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Sculpture en bois: une passion qu'ils ont apprivoisée

20 février 2015, 09:58

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Sculpture en bois: une passion qu'ils ont apprivoisée
Depuis des générations, les Bezeguy font feu de tout bois. Aujourd’hui, la menuiserie familiale est gérée par Jean-Marc Bezeguy et son frère Laval. Ils ont repris le flambeau après le décès de leur père. Toutefois, pour Jean-Marc Bezeguy, travailler le bois ce n’est pas se cantonner à fabriquer des meubles. En effet, passionné de cette matière, il a appris à l’apprivoiser et à la transformer selon ses envies, notamment en sculptures de toutes formes.
 
«Mon père était charpentier à Bel-Ombre. J’ai appris le métier avec lui», explique Jean-Marc en nous accueillant au milieu de ses outils et ses oeuvres. Il raconte comment, à l’âge de huit ans, il aidait son père à retaper les vieux meubles. «C’est ainsi que j’ai appris à polir et à vernir.»
 
Au fil du temps, il apprend toutes les ficelles du métier. Mais cela n’est pas suffisant. Lui, sa passion, c’est de donner vie à des personnages, des créatures. «J’ai appris la sculpture en autodidacte. C’était en moi et ce n’est qu’après le collège que j’ai suivi des cours de Fine Arts. Mais ça n’a duré que six mois car j’ai dû prendre de l’emploi», poursuit Jean-Marc. «Néanmoins cela m’a aidé à m’améliorer en ce qui concerne les proportions.»
 
Sa première création, un bas-relief sur une seule pièce de bois de natte, lui a valu le premier prix au concours Prosi, réservé aux artisans de l’industrie sucrière et à leurs enfants. Ça a été le déclic pour Jean-Marc. Ragaillardi par cette récompense et conforté dans son choix, il multiplie les oeuvres mais s’aventure aussi à la découverte de nouvelles matières.
 
 
Par exemple, il se lance à la conquête de la glace. Puis s’essaie avec des fruits et des légumes, mais aussi avec le polystyrène. Il peint également. Comme l’art et la créativité qui ne cessent d’évoluer, son style aussi est en pleine mutation. L’artiste avoue qu’il fait beaucoup d’efforts pour innover et créer quelque chose qui sorte du lot.
 
«Mes sculptures ne semblent jamais statiques, je leur insuffle toujours cette impression de mouvement», confie-t-il. Il nous montre d’ailleurs son nouveau projet, des poissons qui, effectivement, semblent en mouvement. Les créatures marines tiennent une place importante dans ses créations. «Peut-être parce que je suis né sous le signe du poisson», plaisante-t-il.

«RIEN POUR LES ARTISTES»

Sur une note plus sérieuse, Jean-Marc avoue que la mer, ainsi que tout ce qui y touche, le passionne. «La dégradation de nos lagons et la pollution m’inquiètent. Je pense en faire le thème de ma prochaine exposition, avec un concept fort où les gens découvriront la mer avant de terminer dans de la merde, avec justement tout ce que l’on retrouve comme déchets au bord de la mer», lance le menuisier-sculpteur. À travers ce concept, il veut passer un message fort pour toucher les esprits à propos de ce qui se passe dans nos lagons.
 
En attendant sa prochaine exposition, Jean-Marc partage son temps entre son atelier de menuiserie et ses sculptures. Car même s’il veut se consacrer davantage à son art, il faut bien qu’il gagne sa vie. Puisque, comme il le fait ressortir, à Maurice, l’on ne peut encore vivre de son art. Un état des choses qu’il déplore amèrement.
 
Comme le fait qu’il n’y a pas de lieu où les artistes peuvent exposer dans la région et que l’art n’a pas encore la reconnaissance qui lui est due. «Il n’y a, pour l’instant, rien de concret pour les artistes. J’attends avec impatience le nouveau Budget. Le ministre des Finances a promis de faire plus pour nous», dit-il, plein d’espoir. Il espère pouvoir concrétiser sa prochaine exposition au cours de cette année avec l’aide de sponsors, car c’est ce à quoi l’artiste mauricien est réduit afin de pouvoir exposer, lâche-t-il.