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Alan Ganoo, président démissionnaire mauve: «Paul Bérenger ne croit pas dans la réforme du MMM»
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Alan Ganoo, président démissionnaire mauve: «Paul Bérenger ne croit pas dans la réforme du MMM»
L’ancien fidèle lieutenant de Paul Bérenger se laisse aller à des confidences depuis sa démission. Il affirme que son ex-leader ne veut pas de renouveau.
Découvrir après 45 ans que Paul Bérenger n’en fait qu’à sa tête au MMM, n’est-ce pas un peu trop tard ?
Il n’est jamais trop tard… C’est vrai, j’ai milité pendant ces 45 dernières années sous le leadership de Paul Bérenger. Au fil des années, j’ai été confronté à de nombreux changements dans la situation du pays et sur l’échiquier politique. J’ai pris de l’épaisseur au niveau du parti, j’ai gravi les échelons et je me suis rapproché un peu plus du leader.
Il n’est un secret pour personne que Paul Bérenger a une forte personnalité. Beaucoup de ceux qui sont dans son entourage l’acceptent tel qu’il est. D’autres, très tôt, sont entrés en conflit avec lui.Bien souvent, dans le passé, des cassures sont intervenues pour des raisons politiques mais aussi à cause du défaut caractériel et de l’intransigeance de Paul Bérenger.
J’ai été de ceux qui pensaient qu’il fallait être patient. Qu’il allait changer. Je l’ai respecté. Finalement, aujourd’hui, il est clair que Paul Bérenger restera l’homme qu’il a toujours été. Il continuera à mener le parti à la baguette tout en faisant miroiter un semblant de démocratie. Il traite avec mépris ceux qui ont un avis contraire au sien. Parfois il est même insultant. J’ai vécu cela ces derniers temps.
Vous semblez reprendre les récriminations de sir Anerood Jugnauth de 1982.
La situation n’est pas la même. À l’époque, le problème ne portait pas uniquement sur le fonctionnement du MMM. Ce qui est cependant commun, c’est que Paul Bérenger n’a pas suffisamment été à l’écoute. Il n’a été ni plus conciliant ni plus humain. Si ç’avait été le contraire, le parti aurait connu moins de cassures.
Depuis quand avez -vous constaté que le MMM déviait de ses principes ?
La dérive a débuté il y a plusieurs années. Encore une fois, le maître à penser du MMM aurait dû prendre les décisions qui s’imposent pour définir la direction du parti. C’est lui qui dicte l’orientation politique du MMM. Quelquefois, il y a eu de bonnes décisions.Certains rêves socialistes de gauche ont été revus. On a mis de l’eau dans notre vin. D’autres décisions ont été moins bonnes, surtout celles qui ont mené à des cassures au sein du parti.
Vos camarades démissionnaires ont critiqué l’alliance avec le Parti travailliste. Qu’avez-vous fait pour vous y opposer au moment des négociations ?
Je n’ai pas mauvaise conscience. J’ai négocié cette alliance sur les instructions de Paul Bérenger. Je n’ai été qu’un exécutant. L’alliance était basée sur des raisons politiques et l’ensemble des militants l’ont plébiscitée par bulletin secret au comité central.
Seules deux personnes s’y sont opposées : Vishnu Lutchmeenaraidoo et Ivan Collendavelloo. Avec le recul, il faut reconnaître publiquement que tous deux avaient raison. Mais nous étions obnubilés par l’idée que, pour la première fois dans l’histoire du parti, le leader allait être Premier ministre pour cinq ans. Même Paul Bérenger pensait que c’était trop beau pour être vrai.
Qui a insisté pour que le leader du MMM soit Premier ministre pour cinq ans ?
Évidemment, c’est Paul Bérenger. C’était la condition sine qua non pour la conclusion de l’alliance. Il fallait comprendre le contexte. L’objectif du MMM était de nettoyer le pays. Et il fallait que Paul Bérenger soit le chef du gouvernement pendant tout un mandat.
Avec la manifestation des militants à la rue Ambrose, n’avez-vous pas eu un sursaut ? En disant à Paul Bérenger, par exemple, qu’il allait droit dans le mur ?
Nous avons voulu faire la différence entre nos activisteset notre électorat. Nous avons pensé que les activistes purs et durs avaient manifesté pour des raisons émotionnelles et idéologiques…
Le MMM avait pourtant jeté le blâme sur le MSM…
Nous pensions que l’électorat du MMM allait accepter ce deal. Après toutes ces années passées dans l’opposition, Paul Bérenger Premier ministre était une perspective alléchante. Cela aurait été la fin de la traversée du désert. Nous avons eu tort. Si nous avions écouté nos activistes, nous n’en serions pas là aujourd’hui.
Pourquoi n’avoir pas refusé de jouer à l’agwa auprès de Navin Ramgoolam ? En invoquant une clause de conscience ?
Je suis un homme de parti. Quand mon leader m’a donné des instructions, j’ai obtempéré. J’ai d’abord été envoyé chez Navin Ramgoolam pour négocier une réforme électorale…
Ce n’était qu’un prétexte…
Pas du tout ! On pensait sincèrement que la réforme électorale était nécessaire. Il fallait un système plus juste. Avec la réforme, le MMM n’aurait pas eu besoin d’alliance pour affronter les élections législatives.
Et nul besoin d’un leader issu d’un groupe socioculturel spécifique pour accéder au poste suprême ?
Je suis catégorique. Je suis un Mauricien à part entière et j’ai toujours pratiqué la politique autrement. Je suis député d’une circonscription qui est un microcosme du pays. Tout est une question de mentalité. Aujourd’hui, n’importe quel Mauricien peut aspirer à être Premier ministre. L’électorat a acquis de la maturité.
Maintenant que vous avez rompu les amarres avec le MMM, allez-vous vous rallier au Muvman Liberater ?
Du tout. Paul Bérenger a commencé à distiller cette rumeur depuis jeudi. Nous nous sommes séparés du MMM et nous allons continuer à faire de l’opposition. Aucune alliance avec un autre parti n’est à l’agenda.
Vos camarades et vous-même caressez pourtant l’idée d’une réunification des militants…
Il n’y aura aucun rapprochement avec le Muvman Liberater. Tout militant rêved’une réunification. Je n’exclus pas, plus tard, une réunification des membres du MMM et du Muvman Liberater.
Comment expliquez -vous alors la présence de l’épouse d’Ivan Collendavelloo à votre conférence de presse jeudi ?
Elle était déjà à l’hôtel Labourdonnais et elle est venue saluer des camarades. Quand elle a réalisé ce que nous étions en train de faire, elle est partie.
Rassurez-nous : elle ne sera pas membre de votre parti ?
Je ne crois pas que son mari appréciera. D’autant qu’il est le n°4 du gouvernement. Ce sera une drôle de situation.
Votre parti s’appellera-t-il le Renouveau militant ?
Nous n’avons pas encore choisi.
D’autres membres de la direction du MMM vont-ils sauter le pas ?
Non. Personne du bureau politique. Nous avons des sollicitations à d’autres niveaux. Et aussi d’anciens militants.
Comment voyez- vous l’évolution future du MMM ?
Paul Bérenger ne croit pas dans la réforme du parti. Il pense détenir la solution à tous les problèmes. Qu’avec son passé, c’est suffisant pour contrer l’adversité. Mais les récents événements ont démontré qu’il est faillible et que le parti en paie le prix. Si Paul Bérenger continue d’opérer comme à son habitude, l’avenir s’annonce très sombre pour le MMM.
Allez-vous continuer d’avoir des séances de brainstorming avec Steven Obeegadoo ?
Depuis notre démission, on ne s’est pas parlé. En compagnie de Kavi Ramano, Atma Bumma et moi-même, il a participé à plusieurs séances de réflexion. Il a préféré serallier au MMM. Je ne serais pas étonné qu’après le changement conjoncturel d’attitude à son égard, Steven continue à revivre le processus d’humiliation et de marginalisation dont il a été victime.
Allez-vous aligner des candidats aux élections municipales ?
Nous réfléchissons à la question. Et à la forme de notre participation.
Et le financement ?
Nous avons commencé à piocher dans nos poches. Jeudi, nous avons contribué pour une salle au Labourdonnais.
La BAI n’est malheureusement plus là…
Je ne sais pas qui au MMM a pris de l’argent de la BAI. Je n’ai jamais été informé des donations de la part de Dawood Rawat.
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