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La BAI liquidée
C’est le début de la fin pour la British American Investment (BAI). Le groupe façonné par Dawood Rawat sera démantelé dans les jours à venir. Ses enseignes les plus connues, à l’instar du concessionnaire automobile Iframac, la chaîne de magasins Courts ainsi que l’hôpital privé Apollo Bramwell, seront venduesau plus offrant afin de renflouer les caisses de la British American Insurance, levaisseau amiral du groupe.
Si ce conglomérat vieux de 46 ans et figurant à la 7e place du Top 100 des sociétés locales s’effondre, c’est après la décision de l’hôtel du gouvernement de lui enlever son permis bancaire «dans l’intérêt public». La licence d’opération de la Bramer Bank a été révoquée par la Banque centrale dans la nuit de jeudi à vendredi à cause d’un manque de liquidités, ses clients - l’État en premier - ne cessant d’effectuer des retraits massifs.
Par effet domino, le pôle assurance du groupe a été placé sous la tutelle de deux conservateurs par la Financial Services Commission (FSC), le gouvernement considérant que ses activités sont assimilables à une chaîne de Ponzi. Il est reproché à la BAI d’avoir investi la majeure partie de l’argent placé par 156 000 clients dans ses différentes filiales et de ne pas disposer des fonds nécessaires, soit Rs 25 milliards, pour les rembourser lorsque leurs contrats d’assurance arriveront à maturité.
La nouvelle ayant fait l’effet d’une bombe, le Premier ministre a dû se ruer dans les brancards dans la matinée de vendredi pour justifier son action. Sir Anerood Jugnauth a expliqué qu’il a fallu mettre un terme aux opérations de la BAI afin que l’argent des clients soit sauvegardé. Il en a remis une couche lors d’une autre célébration de ses 85 ans dans la soirée, indiquant avoir agi dans «l’intérêt du pays» afin d’éviter que le groupe ne fasse «d’autres victimes».
Plus fin, afin de rassurer les clients de la Bramer Bank, le ministre des Finances Vishnu Lutchmeenaraidoo a tenu une deuxième conférence de presse pour annoncer que l’établissement va passer sous le contrôle de la State Bank of Mauritius (SBM). Surtout que la banque est restée fermée vendredi et les guichets automatiques étaient hors service à deux jours de la Pâques. Hier, cela a été la ruée aux différentes succursales quand la banque a permis des retraits.
À midi, Vishnu Lutchmeenaraidoo a tenu une autre conférence de presse aux côtés du ministre de la Bonne gouvernance, Roshi Bhadain, et de l’Attorney General, Ravi Yerrigadoo, pour rassurer cette fois les clients et les employés du pôle assurance de la BAI. Celui-ci passera sous une nouvelle entité créée par l’État, enlevant une épine du pied d’André Bonieux, un des deux conservateurs nommés par la FSC, chargé de se pencher sur les actifs et les passifs de la British American Insurance.
De nouveaux règlements sous l’Insurance Act seront introduits, a annoncé Roshi Bhadain, afin que la nouvelle structure qui chapeautera le pôle assurance de la BAI puisse fonctionner. Tout en soutenant que les comptes des 135 283 clients sont désormais «protégés», il a déploré le système de contrôle de la FSC, allant jusqu’à alléguer qu’il y a eu des ingérences politiques quant à des actions contre la BAI sous le gouvernement de Navin Ramgoolam.
«Au moment où des décisions devaient être prises, ce sont les relations incestueuses entre Navin Ramgoolam et Dawood Rawat qui ont joué» a martelé Roshi Bhadain. Il a, par la même occasion, démenti l’information de l’express d’hier qui a indiqué que Dawood Rawat a voulu sauver la Bramer Bank grâce à un transfert de Rs 1,4 milliard. En fait, au sein de la BAI, il était question que le groupe Samena Capital injecte 50 millions de dollars américains, soit Rs 1,5 milliard, dans l’établissement via KPMG India.
Alors que son collègue Mushtaq Oosman du cabinet PricewaterhouseCoopers (PwC) sera au chevet de la Bramer Bank, André Bonieux s’occupera du pôle assurance de la BAI. Des actuaires sud-africains devraient l’épauler d’ici mardi dans sa tâche. Les actifs seront connus à mercredi, les passifs d’ici vendredi.
L’équipe d’André Bonieux aura à se pencher sur les 153 000 Regular Payment Policiesdont le passif est de Rs 4 milliards. De même que sur les 23 000 Single Premium Policy qui, à maturité, se chiffrent à Rs 21 milliards. Dans le premier groupe, ce sont des gens qui versent mensuellement de petites sommes.
Quant au second, ce sont dejackpot durant une période établie dans l’espoir de toucher un meilleur pactole. Ce, sans avoir à payer des taxes sur l’intérêt - introduites sous Pravind Jugnauth du temps où il était Grand argentier - s’ils s’étaient tournés vers une banque.
Comment la BAI allait- elle payer ces Rs 25 milliards ? La tâche d’André Bonieux consistera à effectuer un relevé des biens immobiliers du groupe. Tels que les immeubles, les «bonds» ainsi que les investissements à l’étranger. De même que les 23 % de parts dans une filiale kenyane et qui représentent le joyau de la couronne de l’empire de Dawood Rawat : ils devraient rapporter Rs 5 milliards s’ils sont mis en vente sur le marché international.
Il n’est également pas exclu que les filiales telles qu’Iframac, Courts et Apollo Bramwell soient liquidées. Bien évidemment aux plus offrants. La concession Iframac - représentant des marques telles que Dodge, Jeep, Mercedes, Mitsubishi et Peugeot - ayant fusionné avec la chaîne de magasin d’électroménager Courts, il faudra les séparer.
D’un côté, même si la santé financière d’Iframac ne semble pas être au beau fixe, plusieurs groupes se bousculent au portillon pour se l’approprier. Même chose pour Courts, spécialiste de la vente à tempérament dont le succès n’est plus à faire. Reste Apollo Bramwell : celui-ci a fait des pertes durant ces quatre dernières années mais il semble avoir fait de bonnes progressions,pouvant «break even» à la fin de la présente année financière.
L’hôpital, qui est la fierté de Dawood Rawat, est également un lot de choix, d’autant qu’il offre des services de qualité et que Maurice se positionne dans le secteur du tourisme médical. Reste Ireko, une filiale qui n’a pas vraiment décollé, sauf son fameux contrat obtenu pour la rénovation de l’hôtel du gouvernement, et la Western Union qui est, elle, profitable. De même que les actions dans certains groupes médias.
Si ces biens sont proposés à la vente, après le feu vert de la FSC, les appels d’offres devraient être lancés d’ici un délai de six mois. À la FSC, on indique que des mesures avaient été prises dès 2004 pour rappeler la BAI à l’ordre quant à ses «related transactions ». Mais le gouvernement de Navin Ramgoolam, aussitôt revenu au pouvoir, a remercié le directeur de l’institution, Iqbal Rajabalee.
Au pied du mur, l’état-major de la BAI collabore avec les conservateurs André Bonieux et Mushtaq Oosman même si le ministre de la Bonne gouvernance estime qu’ils sont responsables de la situation danslaquelle se retrouve le groupe. Ils devraient être remerciés d’ici peu.
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