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Roger Ng Ying Sheung: l’ami s’en est allé…

13 janvier 2015, 10:48

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Roger Ng Ying Sheung: l’ami s’en est allé…

Roger Ng Ying Sheung, un Mauricien qui fait honneur à notre pays, est décédé à la suite d’un accident à Washington D.C. le 29 décembre 2014. Il avait 78 ans (ce qui correspond à 81 ans dans la tradition chinoise, en prenant en compte les bonus octroyés par le Ciel et la Terre).

 

Roger (Ah Maye, pour ses proches et son épouse Amy) était issu d’une famille commerçante de Curepipe (Magasin Chat Noir). Au Collège Royal, il se distinguait déjà par son sens de l’humour et sa faculté exceptionnelle de lier des amitiés avec ses condisciples, dont plusieurs sont restés ses plus fidèles amis.

 

Il poursuivit ses études au Collège d’Agriculture, à la suite de quoi il fut recruté à l’Institut de recherches sucrières de l’île Maurice (MSIRI) comme agronome, où il se spécialisa dans la sélection des variétés de cannes à sucre. Il se fit remarquer autant par sa compétence technique que par ses talents de vulgarisateur, aussi bien auprès des petits planteurs que des managers des propriétés sucrières. Il épousa Amy en  1963 et tous deux furent très actifs sur le plan social, notamment Roger au Lions Club de Port-Louis, au Gymkhana Club de Vacoas et au Club Hua Lien de Curepipe.

 

En 1984, lorsque le Maroc décida de démarrer une industrie de la canne à sucre, Roger fut choisi pour lancer ce projet. Il fallait tout commencer à zéro en créant les premières pépinières et former le personnel national. Il fut si apprécié que son contrat fut sans cesse renouvelé, et la famille passa ainsi neuf années à Kenitra où les plus jeunes de ses enfants allaient au Lycée Français, et parlaient l’arabe avec leurs condisciples. Le principal «problème d’adaptation» était l’approvisionnement en produits pour la cuisine chinoise, alors introuvables au Maroc, pour les festins fréquents organisés par Roger et Amy.

 

A la fin de son contrat, Roger obtint un poste dans l’administration fédérale américaine (Environmental Protection Agency), et la famille s’établit près de Washington D.C., où leur grande maison était ouverte à tous les Mauriciens de passage. C’est dans cette même maison que j’ai moi-même trouvé refuge ayant perdu mon passeport et tous mes documents. Roger fut le fondateur et longtemps le principal animateur de l’association des Mauriciens de Washington (Friends of Mauritius - FOM). Ayant pris sa retraite, il continuait à vivre une vie culturelle intense à Washington. Le matin de sa mort, il avait fait ajuster son smoking pour une réception mondaine prévue pour le 31 décembre. Il gardait régulièrement contact avec ses amis et sa famille, notamment à travers son vaste réseau internet, partageant anecdotes et histoires drôles dont peu étaient politiquement correctes. Il avait d’ailleurs prévu de revenir en vacances à Maurice en mars 2015.

 

Roger confiait à ses proches, sur le ton de la plaisanterie, qu’un des projets qu’il n’avait pu faire aboutir était celui de commencer une «dynastie», au sens chinois du terme. Certes, Sissi et ses quatre garçons avaient bien réussi professionnellement et humainement, mais, à une exception près, ils avaient choisi des conjoints de culture différente, ce qui ne permettait pas de réaliser son «utopie».

 

Tous ceux qui ont approché Roger garderont de lui le souvenir d’un vrai Mauricien, qui, tout en gardant sa culture ancestrale, était à l’aise dans tous les milieux à Maurice, ce qui lui a permis aussi bien de s’adapter à d’autres environnements à l’étranger que de réaliser une carrière internationale pleinement réussie.

 


 

Un digne ambassadeur!

 

Il était sans conteste le Mauricien le plus connu et le plus respecté de Washington D.C. et des régions avoisinantes de Virginie et de Maryland. Premier président de l’association Friends of Mauritius, Roger Ng Ying Sheung se faisait un devoir d’aller saluer les nouveaux compatriotes qui posaient leurs valises à Washington D.C. afin de leur prodiguer des conseils pour faciliter l’adaptation en terre US. Il organisait souvent des soirées mauriciennes et des ballroom dancing parties afin de lever des fonds pour venir en aide aux enfants nécessiteux de Maurice. Roger ne le faisait pas pour la gloire d’avoir sa photo dans le journal. C’était un rude travailleur de l’ombre, le meilleur ambassadeur de Maurice sans le titre, et sans le salaire. Mais il avait le prestige dans la démarche et dans l’action spontanée.

 

Selon l’un de ses amis: «Roger’s Chinese Zodiac sign was the rat, which is lauded as the first of all animals to appear in front of the Jade Emperor when summoned. Rats are said to be charming, industrious, talkative, and quick-witted. Anyone who had the good fortune of meeting Roger can attest that he wonderfully embodied all these qualities.» C’est clair que lors du prochain 12 mars à Washington D.C., sa bonne humeur se fera cruellement sentir. A tous ses nombreux proches et amis, l’express présente ses plus vives sympathies. 

 

N. S.