Quinze ans après avoir été mis sous éteignoir, les clubs qui ont fait les beaux jours du football mauricien ont repris du service, hier au Stade George V. La Fire Brigade et le Cadets Club ont lancé le premier duel de la nouvelle trouvaille de la Mauritius Football Association (MFA) : une ligue pour vétéran réunissant huit équipes d’antan.
La pelouse du Stade George V a été témoin de nombreux de leurs nombreux exploits. Hier, les grands noms de ces deux illustres clubs ont foulé cette pelouse, à petit trot, avec la bedaine pour certains, mais avec un réel enthousiasme.
Evidemment, les joueurs des deux équipes ne sont pas dupes. L’aspect communal collé au nom de leurs équipes plane toujours au-dessus de leur tête. Pour montrer que le sport dépasse cette fine marge, les joueurs des deux équipes ont foulé le terrain main dans la main lors de la présentation. Belle image qui réchauffe le cœur et calmé les esprits. Dans les gradins, au début du match à 14 heures, il n’y avait, bien sûr, pas foule. Plusieurs centaines de personnes étaient présentes dans les gradins de première. Néanmoins, la foule gonflait a vue d’œil, au fil du match.
Si jeunesse savait si vieillesse pouvait
Exceptionnellement, les mi-temps ont duré 30 minutes chacune. Les équipes sont composées de joueurs de plus de 45 ans. Un seul joueur de moins de 45 ans peut être sur le terrain. Ces règlements pèsent dans le schéma tactique des équipes, du moins pour celles que l’on a vues hier.
Le dicton Si jeunesse savait si vieillesse pouvait résume tout à fait cette rencontre. La vitesse sur le terrain a pris un rude coup. Certains volent au-dessus de la mêlée comme Dharmendra Gunnuck (Cadets), Jonas France (Fire) voire Patrice D’Avrincourt. Les allers-retours d’une surface à l’autre se faisaient rares. On procèdait plutôt par petites passes pour remonter le terrain ou créer le danger.
C’est là qu’on voit que la plupart de ces joueurs ont une sacrée technique. Même après plusieurs années, les fondamentaux sont toujours là à en juger par la précision dans la passe, dans les transversales, dans la conduite de balle et dans les placements sur le terrain. On connaît tous le virevoltant ailier de la Fire Brigade, Eric Desvaux. Il a perdu un peu de sa superbe, mais ses feintes de corps pour envoyer l’adversaire dans le vent ont suscité quelques clameurs.
Frappe de mule de Dharmendra Gunnuck
Sauf que souvent, dans les derniers gestes, il faut dépoussiérer un peu les tirs et la vista dans la surface de réparation. C’est ce qui a manqué hier et c’est pour cela que le match s’est terminé sur un score vierge. La vitesse d’exécution de l’attaquant a fait défaut. Des deux côtés. Ce n’est pas Jocelyn Permal, avec ses cheveux grisonnants, qui dira le contraire, lui qui a perdu un face à face avec le gardien (51e).
Et souvent quand les attaquants peinent, ce sont les milieux de terrain ou les défenseurs qui viennent à la rescousse.
On connaît les qualités de Jonas France sur les tirs de loin. Il en a tenté deux, en première période. La première a été brillamment captée par le gardien de but Sanjay Gunesh (12e) alors que la deuxième, sur coup franc excentré trois minutes plus tard, a frôlé le montant gauche des Verts.
Dharmendra Gunnuck a, lui, quitté sa défense pour s’aventurer en milieu de terrain à plusieurs reprises. Une frappe de mule à l’orée de la surface de réparation a failli faire mouche (21e). Le portier William Résidu veillait au grain et la puissance du tir était tel qu’il n’a pu que repousser le ballon qui est allé s’écraser sur la transversale. Gunnuck récidiva à quatre minutes de la fin du match mais encore un effort vain qui échoua sur la transversale.
Pour des buts, il faudra repasser…
Feuille de match
Fire Brigade :
William Residu – Patrice D’avrincourt, Curtis Calambe, Antonio Tuyau, Eric Achille, France Jonas, Norman Fozoo, Jean-Marc Changou, Jacques Jackson, Bruno Randrianarivony et Jean-Claude Rakotomavo.
Entrés en cours de jeu : Eric Desvaux, Jocelyn Permal et Hailey Appadoo.
Remplaçants : Suraj Teelwah, Steeve Coutet, Jacques Theo, Charles Palmyre et Ecosse Geneviève.
Cadets Club :
Sanjay Gunesh – Chandra Bhoyroo, Dharmendra Gunnuck, Rajasimgh Mehess, Ajay Fokeera, Shashi Prayag, Ramen Nikita, Sanjay Nuckchedee, Geanduth Jeebodh, Vickram Purahoo, Sohunlall Maneeram et Jaikishen Ramkurrun.
Entrés en cours de jeu : -
Remplaçants : Arvind Dookun, Kris Veerapen, Swaran Choolhun, Shailendra Sobnack, Ajaye Kangaleea, Pravin Bukhory et Jaylall Boojhawon.
Réactions
Arvind Dookun (Cadets Club) : «La passion nous fait jouer, même à 13h30 !»
«Cela nous fait plaisir et cela nous donne une grande fierté de fouler à nouvaeu ce stade mythique de George V. On espère que les matches en lever de rideau feront que les spectateurs reviendront dans les stades pour voir ces joueurs qui ont joué pour ces équipes mais aussi pour la sélection nationale de l’époque. Le football ne divise personne. C’est la passion du football qui nous réunit. Ceux qui pensent que le football divise ne font pas partie de cette grande famille du foot mauricien. Pour les affiches Fire-Cadets, le stade était toujours bien rempli. Aujourd’hui nous avons commencé à 13h30. A 50 ans, on joue dans cette chaleur et ce n’était pas facile. Nous voulons montrer au public que nous avons encore de beaux restes et apporter notre soutien à la MFA.»
Jacques Jackson (Fire Brigade) : «Autant de monde dans les matches régionaux»
«C’est important pour nous vétérans d’avoir des petits matches comme ça, un dimanche, pour passer un bon petit moment. Cela nous fait plaisir aujourd’hui de voir ce grand nombre de supporters pour la finale et je souhaite qu’il y ait autant de monde dans les autres matches régionaux. Il y a une petite amélioration dans notre football. Au fur et à mesure que cela va se développer, ce sera intéressant. Aujourd’hui on a essayé de marquer des buts mais ki pou faire.»
Saoud Lallmohamed (président de la Commission technique de la MFA) : «Notre agenda est clair : c’est de rendre le football au peuple»
«En 1983, on avait changé l’appellation des clubs. Le nom de la Fire et du Cadets Club passait comme des entités nationales. Cela n’avait absolument rien à faire avec le football communal. Aujourd’hui ce que nous exposons au stade, c’est le football dans son état pur avec toutes les grandes valeurs que le sport peut véhiculer. Voilà, les faits parlent d’eux-mêmes (NdlR : en montrant l’ambiance dans les gradins). Notre agenda est clair : c’est de rendre le football au peuple à travers des moyens que nous considérons très nobles et très sportifs. Notre démarche n’a rien d’occulte. Elle est faite et conduite ouvertement par des gens qui ont un vecu tellement riche dans le football. Et aujourd’hui quand les vétérans ont demandé qu’ils apportent leur soutien dans ce renouveau de notre football, on les a accueillis à bras ouverts et je crois qu’on a très bien fait.»