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Affaire Roches-Noires: le campement de Ramgoolam sous-évalué?
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Affaire Roches-Noires: le campement de Ramgoolam sous-évalué?
Il n’y a pas que la soirée du 2 au 3 juillet 2011 au campement privé de Navin Ramgoolam, à Roches-Noires, qui suscite la curiosité des autorités. Dans le courant de la semaine dernière, c’est dans le plus grand secret que des mesures ont été effectuées sur le site dans le cadre d’un vaste exercice de vérifications. L’objectif étant d’établir si le leader du Parti travailliste (PTr) n’aurait pas sous-évalué cet achat effectué six mois après les élections législatives de mai 2010.
D’après différentes données obtenues par l’express, cette portion de Pas géométriques a été cédée en location-bail le 29 mai 1969 à Gustave Maurel par le ministère du Logement et des terres. Ce terrain s’étend sur 1,87 arpent d’après les documents du défunt Survey Office, c’est-à-dire le cadastre. Le 1er juillet 1971, Marie Thérèse Ivy Commins, mariée à feu Marie Louis Charles Philippe Genève, rachète ce «Campement Site Lease» pour Rs 4 000.
Trente-quatre ans plus tard, soit le 18 mai 2005, Marie Thérèse Ivy Commins décide de se séparer de cette parcelle sur laquelle se dresse le campement rendu célèbre avec la réouverture de l’enquête policière sur le cambriolage qui s’y est déroulé dans la nuit du 2 au 3 juillet 2011. C’est la société A.D.S. Gunness, gérée par le cardiologue Teeluck Kumar Gunness, dit Sunil, qui s’en porte acquéreur pour la coquette somme de Rs 10 millions. Elle a déboursé Rs 3 millions pour le campement et Rs 7 millions pour le terrain.
Bail étendu
Depuis 1969, le bail du terrain a été étendu à deux reprises sur une période de 20 ans. Alors que celui-ci devrait être reconduit le 30 juin 2021, le Dr Teeluck Kumar Gunness réclame au ministère du Logement et des terres l’extension du bail sur une durée de 60 ans à compter du 15 septembre 2010. Soit deux mois avant que ce directeur de Petredec – société spécialisée dans la distribution de gaz-ménager dans la région – ne le revende à l’ex-Premier ministre et à son épouse Veena contre une petite fortune: Rs 40 millions. Il faut compter Rs 24,2 millions pour le campement à étage de 303 m2, Rs 800 000 pour la dépendance de 71m2 et Rs 15 millions pour le terrain.
L’acte de vente daté du 19 novembre 2010 et signé devant le notaire Hugues Maigrot révèle toutefois des détails relativement troublants. Alors que la superficie du terrain d’origine est de 1,87 arpent, soit 7 893 m2, elle passe à 1,3042 arpent, soit à 5 502 m2, au moment de la vente au couple Ramgoolam. Ce qui fait que les 2 391 m2 se trouvant sur une partie avancée du front de mer ont été exclus du contrat de vente...
Ainsi, l’ex-chef du gouvernement a eu à payer un «premium» de Rs 5 216 934 au lieu d’une note bien salée. Lorsque l’express-dimanche révèle cette transaction le 15 mai 2011, Navin Ramgoolam avait réglé la somme de Rs 1 043 387, le «premium» étant payable en cinq tranches. L’article précisait également que l’ex-Premier ministre a utilisé ce terrain comme garantie auprès de la Bramer Bank, filiale du groupe British American Investment, pour l’obtention d’un prêt de Rs 45 millions en février 2011, la valeur du terrain n’ayant pas été inscrite sur son casier hypothécaire.
Sous-évalué
Au ministère des Terres et du logement, ce dossier est étudié de très près. Entre autres, il a été noté que le terrain vendu à Navin Ramgoolam aurait été «grossièrement» sous-évalué. Alors qu’un arpent dans cette zone était estimé autour de Rs 20 millions en 2009, l’ex-Premier ministre semble avoir eu le même flair que Nandanee Soornack pour le terrain qu’elle a acquis à Floréal... Il l’aurait payé à quasiment la moitié du prix du marché d’après les ventes conclues dans cette région cette année-là.
De plus, d’après les photos aériennes publiées par l’express samedi dernier, le leader du PTr a pleine jouissance sur la portion de terrain excisée sur son contrat de vente. Depuis le cambriolage de juillet 2011, la Special Mobile Force a «clôturé» le terrain à la demande de la Very Important Person Security Unit en se basant sur les plans de 1969 afin qu’aucun occupant des lieux ne soit surpris par un intrus...
Le nouveau gouvernement semble ne pas vouloir lâcher Navin Ramgoolam sur ce dossier précis. Il n’est nul autre que le «grand manitou» dénoncé par le ministre du Logement et des terres Showkutally Soodhun à sa conférence de presse de jeudi. Celui-ci faisait alors référence à des personnes ayant payé des arrérages en retard.
À l’hôtel du gouvernement, tout le monde est désormais au courant que l’ex-Premier ministre s’est acquitté, en quatrième vitesse, d’une somme de Rs 6 876 508 qu’à l’issue du scrutin du 10 décembre 2014. Cette somme, a appris l’express, comprend le «premium» de Rs 4 173 574, assorti des intérêts de Rs 1 416 033, ainsi que de la location s’élevant à Rs 1 118 512, sans compter les intérêts de Rs 168 416.
Nous avons vainement essayé d’entrer en contact avec Navin Ramgoolam pour un commentaire. Ses deux numéros de téléphones portables connus sont éteints. Il était également absent de sa résidence, à Riverwalk, Vacoas. Nous avons laissé nos coordonnées afin qu’il nous rappelle.
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