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Attentat meurtrier: ils ont fait Harâm Kiri à Charlie

10 janvier 2015, 19:30

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Attentat meurtrier: ils ont fait Harâm Kiri à Charlie

«Charlie Hebdo» n’est pas mort. Un numéro de survivants sortira le 14 janvier. Avec les rescapés de la tuerie de mercredi. Voici quelques couvertures et caricatures de ce journal satirique. Descendant de «Hara Kiri», journal «bête et méchant» né en 1960, il ne pouvait pas s’éteindre si vite. D’autant plus qu’on lui a déjà mis le feu, en 2011.

 
■L’huile sur le feu. C’est une parfaite illustration de l’humour lorsqu’en 2006, «Charlie» décide de faire paraître une série de caricatures de Mahomet publiées par un quotidien danois.
 
    
■La «une» «Intouchables», elle est publiée en pleine période de protestation dans le monde musulman contre un film anti-islam.
 
■Mais «Charlie» c’est aussi la condamnation du
racisme et des extrémistes comme le Front national.
 
 
■Les petites caricatures illustrent le calendrier de «Charlie». La guillotine est un dessin
du regretté Cabu, qui, pour ceux qui se rappellent, dessinait dans «Récré A2», l’émission
télévisée pour les enfants, animée par Dorothée.
 
 

 
Nous sommes Charlie, nous ne sommes pas «Charlie Hebdo»
 
A la rédaction de l’express, nous sommes choqués évidemment par ce qui s’est passé en France, à Paris, mercredi dernier. Tout simplement parce que c’est une grave atteinte à la liberté d’expression et parce que nous sommes convaincus qu’il n’y a aucune idée, aussi offensante soit-elle, qui devrait être attaquée au kalachnikov. On peut débattre, on peut discuter, de manière enflammée parfois, mais la mort ne peut quand même pas, en milieu civilisé, dans un État démocratique, être une conséquence raisonnable des différences d’opinion. Nous sommes donc Charlie.
 
Mais nous ne sommes pas Charlie Hebdo et n’approuvons pas tout ce qu’ils ont publié au fil de leurs numéros, tout comme d’autres n’approuvent pas toujours ce que nous choisissons de publier (ou pas !), nous-mêmes, ici à l’express !
 
Ces pages sont une tentative d’illustrer le type de caricature pratiqué par Charlie Hebdo. C’est caustique, souvent provocateur, vertement intelligent, mais dans nos choix d’illustrations, il est clair que nous avons été menés à ne PAS reproduire ce qui nous paraissait inapproprié par rapport à notre pays, ses a priori et ses croyances. Dans ce sens, nous ne sommes pas Charlie Hebdo. Et si vous l’êtes, vous êtes évidemment libre (et la liberté ça doit se défendre !) de vous y abonner…
 
Philippe A.Forget
 
 
 

Questions à… POV, caricaturiste

Plusieurs médias anglais et américains ont censuré les caricatures de «Charlie Hebdo» dans leurs articles de ces derniers jours sur ce journal. Les fanatiques ont-ils gagné ?
La lutte pour la liberté d’expression est de longue haleine. En France, où s’est déroulé le carnage, la réaction des médias et des citoyens était de ressortir justement les dessins de Charlie, mais aussi de les reproduire sur les murs et autres lieux publics. Le journal repartira et on ne peut appeler cela une défaite. Quant à certains médias d’autres pays, ils mènent leur lutte contre l’intégrisme à leur manière. Ce n’est peut-être pas à la façon de Charlie mais il y a mille façons d’exprimer son combat. C’est ce que les fanatiques, adeptes de la pensée unique, ne comprennent pas.
 
Marine Le Pen a profité de cette attaque pour rajouter son grain de haine contre le fondamentalisme de l’islam. Les racistes ont-ils gagné ?
Lutter contre l’extrémisme, qu’il soit de l’islam ou d’ailleurs, n’est pas l’apanage de Marine Le Pen. Qu’elle profite de cette occasion pour capitaliser sur ses atouts politiques est une logique stratégique. Je n’ai pas entendu les propos de Marine Le Pen, mais que des citoyens se laissent convaincre à la haine et au racisme est un danger auquel la société doit s’attaquer par l’éducation et l’information. Parmi les victimes, on compte des personnes aux patronymes musulmans. C’est un problème idéologique, voire de moeurs et non de race. Les représentants de différentes communautés religieuses ont condamné d’une seule voix cet attentat. Cette manifestation d’unité est une victoire. En revanche, le malaise de la France par rapport à l’intégration, l’immigration, la sécurité intérieure est un vrai sujet de préoccupation.
 
Comment faire pour que les journalistes de «Charlie», ni fanatiques ni racistes, juste humanistes, ne soient pas les seuls à avoir perdu – jusqu’à leur vie – dans cette affaire ?
Se mettre au crayon. Arrêter de dessiner, d’être insolent, d’enquiquiner, c’est la meilleure façon de laisser tomber Charb et compagnie. En continuant à éditer les dessins, la presse entretient la liberté de penser. L’objectif n’est pas de faire perdre les fanatiques, mais de faire triompher l’humanisme. Même si le résultat est pareil, l’attitude est fondamentalement différente. Mais c’est surtout la population qui va déterminer cette victoire. Quand nous serons tous capables de manifester nos opinions, nos désaccords, nos frustrations sans avoir recours à la violence et au meurtre, alors on aura bâti une société plus harmonieuse. Notre façon d’appréhender l’autodérision nous servira de jalon sur ce chemin.
 
Voir aussi notre Blog: Bande décimée par Audrey Harelle