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Bon-Accueil: Ahmad Nanyock, ébéniste dans l’âme

20 décembre 2014, 08:40

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Bon-Accueil: Ahmad Nanyock, ébéniste dans l’âme

Ahmad Nanyock est connu de tous à Bon-Accueil et dans les régions avoisinantes. Cet homme âgé de 59 ans est ébéniste depuis son plus jeune âge. Il fabrique de beaux meubles en bois haut de gamme. Mais aujourd’hui, il regrette d’avoir choisi ce métier. Car il n’a pratiquement plus de commandes pour des meubles en bois.

 

En effet, l’importation de meubles a changé la donne. «Travay inn tombe net. Pena lavenir ditou ladan», laisse-t-il entendre. Pour pouvoir joindre les deux bouts, le quinquagénaire a dû délaisser sa passion pour se lancer dans la fabrication de meubles en aluminium il y a deux ans.

 

Nous l’avons rencontré dans son atelier à son domicile alors qu’il travaillait sur une porte en bois. «Apre boukou zour monn gagn enn komann dibwa», nous confie-t-il. Depuis quelque temps, il reçoit surtout des commandes pour des meubles en aluminium. D’un air peiné, il nous explique qu’il y a quelques années, il y avait plusieurs ouvriers dans son atelier. Maintenant, faute de moyens et de commandes, il ne peut solliciter l’aide d’ouvriers que lorsqu’il a de grosses commandes.

 

Tout en travaillant sur la porte, Ahmad nous raconte que depuis son enfance, il voulait être ébéniste. «Avan, kouma ti fini siziem bann zanfan ti pe rod enn metie. Sa lepok lamem mo ti fini desid pou fer sa travay la», lance-t-il. Ainsi, après ses études primaires, alors qu’il est âgé de 11 ans, il se rend à Centre-de-Flacq pour apprendre le métier. «Mo patron ti apel Moosbally», ajoute Ahmad.

 

Pendant six ans, il se perfectionne aux côtés de ce dernier. Puis, il travaille en tant qu’ouvrier dans plusieurs ateliers. «Lane 1972, 1974 mo ti pe travay pou zis Rs 60 la semenn. Sa osi ti pe sorti lakaz lindi ek mo ti pe retourne dimans. Nou ti bien mizer, ti pe bizin debriye», raconte Ahmad. Étant donné qu’il est l’aîné de la famille et que ses parents ont huit enfants, Ahmad se doit de les aider.

 

NOMBREUX SACRIFICES

 

En 1976, au prix de nombreux sacrifices, le jeune ébéniste ouvre son propre atelier. À cette époque, les commandes pleuvent. Il embauche alors plus d’une dizaine d’ouvriers et d’apprentis. Et pendant plusieurs années, Ahmad travaille paisiblement. Mais, il y a une dizaine d’années, les affaires commencent à se détériorer. «Bokou meb importe inn koumans vini depi la Chine, Lindonezi. Olie gouvernman protez nou, linn bes duty lor sa bann meb importe la. Finn gagn boukou konkiran. Pann fer narnie pou pous nou de lavan, o kontrer inn fer nou dekouraze», dit-il non sans amertume.

 

Marié et père de famille, Ahmad doit à tout prix trouver un moyen de nourrir son épouse et ses enfants. Il commence alors à s’intéresser aux produits en aluminium et fait des recherches sur ce matériau. Puis, il se lance dans la fabrication de meubles en aluminium.

 

«Dimounn donn mwa pou fer ban meb kouma lili, larmwar, laport ek boukou bann lezot zafer. Mo oblize fer li sinon lavi pou vin bien difisil parski sa laz la ki lot metie mo pou al aprann ?» lance Ahmad. Et d’admettre que même si l’ébénisterie est sa véritable passion, il n’encouragera jamais son fils Fayeed à faire ce métier.