Adrien Duval n’aurait-il pas été mieux comme ministre de la Jeunesse et des sports que vous ?

Je crois qu’on démarre mal (rires). La nomination d’un ministre reste la prérogative du Premier ministre. Il a fait son choix. Je ne peux rien ajouter d’autre.

À 40 ans, êtes-vous suffisamment proche des jeunes pour les comprendre ?

Et vous, vous avez quel âge ? Moi, je suis toujours jeune. Il y a un gros travail à faire. D’autant plus que les Mauriciens ont tendance à croire qu’au sein du ministère de la Jeunesse et des sports, l’on se concentre davantage sur le sport. Moi, j’estime qu’il y a un travail à faire auprès de la jeunesse qui représente l’avenir du pays. D’autant plus qu’elle fait progresser le sport.

Quels sont donc les projets que vous comptez mettre en chantier ?

Il va falloir débuter le travail au niveau scolaire. À travers des programmes éducatifs. Une unité devra être mise en place dans les jours à venir dans le but de se pencher sur les problèmes qui touchent les jeunes aujourd’hui, afin de mieux les encadrer.

Ces problèmes vont du suicide à l’abus d’alcool, en passant par le tabagisme. Il y a aussi la prostitution et les grossesses précoces qu’il faut prendre en compte. Nous devons également encadrer les jeunes en termes d’orientation professionnelle afin qu’ils sachent le plus tôt possible ce qu’ils veulent faire dans la vie active.

N’empiétez-vous pas sur les prérogatives de vos collègues à l’Égalité du genre ou à l’Éducation ?

Pas du tout. Tous les ministères doivent travailler de concert pour un objectif commun. Je suis la Jeunesse et tous doivent suivre… J’accueille d’ailleurs de manière favorable le projet des Finances visant à mettre Rs 10 milliards à la disposition des jeunes voulant lancer leurs propres entreprises. C’est un moyen pour les motiver et endiguer le chômage.

J’aurais aimé lancer un Junior Award Scheme pour des cours de formation, de leadership et autres à partir de 11 ans. Ce programme s’inspire en partie du Duke of Edinburgh Award. J’ai eu l’occasion de rencontrer des jeunes qui y participent mercredi. C’était au centre de jeunesse d’Anse-la-Raie. Et la question que je me suis posée est la suivante : combien de jeunes sont au courant de l’existence de cet Award ? Les jeunes doivent profiter de ce type d’échanges pour mieux affronter la vie d’adulte.

Nos centres de jeunesse ont un rôle à jouer… Ils doivent être plus proactifs. Il faut apprendre de ce qui se fait à Hong-Kong et à Singapour.

À part des boards de carrom, qu’est-ce que les centres de jeunesse vont proposer d’autre ?

Il y a une vingtaine de centres disséminés à travers le pays. Il y en a qui font de l’initiation à la voile. Les écoles doivent pouvoir canaliser des élèves vers ces types de centres. Il en va de même pour l’initiation à la natation. Les enfants ont le nez dans leurs livres. Ils auraient pu, pendant leurs heures de classe, aller à la piscine. Il est impensable qu’on soit entourés par la mer mais que beaucoup de jeunes Mauriciens ne sachent pas nager. Pourquoi n’y a-t-il pas cette facilité dans les écoles ?

Les écoles catholiques et privées le font déjà. Qu’a fait votre gouvernement durant les dix-huit ans où il a été au pouvoir ?

À mon époque, j’ai appris à nager à la piscine… Et c’est sir Anerood Jugnauth qui était au pouvoir.

Vous fréquentiez un collège confessionnel, n’est-ce pas ?

Oui. Mais avant cela, j’ai été dans une école primaire publique. J’ai été à la piscine. Malgré le fait qu’il n’y en avait qu’une seule dans le pays. Aujourd’hui, il y en a davantage, ce qui me permet de dire que beaucoup plus d’élèves peuvent y avoir accès.

Les Jeux des îles de l’océan Indien approchent à grands pas. Allez-vous revoir le budget des différentes fédérations sportives ?

L’évènement est prévu dans six mois. La machinerie est déjà en marche. Je ne vais rien chambouler. Pour moi, c’est l’athlète qui est le plus important pour la tenue de ces jeux. Lundi, je rencontre les fédérations.

Quelles disciplines mériteraient davantage votre attention ?

Cela fait une semaine que je suis installé. Je suis davantage concentré sur la jeunesse, mais je crois que ce sont les sports d’équipe : le football, le volleyball et le basket-ball. Il faut que tout le monde collabore. L’esprit d’équipe est primordial.

Qu’allez-vous faire pour la ligue de football ?

J’ai rencontré George Chung et Samir Sobha dans le meilleur endroit qui soit. Sur un terrain de foot. Nous avons pu partager nos opinions et nous allons avoir une réunion la semaine prochaine.

Quid de l’académie de football ?

Comme annoncé, Sam Allardyce et West Ham vont nous donner un coup de main.

Dites-nous, est-ce à cause de vos origines que vous vous retrouvez à la septième place au sein du gouvernement ?

Je ne crois pas... Je suis certain que c’est, avant tout, pour mes compétences. Qu’importe mon rang, ministre ou pas, j’aurais assumé mes responsabilités vis-à-vis du pays. Je ne suis pas entré en politique pour être ministre, mais pour servir. Au final, il faut noter que la Jeunesse et le Sport ont une place prépondérante au sein de ce gouvernement.

Ou est-ce parce que vous avez eu le culot de prendre des photos de Nandanee Soornack un jour de décembre 2012 au collège Dr Maurice Curé ?

Je ne vais pas répondre à cette question. 

Quels sont les problèmes que vous avez rencontrés après cet incident ?

Je ne vais pas répondre à cette question non plus. Les Mauriciens sont déjà au courant de tout ce que j’ai enduré. Moi, j’ai toujours cru en Dieu.

Qu’avez-vous fait en tant que ministre depuis une semaine ?

J’ai effectué une visite des installations sportives. La première a été à la piscine Serge Alfred où il y a eu un cas de noyade. Puis à la piscine du Pavillon, à Quatre-Bornes, et au centre de jeunesse d’Anse-la-Raie qui est resté fermé pendant presque deux ans. J’ai un projet pour ce centre dont je ne vais pas dévoiler les détails pour le moment.

L’Audit a mis à l’index certains manquements au niveau de votre ministère quant à certaines installations sportives…

Il y a eu beaucoup de manquements dans ce rapport. Il est malheureux que l’argent public ait été gaspillé. Il est clair que je ne vais pas permettre ce genre de pratiques.

Il y a une demande croissante pour un circuit automobile, voire pour les motos, dans le pays. Est-ce inscrit à votre agenda ?

On est ouvert à toutes les propositions. Je n’ai eu aucune demande en ce sens jusqu’ici. Il faut, avant tout, une étude pour déterminer si un tel projet est viable. Il ne faut pas créer un éléphant blanc. Il ne faut pas commettre les erreurs du passé et se faire taper sur les doigts par le directeur de l’Audit.