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La Valette: des habitants se disent exclus du développement
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La Valette: des habitants se disent exclus du développement
«Ni nou delo, ni nou la-limier ek mem lakaz-la pena nou nom lorla», résume un habitant de La Valette. Preuve à l’appui, il nous montre sa facture où il n’y a pas de nom, seulement un numéro de maison, State Development Co Ltd, Bambous. N’ayant pas d’adresse, ni les moyens de s’en sortir, les résidants de La Valette se disent considérés comme «non existants» aux yeux de la société.
«Dans une société où pour la moindre démarche comme ouvrir un compte bancaire, on vous demande une preuve d’adresse, nous n’avons rien pour en attester. Comment voulez-vous qu’on progresse?» s’insurge Samuel Narain. Il en a fait l’amère expérience, comme Niroy Hazemoth : sans preuve d’adresse, pas de compte bancaire, pas de moyen d’avancer.
«Je suis en train de frapper à toutes les portes pour lancer mon business de catering et ce, depuis plus d’une année. Cependant nous sommes bloqués à chaque fois en raison de la preuve d’adresse: pas de prêt alors que trouver de l’emploi à La Valette est impossible», témoigne Niroy Hazemoth.
«Nous souffrons de la mauvaise étiquette accolée à ce quartier»
Ce jeune homme et ses voisins massés devant une des résidences arguent qu’ils sont «prisonniers» du cadre «La Valette». Ils disent que citer le nom de leur résidence ferme bien des portes. «À plusieurs reprises, je suis parti chercher du travail. Dès que je dis que je suis de La Valette, on me dit de rentrer et qu’on m’appellera après mais rien. Nous souffrons de la mauvaise étiquette accolée à ce quartier», déplore Ludovic Prosper.
C’est d’ailleurs pour cette raison que Niroy Hazemoth voulait lancer son entreprise. Il souhaitait créer de l’emploi dans le village lui-même. Celui qui a été cuisinier dans le domaine hôtelier assure qu’au moins une demi-douzaine de jeunes serait employée à travers son entreprise.
Une autre doléance des habitants de La Valette est le manque de développement et de suivi de la part de la National Empowerment Foundation (NEF), qui est à l’origine de ce village intégré. Cette instance visait à mettre fin au cycle de pauvreté chez ceux qui ont bénéficié d’un logement social à La Valette. «On nous a mis dans un trou et on nous a oubliés», insiste Ludovic Prosper, irrité. Comme lui, bien des habitants regrettent le fait qu’un cadre de la NEF ne vienne plus sur place régulièrement.
«On ne fait pas grand cas de nous»
«Avant une personne était sur place en permanence et on pouvait aller la voir pour nos problèmes. Maintenant il faut aller à Port-Louis et même là, on ne fait pas grand cas de nous», dit Saida Chicorée. Cette femme a entamé des démarches en vue d’agrandir sa maison mais elle est désormais inquiète: «On m’avait dit d’aller de l’avant et maintenant on me dit que je n’en ai pas le droit et qu’on va venir raser cette partie», lance-t-elle amère car elle y a investi ses économies.
Il y a toute une liste de restrictions liées à leur contrat social particulier qui, selon eux, les pénalisent, par exemple l’extension des maisons après trois ans. «Cela fait six ans que nous y sommes. Nous ne savons pas s’ils vont construire pour nous ou si nous devons encore attendre», dit un des interlocuteurs.
«Ils encourent des risques»
Contacté, le Communication Manager de la NEF réfute les dires selon lesquels il n’y a pas d’adresse. Des procédures en ce sens ont été enclenchées en septembre 2014 et les résidants ont reçu des lettres afin qu’ils puissent être connectés à leur nom au réseau national de fourniture d’eau et d’électricité. «Néanmoins, ils doivent eux-mêmes s’acquitter des frais d’inscription même si la NEF a facilité les processus à travers ces lettres. À ce jour, ils sont très peu à l’avoir fait», déplore-t-il.
Il ajoute qu’il y a quatre ans, avec le soutien du Lions Club de Rivière-Noire, les rues avaient été nommées d’après des noms de fleurs. Pourtant, aujourd’hui, il ne reste plus aucune de ces plaques, celles-ci ayant été probablement vandalisées.
En ce qui concerne l’extension des maisons, le Communication Manager est catégorique: elle ne peut se faire que si le bénéficiaire y a vécu trois ans et qu’il est en règle quant au paiement des mensualités pour la maison. Or, selon lui, beaucoup ne paient pas régulièrement et construisent comme ils veulent.
«Il faut l’aval de la NEF et également un permis de construction du conseil de district car à construire dans l’illégalité, ils encourent des risques. Cela peut poser problème à l’avenir», fait-il ressortir. Finalement il maintient que l’officier responsable de La Valette reste joignable 24/7 par téléphone alors que les forces vives font la liaison en cas de gros problème.
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