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Golden handshakes : ces nominés politiques qui valent des millions
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Golden handshakes : ces nominés politiques qui valent des millions
Dan Callikan restera dans les annales comme le propagandiste le mieux coté de Maurice. Évoquant une clause de conscience inscrite dans son contrat, il a quitté la Mauritius Broadcasting Corporation (MBC) le jour même de la proclamation des résultats des législatives, en empochant une généreuse compensation de Rs 5 millions, représentant ses salaires étalés sur 18 mois.
Ancien spin doctor de sir Anerood Jugnauth, Dan Callikan s’est rapproché du PTr dès 2002 et a commencé à faire campagne pour les Rouges à travers sa petite Gazette de l’île Maurice. Lorsque Navin Ramgoolam reprend le pouvoir en juillet 2005, il devient le directeur de la cellule de communication du Premier ministre, composée de certains membres de son ancienne rédaction.
Onze mois avant les législatives de 2010, il est parachuté dans le fauteuil de directeur général de la station de radiotélévision nationale, en remplacement de Bijaye Madhoo, pour mieux propager l’image du chef du gouvernement. Tant et si bien que le leader de l’opposition Paul Bérenger passe pour un clown lors de la couverture de cette campagne électorale, et que seuls des gros plans sur ses facéties et ses gros mots à l'encontre de certains étant diffusés au journal télévisé.
Ce n’est donc pas surprenant que Paul Bérenger l'a accusé d’avoir recours à des méthodes «fachistes» lors de la dernière campagne électorale. Et de déplorer, aux côtés de son allié Navin Ramgoolam, que Dan Callikan a fait renouveler son contrat en catimini. Or, il n’y a rien de plus faux : ce contrat avait été renouvelé en juin dernier sur instructions de l’ex-Premier ministre.
C’est encore avec la bénédiction de Navin Ramgoolam que les contribuables ont dû gonfler le compte en banque de Dan Callikan. De sources concordantes à l’Hôtel du gouvernement, il s’avère qu’après avoir été applaudi alors qu’il quittait la station de radiotélévision nationale par la petite porte, Dan Callikan s’est immédiatement dirigé vers le bâtiment du Trésor pour se faire payer rubis sur ongle.
Les renseignements filtrés par le bureau du Premier ministre laissent entendre que Dan Callikan était présent sur place aux alentours de 19 h 30. À ce moment-là, le journal télévisé s’ouvrait avec l’avènement du gouvernement de l’alliance Lepep. Grâce au concours d’un haut fonctionnaire, l’ancien patron de la MBC a pu quitter le bâtiment du Trésor, vers les 21 h 30, avec son chèque en main.
Ce détail n’a transpiré qu’après un audit réclamé par le ministère des Finances. La nouvelle ayant fuité, Dan Callikan a candidement expliqué que sa conscience, pour avoir imposé à la population les meilleurs cadrages sur Navin Ramgoolam pendant ces cinq dernières années, valait quant même la bagatelle de Rs 5 millions.
À l’Hôtel du gouvernement, l’on considère qu’il est très «improper» de la part de l’ancien directeur général de la MBC de partir avec ce parachute doré. Une enquête a été ouverte pour déterminer quand Dan Callikan a rédigé sa lettre de démission, qui l’a aidé à obtenir son chèque en quatrième vitesse et comment une telle clause a pu être permise dans son contrat.
L’enquête initiée par le bureau du Premier ministre va également se pencher sur le rôle joué par certains au sein de la direction de la MBC pour le golden handshake offert à Dan Callikan. D’ici mardi, une décision sera prise quant à une action en justice visant à réclamer la restitution de cette compensation à l’État. Ce n’est pas la première fois que le gouvernement de sir Anerood Jugnauth se retrouve face à une telle situation. Lors de son retour au pouvoir en 2000, à la faveur de l'élection de l’alliance MSM-MMM, le Premier ministre avait refusé de verser la moindre roupie à Dass Thomas qui avait été prié de quitter Air Mauritius séance tenante.
L’ancien conseiller de Nash Mallam-Hasham, président-directeur-général de la compagnie d’aviation nationale, avait alors saisi la justice, réclamant la coquette somme de Rs 94 millions à son ancien employeur pour renvoi injustifié. Son contrat étant en «acier», selon les termes utilisés à l’Hôtel du gouvernement, un «out of court settlement» de Rs 9 millions a dû être conclu.
La résiliation du contrat de Dass Thomas avait été évoquée à l’Assemblée nationale en 2001. Sir Anerood Jugnauth avait révélé que celui-ci percevait quelque Rs 5 millions annuellement alors que son contrat n’avait même pas été approuvé par le conseil d’administration d’Air Mauritius. Au retour au pouvoir de Navin Ramgoolam, dont il est proche, Dass Thomas a fait son come-back, en passant par la présidence de Mauritius Telecom avant d’atterrir de nouveau à Air Mauritius.
Beaucoup de nominés politiques ont également des contrats en béton. Mais certains estiment qu’il est de leur devoir moral de soumettre leur démission à la suite du changement de gouvernement. Ce qui n’a cependant pas été le cas de Subash Gobine après qu’il a été parachuté à l’Information and CommunicationTechnologies Authority (ICTA) au départ de sir Anerood Jugnauth, qu’il a servi comme conseiller et rédacteur en chef du défunt organe de presse du MSM, au Réduit.
Il a pu obtenir une compensation suivant une action en cour après l’opération «lev pake» initiée par Navin Ramgoolam en 2005. Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et il s’est mis au service de celui qui l’avait mis à la porte.
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