon ses dires, «c’est grâce à mon métier d’interprète que je gagne ma vie. Je travaille avec la SADC, le COMESA, l’Union africaine et l’Union européenne», entre autres.

 

Iznogoud et Rantanplan

 

Ce n’est donc pas pour l’argent, souligne le Bruce Lee version locale, qu’il se lance dans la campagne. «Je gagne bien ma vie, je suis en tournée partout dans le monde avec des groupes africains ou européens. J’ai honte de le dire, mais j’ai un campement pieds dans l’eau à Tamarin. J’ai toutefois envie de me battre pour les nécessiteux, pour la classe moyenne et pour ma bonne, qui n’a pas d’eau chez elle alors que chez moi elle coule à flots», fait valoir l’ancien champion de foot.

 

Ainsi donc, «ce ne sont pas les quelque Rs 69 000 que touche un député qui m’intéressent. Je veux changer les mentalités pour que mes enfants et mes petits-enfants  puissent vivre dans un monde meilleur, où l’on entendra la Voice of Mauritians et pas celle de telles ou de telle communauté.» Pour yparvenir, il ne promet ni job, niterrain, non Môssieur. «Je promets tout simplement de mettre mes capacités intellectuelles et physiques au service de mes patrons, les électeurs.»

 

Puisqu’il y «en a marre des gens qui en ont marre mais qui ne foutent rien», puisqu’il estgrand temps de «get up, stand up for our rights», il faut «aret guete, koumans bouze». Celaafin que les politiciens, dont Iznogoud, les Dalton, Rantanplanet Assurancetourix puissentse prendre une bonne gifle en pleine face. Et de lancerun message in a bottle auxMauriciens : «Depi lindepandans ou finn vot pou bann lalians (…) me zordi tou bann lalians zot koze finn vinn rans zot dialog nepli ena okenn sans (…)e mwa mo pe dir lepep vot avek intelizans (…) donn nou lil Moris enn sans.»

 

* Retrouvez bientôt Percy Yip Tong sur lslradio