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Affaire Ramgoolam: ces questions que l'on se pose

10 février 2015, 09:02

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Affaire Ramgoolam: ces questions que l'on se pose

Pourquoi ? Qui ? Comment ? Why ? Les interrogations suscitées par l’affaire Ramgoolam sont nombreuses. Si les faits se mêlent souvent à la rumeur, que les affirmations côtoient les interrogations et les affabulations, il est parfois difficile de faire le tri entre le vrai, le faux et les demi-vérités. Même si d’aucuns disent qu’il n’y a pas de fumée sans feu. Et si l’on allait faire un tour du côté de la foire aux questions ?

 

Pourquoi n’a-t-il pas caché le magot qui se trouvait chez lui ?

Pour des questions pratiques, sans doute. Car, contrairement à l’Avare, qui avait enterré sa cassette (NdlR, coffret oùl’on conserve des objets précieux) dans son jardin, il pouvait difficilement creuser un trou géant pour y mettre les coffres aussi grands qu’un homme, si l’on en croit les photos. On ne parle pas là de tilapias dans un filet mais bien de l’équivalent de centaines de millions de roupies, dont une bonne partie en espèces sonnantes et trébuchantes. D’autres questions dès lors : les enquêteurs ont-ils éventré le matelas de l’ancien chef de l’État ? Ont-ils défoncé les murs ? «Ce sont des informations que je n’ai pas», répond le sergent Sanjay Nobin, du Police Press Office.

 

Quoi qu’il en soit, d’autres spéculateurs affirment que l’ancien PM ne s’attendait pas à ce que l’on perquisitionne sa maison. Car, toute autre personne aurait sûrement, pour éviter des ennuis et des procès, confié la précieuse cargaison à un ami ou un proche, selon certains professionnels de la dissimulation. Et, aux dernières nouvelles, d’autres coffres avaient déjà pris place dans les coffres des banques…

 

Qui a vendu la peau du lion ?

M. et Mme Kontou affirmaient, dans un premier temps, qu’il se peut que ce soit Rakesh Gooljaury, l’ancien «grand ami» de Navin Ramgoolam. Celui-ci s’est rendu aux casernes, en janvier, et a expliqué aux enquêteurs que l’ancien PM lui aurait demandé de «pran sarz» par rapport au vol commis au bungalow de Roches-Noires. Certains esprits mal tournés pensent que le fondateur de la société Fashion Style a balancé son bienfaiteur en échange d’une certaine «immunité». Le fait qu’il soit reparti libre comme l’air n’a fait qu’apporter de l’eau au moulin des «théoriciens» du dimanche.

 

Autre nom avancé par les mauvaises langues : celui de Veena Ramgoolam. Selon les vipères, celle-ci se serait vengée de son époux – qui serait un peu trop proche de Nandanee Soornack – en divulguant le montant que contenaient les coffres et valises aux enquêteurs. Mais si l’on en croit, ou pas, d’autres palabres émanant de sources qui se disent généralement bien informées, il pourrait s’agir d’une proche de cette dernière, qui ne pouvait plus supporter la façon dont l’ancien PM traitait la dame aux éternelles lunettes noires. Raison pour laquelle elle a voulu expédier «lerwa lion» en cage.

 

Qui sont les autres acteurs qui pourraient entrer en scène ?

L’on devrait plutôt parler d’actrice dans ce cas, selon les adeptes de la médisance, encore eux. Le nom de cette diva que tout le monde attend ? Nandanee Soornack. La patronne d’Airway Coffee, tigresse proche du lion, aurait été aperçue avec un cortège de 12 valises lors de son départ du pays, le 11 décembre dernier. Les enquêteurs du Central Criminal Investigation Department la soupçonnent d’avoir effectué un transfert de Rs 800 millions sur un compte en Italie, où elle se trouve actuellement. Elle est fichée auprès du Passport & Immigration Office et les autorités pourraient demander l’aide d’Interpol pour la retracer, Maurice n’ayant pas de traité d’extradition (NdlR, action de livrer un condamné ou une personne poursuivie ou recherchée à un gouvernement étranger qui le réclame) avec l’Italie.

 

Vendredi, l’ancien gouverneur de la Banque de Maurice a également été coffré, toujours dans le cadre de cette affaire. Les enquêteurs mettent les bouchées doubles pour élucider cette affaire qui laisse bouche bée. Et, au train où vont les choses, le décor est planté pour que d’autres figurants fassent une apparition spéciale dans ce feuilleton à rebondissements.

 

D’où vient ce trésor ?

Une partie semble débarquer de «deor» en tout cas, si l’on en croit les dollars et autres devises retrouvés dans les bagages et les coffres-forts. Les limiers du CCID se demandent si cet argent ne proviendrait pas de petites et grandes «commissions» reversées à Navin Ramgoolam par des groupes étrangers à qui le gouvernement d’alors a octroyé de juteux contrats. Les différents comptes en banque, à Maurice comme à l’étranger, de l’ancien futur président de la IIe République sont d’ailleurs passés au crible.

 

Les murs et leurs oreilles soutiennent également que les chèques et autres documents retrouvés dans les «armoires d’acier» de Ramgoolam attesteraient du fait que certains grands groupes mauriciens lui auraient «graissé la patte» pour obtenir quelques faveurs.

 

Les avocats de l’ancien PM, eux, parlent de fausses nouvelles colportées par des calomniateurs. Selon eux, tout cet argent proviendrait de dons que des bienfaiteurs auraient offerts au Parti travailliste. «Les documentsretrouvés dans les coffres n’ont rienrévélé de compromettant. Sauf peut-être des chéquiers qui datent de 1992», ont-ils assuré dans une déclaration faite à l’express en fin de semaine.

 

Cela aura-t-il une incidence sur le «mood» des bailleurs de fonds (NdlR, des personnes qui fournissent des capitaux, dans le jargon économique) ?

Ce serait tout de même embarrassant, selon la bande à Bruit de couloir, que l’on retrouve de «petits présents» remis à Navin Ramgoolam, si offrandes il y a eu. Et, dépendant du montant et de la taille du «cadeau», cela impliquerait que ceux qui seront offerts aux membres du gouvernement actuel soient tout aussi gros et précieux, non ? C’est du moins ce qu’affirment les diffamateurs en (mauvaise) herbe…