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Collendavelloo «prêt à prendre les rênes du MMM»

13 décembre 2014, 12:48

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Collendavelloo «prêt à prendre les rênes du MMM»
 
Tout le monde pensait que vous alliez être battu à plate couture au n° 19. Vous attendiez-vous à être élu en tête de liste ?
 
Non… Je suis réaliste. C’est vrai que j’avais prédit une victoire de 3-0. C’est vrai aussi que lors du meeting à la rue Edward VII, à Rose-Hill, j’avais prévu que Paul Bérenger allait mordre la poussière. Mais je me suis trompé de quelques votes, Ramalingum Maistry ayant été relégué à la 4e place.
 
Il faut comprendre une chose. Ayant pris une décision d’alerter l’opinion publique sur les dangers de l’alliance PTr-MMM et cette simagrée de IIe République, je devais suivre une logique. Soit celle d’être candidat au n° 19. Exposer ce qui était mauvais dans cette alliance ne pouvait être fait qu’à Stanley–Rose-Hill.
 
Évidemment, je savais que la partie allait être très, très difficile. Nous avions face à nous une armada prête à tout. La campagne fut laborieuse. Elle n’a pas été facile. Je me suis même retrouvé, au départ, à animer une réunion à la NHDC de Camp-Levieux avec seulement 18 personnes.
 
Je n’étais pas démoralisé pour autant. Petit à petit, j’ai exposé notre programme. J’ai bâti la campagne du n° 19 autour de deux choses : le programme national et le niveau de la circonscription. J’ai dit à mes deux colistiers qu’on n’allait pas perdre notre temps dans de vaines critiques contre nos adversaires. Il nous fallait dire ce qu’on avait à leur offrir. Ça a bien marché.
 
 
Comment analysez vous la victoire de mercredi ? Aviez-vous prévu un 47-13 ?
 
Je m’attendais à une victoire de l’alliance Lepep. Quand sir Anerood Jugnauth a mentionné une victoire par 40-20, je me suis interrogé. Mais j’ai transposé au niveau national ce que je voyais au niveau du n° 19. À partir de là, mes calculs ont démontré que sir Anerood avait raison. Le ML est très honorable.
 
D’après mes derniers comptes, nous sommes sept élus au sein du parti. Ce qui n’est pas mal pour un parti qui a pris naissance il y a à peine six mois et que tout le monde prédestinait à la poubelle. Il fait presque jeu égal avec le MMM de par le nombre de députés.
 
 
Avez-vous un commentaire sur le score du MMM ?
 
Je pense que le MMM a péché dans sa campagne. À la base, l’alliance avec le PTr était vouée à l’échec. La grosse erreur a été lorsque Paul Bérenger est venu prétendre qu’il a toujours été un travailliste. J’ai vu beaucoup de militants en colère se tourner vers le ML.
 
Il y a aussi eu des erreurs très stupides. Se concentrer sur les bases plutôt que privilégier les contacts est une erreur grossière que le MMM n’a jamais commise. À mesure que la campagne progressait, j’ai été stupéfait par les faux pas du MMM.
 
Je vous cite un exemple concret : on a peine à croire que le MMM n’a pas été capable de tenir de meeting à la rue Edward VII, à Rose-Hill. J’ai choisi de le faire jusqu’à 23 h 30 et les gens sont restés. Ils ont fait allégeance à l’alliance Lepep. C’est tout dire.
 
Si le MMM doit faire l’autopsie de sa défaite, il doit singulièrement se regarder en face…
 
 
Le leader Paul Bérenger met déjà tout sur le dos de Navin Ramgoolam et le PTr…
 
Écoutez, si on demande à un cadavre de s’autopsier lui-même, ça ne marche pas. Bérenger devrait immédiatement step down et laisser une entière marge de manoeuvre au bureau politique. Je suis prêt à prendre les rênes du MMM. Mais il faut qu’il y ait de sérieuses remises en question pour que les vraies valeurs militantes puissent continuer à exister.
 
 
Paul Bérenger aurait envisagé de démissionner du n° 19 et de laisser le leadership à Alan Ganoo. Qu’en pensez-vous ?
 
Je ne pense pas qu’une démission en tant que député arrangerait quoi que ce soit au sein du MMM. Ce serait de l’irresponsabilité. Ce qu’il faut qu’il fasse, c’est faire comme John Major. Il doit se mettre dans le backbench, être un sage du MMM et sortir par la grande porte. La solution ne passe évidemment pas par Alan Ganoo et Rajesh Bhagwan.
 
 
Pourquoi pas par ces deux-là ?
Parce qu’ils sont deux membres du bureau politique qui se sont compromis d’une façon éhontée avec le PTr.
 
 
Ils ont quand même été élus…
 
Tous les trois ont été élus. J’ai été impressionné par le 3-0 au n° 14. C’est une victoire à contre-courant. Il doit y avoir des raisons particulières pour cette victoire. Que Rajesh Bhagwan ait été élu n’est pas une grande surprise mais force est de constater que ni lui, ni Paul Bérenger n’ont pu tirer leurs deux malheureux colistiers avec eux. Paul Bérenger a sauvé sa peau de justesse.
 
 
Si vous ne reprenez pas les rênes du MMM, le ML va-t-il pêcher dans le bassin mauve ?
 
Je crois que la campagne électorale a démontré que les militants ont perdu confiance dans la direction du MMM. D’où leur rapprochement avec le ML. N’oubliez pas que j’ai été un dirigeant du MMM pendant de nombreuses années et que je n’ai pas envie de faire de braconnage dans le bassin mauve.
 
Si je suis là, mon but est de perpétuer les vraies valeurs du MMM. C’est une erreur de dire qu’il n’y a que Paul Bérenger qui représente le militantisme. Ces vraies valeurs se sont terriblement diluées dans le MMM à partir du moment où ils se sont laissés corrompre par les appâts tendus par Navin Ramgoolam.
 
 
Comment comptez vous vous y prendre avec le MMM si jamais vous héritez du siège de leader ?
 
Si j’étais appelé à revoir les structures du MMM, ce serait d’une façon transitoire. Le but étant de passer la main à une seconde génération de militants. Il y a Franco Quirin, Pradeep Jeeha…
 
 
Jeeha a joué une bande audio sur Kobita Jugnauth à un meeting. Peut-il aspirer à être leader du MMM ?
 
Ah bon ! Je n’étais pas au courant. Il tombe singulièrement dans mon estime lorsque j’apprends cela. Je n’imaginais pas qu’un membre du MMM pouvait tomber dans une telle bassesse.
 
 
Il n’y a pas que lui…
 
J’étais convaincu que c’était les travaillistes qui l’avaient fait. Si les gens du MMM sont trempés dans ces bassesses, croyez-moi, vous m’en voyez extrêmement désolé.
 
 
Quel sera votre rôle au sein d’un futur gouvernement de l’alliance Lepep ?
 
Je serai le n° 4 du gouvernement. J’espère jouer un rôle crucial pour l’avenir de notre pays tant que j’aurai les forces nécessaires pour le faire. Je me consacrerai au ministère qui me sera alloué.
 
 
Combien de ministères seront alloués au ML ?
 
Nous verrons par la suite. Je veux laisser les coudées franches à sir Anerood. Je ne veux pas être perçu comme un Bérenger bis qui va négocier le nombre de ministères comme un marchand de tapis. Pour ensuite se retrouver avec de petits ministères où il ne peut rien faire de concret pour le pays.
 
 
Doit-on s’attendre à une chasse aux sorcières comme en 2005 ?
 
Il est clair que nous ne pourrons pas tolérer cette horde de nominés politiques qui n’ont fait que dilapider les fonds de l’État. La plupart d’entre eux sont des incompétents absolus doublés d’arrogants.
 
 
Un mot sur le Premier ministre sortant ?
 
Il a fait beaucoup de tort au pays. C’est quelqu’un qui a dévalué le mauricianisme. Il fait semblant d’être unitaire mais privilégie la division. Il a corrompu la mentalité des Mauriciens. En leur faisant croire que ce n’était pas nécessaire de travailler et de mériter pour pouvoir atteindre un objectif. Que la vie était un jeu. 
 
Il n’a pas su être le bon père de famille qu’on espérait. Au contraire, il passait son temps à être arrogant, à insulter la presse, à victimiser ses adversaires et à faire fi des institutions de base de ce pays. Ajoutez à cela tous les scandales dont le gouvernement travailliste est responsable. Je me pose une seule question : comment Bérenger a-t-il pu tomber dans cette pourriture ?
 
J’attends et je crois que la population est en droit d’avoir des explications des trois dirigeants du MMM qui ont mené ce parti à sa perte. J’aurais voulu savoir quel morceau de viande saignante Ramgoolam a-t-il promis au requin Bérenger.
 
 
Cinq ans comme Premier ministre ?
 
Ohhh, ce n’est pas un gros morceau de viande. Il allait être un Premier ministre-poupette. Il doit y avoir autre chose. J’espère que Bérenger le dira un jour. L’histoire se rappellera ce qui s’est passé en 2014. Il devra faire contrition devant tous ceux qui lui ont fait confiance.