Nandanee Soornack est décidément une femme d’affaires très gâtée par la direction d’Airport Terminal Operations Ltd (Atol), la société gérant la nouvelle aérogare du Sir Seewoosagur Ramgoolam International Airport (SSRIA). Après avoir obtenu le monopole du service traiteur à travers l’enseigne Airway Coffee, elle a bénéficié d’une réduction de son concession fee en août 2014.

C’est durant cette période que l’express faisait état des faveurs accordées à l’ex-vendeuse de choux-fleurs et de cotomili à Carreau-Laliane de par sa présumée proximité avec l’ex-Premier ministre Navin Ramgoolam. À l’époque, le bureau du Premier ministre avait émis un communiqué de cinq pages, sous-entendant que l’express menait «une campagne malveillante ne reposant que sur des faussetés et des fabrications».

Dans une lettre datée du 1er août 2014, le Chief Executive Officer d’Atol, Francis Latarjet, annonce à Airway Coffee que sa demande pour une baisse du concession fee a été agréée. Ainsi, au lieu d’un versement annuel de 28% de ses recettes à Atol, la société de Nandanee Soornack a bénéficié d’une révision substantielle pour les trois restaurants. Soit 26% au premier étage et 19% au rez-de-chaussée ainsi qu’au deuxième étage.

Pourtant, dans le communiqué daté du 26 août 2014, la direction de la communication du bureau du Premier ministre jure que toutes les procédures ont été suivies et que les contrats pour le service traiteur ont été «adjugés aux meilleurs offrants». En fait, c’est grâce à un joli tour de passe-passe qu’Airway Coffee s’est offert le contrat à l’aéroport de Plaisance, dirigé par Airports of Mauritius Ltd (AML) en janvier 2010.

Un appel d’offres avait été lancé par AML le 24 décembre 2009, soit durant une période où tous les spécialistes du secteur sont occupés. Sans surprise, c’est la société de Nandanee Soornack qui a fait la meilleure offre avec la promesse de verser 28% de ses recettes annuelles.

Quand la nouvelle aérogare, construite au coût pharaonique de Rs 14 milliards, a été inaugurée en septembre 2013, Airway Coffee a raflé les trois emplacements dédiés à la restauration. Sans passer par aucun appel d’offres, exercice qui aurait pu maximiser les revenus d’Atol.

Gooljaury éjecté

Mais les dés étaient déjà pipés: Airway Coffee n’avait pas les cinq ans d’expérience requis, ni un menu cosmopolite, pour opérer à l’aéroport. Un mois avant que le premier appel d’offres soit lancé par AML, cette société montée par l’ami intime de Navin Ramgoolam, Rakesh Gooljaury, a obtenu une attestation du restaurant indien Salaam Bombay, indiquant qu’il allait agir comme son consultant.

Nandanee Soornack et son fils Aditish Akshawn Oogarah ont pris le contrôle d’Airway Coffee, jusqu’à éjecter Rakesh Gooljaury de la société après des bisbilles. Ils étaient partis pour opérer au SSRIA jusqu’à septembre 2018, mais ils doivent un total de Rs 41 millions à AML et à Atol.

De sources proches de l’hôtel du gouvernement, il ressort que l’ordre est venu d’en haut pour ne pas réclamer les arrérages à Nandanee Soornack. Celle-ci gagne pourtant bien sa vie. Elle roule en Range Rover, se paie les services de gardes du corps népalais, s’est offert une maison à Rs 5,5 millions dans la région de Réunion, à Vacoas, ainsi qu’une propriété s’étalant sur un arpent et neuf perches à Floréal.

Pour ce «bijou» acheté à la famille Maingard de la Ville-Es-Offrans en février 2011, Nandanee Soornack a déboursé Rs 30,2 millions. Soit la moitié du prix du marché. L’année dernière, sir Anerood Jugnauth avait même déclaré qu’il avait des doutes quant au fait que le paiement avait été effectué pour cette transaction...

L’argent coulait également à flots après que Rakesh Gooljaury et son épouse ont contracté un prêt de Rs 90 millions auprès de la State Bank et un autre de Rs 45 millions auprès de Bank One en 2013 pour faire fonctionner Airway Coffee. Reste à savoir ce qui a été fait avec ces sommes.

L’hôtel du gouvernement étudie de près le dossier Airway Coffee, d’autant plus qu’un sondage conduit par Atol a démontré que la société ne répondait pas aux attentes des passagers de la nouvelle aérogare. Il y a plus de 60% d’insatisfaits. Ils jugent les prix exorbitants et la qualité des produits proposés médiocres. Au cas où Nandanee Soornack devrait passer à la caisse, ses biens immobiliers risquent de passer à la trappe.