À l’entrée de Port-Louis, aux abords de Grande-Rivière-Nord-Ouest, il est impossible de rater le grand panneau blanc de l’atelier de menuiserie Chrisdy Decor Ltd. Dirigée par Sylvio Arékion, cette PME opère depuis bientôt 20 ans. Si aujourd’hui, Sylvio Arékion se retire graduellement pour passer le relais à ses deux fils, Giovanni et Thierry, il n’oublie pas ses débuts ainsi que ceux de son entreprise.

Sylvio Arékion a longtemps travaillé dans l’atelier de menuiserie de Blanche Birger jusqu’à ce que celui-ci ferme ses portes. «Lorsque j’ai perdu mon emploi, j’ai décidé de créer une coopérative», dit le menuisier. Avec ses 11 membres, la coopérative ne fait pas long feu. C’est alors qu’il se met à son propre compte, dans un petit atelier qu’il construit dans sa cour. Cinq personnes y sont employées, mais au fil du temps, l’atelier se fait un nom, grâce au bouche- à-oreille.

Chiffre d’affaires de Rs 12 millions par an

Aujourd’hui l’entreprise emploie 20 personnes et réalise en moyenne un chiffre d’affaires annuel de Rs 12 millions. Elle occupe un espace de 600 pieds carrés. Mais avec tous les magasins de meubles qui ont poussé comme des champignons au fil des années, comment l’entreprise a-t-elle fait pour perdurer ?

«Nous faisons exclusivement du sur-mesure et c’est cela qui a vraiment fait notre réputation, en plus du service après-vente»,explique Giovanni Arékion, le fils cadet de Sylvio et directeur de Chrisdy Decor Ltd.

Les réalisations de l’atelier sont pour le moins impressionnantes. En sus d’avoir travaillé pour l’hôtel Hilton à Maurice, Chrisdy Décor Ltd a également travaillé pour Lemuria Resorts aux Seychelles ainsi que pour The Sands. D’ailleurs, le jour où nous visitons l’atelier, les menuisiers travaillent sur un love seat pour l’hôtel Hilton ainsi que des meubles de cuisine pour des particuliers.

Outre l’ameublement d’intérieur et extérieur, l’entreprise est spécialisée dans la pose de faux plafonds, plinthes, pergolas ou corniches.

Manque de main-d’œuvre

«Notre clientèle se compose de particuliers, d’entreprises, de magasins et d’hôtels»,détaille Giovanni Arékion, précisant que Chrisdy Decor travaille aussi avec des ateliers de design tout en étant aussi un main contractor pour des projets d’aménagement intérieur. Si les affaires marchent bien, il y a tout de même une ombre au tableau : le manque de main-d’œuvre. «Notre principal objectif est d’augmenter notre capacité de production mais cela ne peut se faire car on manque cruellement de main-d’œuvre qualifiée», déplore Sylvio Arékion. Il explique avoir eu l’occasion de recevoir de jeunes stagiaires, «mais sur les dix jeunes qui commencent chez nous, un seul reste définitivement. La plupart se désistent au fur et à mesure».

Pourtant, il se dit prêt à ouvrir ses portes à ceux et celles qui veulent embrasser ce métier. «S’il faut prêter main-forte au gouvernement pour des séances de formation, je suis prêt à le faire», ajoute-il. Sylvio Arékion souhaite également voir plus de femmes dans le métier. «J’ai déjà eu une fille qui travaillait dans mon atelier et elle faisait un excellent travail.»

Meubles uniques

Quid des meubles importés vendus à prix cassés ? Nos interlocuteurs donnent une réponse sans équivoque : le prix est alléchant mais la qualité n’y est pas toujours. «Et ce dont il faut se rappeler, c’est que les meubles sur mesure ont l’avantage d’être uniques», ajoute Giovanni Arékion. Et de nous servir une petite anecdote : celle d’un client qui avait fait venir ses meubles de Chine. «Il nous avait demandé de ne procéder qu’à l’installation. Mais il est revenu vers nous au bout de quelques mois pour nous dire de tout démonter et de refaire le meuble.» Preuve, à ses yeux, que le savoir-faire local n’est plus à prouver.