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Police: quand des subalternes collectionnent les diplômes
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Police: quand des subalternes collectionnent les diplômes
Cela fait quelques années déjà que les Casernes centrales font face à une situation pour le moins insolite : nombreux sont les subalternes qui collectionnent les diplômes académiques. Ils continuent quand même à effectuer leur travail bien qu’ils puissent prétendre à un meilleur salaire dans le privé.
Il y a à peine quatre mois, le sergent Mahmood Sahood Toofany a obtenu son MBA du Management College of South Africa (Mancosa). Ce sous-officier affecté au Central Criminal Investigation Department (CCID) ne détient pas que ce diplôme : en 2009, il a également décroché son LLB de l’université de Northumbria.
Tout en roulant sa bosse dans les différentes unités de la police durant ces 25 dernières années, le sergent Toofany, 46 ans, n’a jamais cessé de s’instruire. Il collectionne les diplômes en journalisme, en génie mécanique, en informatique, voulant à tout prix avoir plusieurs cordes à son arc.
En 2008, il avait déjà réussi l’exploit d’être deuxième au niveau mondial aux examens de Law of Evidence lorsqu’il préparait son diplôme par correspondance. Toujours modeste, cet habitant de Plaine-Verte a finalisé son LLB alors qu’il était le patron de l’Alpha Squad, défunte unité spéciale de la police qui opérait dans les faubourgs du nord de la capitale et qui menait la vie dure aux prostituées, aux voleurs et autres trafiquants de drogue.
Au sein du CCID, nombreux sont les sous-officiers spécialisés en droit. L’inspecteur Bhojesh Domun, ancien porte-parole de la police sous Raj Dayal, détient un LLM de l’université de Londres. Âgé de 53 ans, il a lui aussi suivi des études par correspondance, jonglant avec ses cours alors qu’il était posté à la Criminal Investigation Division (CID) de Terre-Rouge.
Comptant 31 ans de service au sein de la force policière, il s’est inspiré du parcours de son père, Baldeo. Issu d’une famille pauvre, celui-ci avait dû abandonner l’école très jeune pour travailler comme laboureur. Après trois décennies, il s’était mis à étudier l’hindi et a terminé sa carrière comme assistant-maître d’école.
C’est donc après un diplôme en journalisme et en relations publiques que l’inspecteur Domun s’est tourné vers le droit. Dans l’intervalle, il a participé au Prime Minister’s Unity Award dans le cadre de la première célébration du 1er février. Il a alors soumis un projet pour revaloriser les descendants d’esclaves grâce à un changement de nom.
Après son LLB en 2002, l’officier s’est spécialisé dans le droit européen, la criminologie, la jurisprudence et la justice pour les jeunes délinquants. Sa maîtrise de droit en poche, il compte terminer sa carrière de policier avant de songer à porter la robe.
Ils sont une trentaine comme le sergent Toofany et l’inspecteur Domun à démontrer aux autres policiers que leur travail ingrat peut aller de pair avec des études. Hemant Jangi, l’assistant commissaire de police et n° 2 du CCID, possède aussi un diplôme en droit. Tout comme l’adjoint au commissaire de police Tangavel Seerunghen, ancien patron du CCID.
Manque de mobilité
Le Deputy Assistant Superintendent of Police Khemraj Lochee, du Police Radio Workshop, responsable du réseau de CCTV, détient un MSc. in Engineering et un MSc. in Project Management. Le chef inspecteur Rajaram de la CID de Vacoas possède, lui, un Master in Administration.
Au vu du manque de mobilité au sein de la police pour des raisons souvent obscures, l’officier le plus gradé de la National Coast Guard (NCG), le surintendant Deepak Kumar Lakhabhay, a claqué la porte après un changement d’affectation et un retour sur la terre ferme il y a quelques années. Il a été formé pendant 12 ans aux frais du govt, en Inde et aux États-Unis, afin d'occuper le poste suprême au sein des garde-côtes. Cependant il n’a jamais pu faire ce saut, le fauteuil étant réservé à un gradé de la marine indienne en vertu d’un accord tacite entre Port-Louis et New-Delhi.
Entré au NCG en 1987, Deepak Kumar Lakhabhay a bénéficié d’une douzaine de formations à l’étranger. Lors de la plus longue de ces formations, il a suivi un Officer’s Cadre Course au sein de plusieurs écoles navales de la Grande Péninsule entre 1992 et 1995. En 1998, il a suivi un International Maritime Officers Course en Virginie, aux États-Unis, avant d’enchaîner avec un deuxième cours à Cochin, en Inde, pour un Long Navigation & Navigation Course.
De juillet 2002 à avril 2003, il a été appelé à effectuer un stage au Defence Services Staff College à Wellington, Nilgiris, une des plus vieilles écoles militaires de l’Inde.
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