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Marchandises bloquées en douane: Mauritius Duty Free Paradise risque la rupture de stock

2 mai 2015, 14:46

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Marchandises bloquées en douane: Mauritius Duty Free Paradise risque la rupture de stock

Dans les boutiques hors taxes de l’aéroport, certains rayons font grise mine. La Mauritius Duty Free Paradise (MDFP) risque la rupture de stock. La raison: la marchandise est bloquée en douane. Faute de Chief Executive Officer (CEO) pour signer les documents de dédouanement, onze conteneurs de parfums, de cigares détaxés et autres champagnes millésimés «dorment» au port. Cela fait plus d’un mois que cela dure... et que cela coûte à la compagnie suisse Dufry, qui approvisionne et assure la gestion de la MDFP.

 

Au siège de la compagnie, à Bâle, on commence à trouver le temps long. «Plus d’un million de roupies ont déjà été déboursées en frais de stockage», houspille un comptable. D’où l’intention de la direction de «rapatrier la marchandise en Suisse». Une décision sera prise dans les prochains jours. Sachant que Dufry est le fournisseur exclusif des produits hors taxes de Plaisance, cela signifierait, très vite, des boutiques amplement dégarnies.

 

«L’appel d’offres et le contrat signé avec Frydu étaient tout à fait légaux»

 

Si le leader mondial des boutiques d’aéroports commence à perdre patience, c’est aussi parce que la «séquestration» de ses deux cadres, Thomas Galet et Simo Carevic, le 16 février, a été «vécue comme un traumatisme» au siège bâlois. La direction, pour l’instant, refuse de communiquer officiellement au sujet de cette affaire. «Trop sensible», dit-on. Les soupçons de corruption? «Infondés et aberrants.» Les liens avec le duo Gooljaury- Soornack? «L’appel d’offres et le contrat signé avec Frydu étaient tout à fait légaux. Nous n’avons rien à nous reprocher», fait-on ressortir.

 

En attendant, les factures impayées s’accumulent. La MDFP, selon nos recoupements, doit Rs 350 millions à Dufry. Contacté hier soir, le Chairman de la MDFP, Rashid Daureeawoo, n’a ni confirmé ni infirmé ce chiffre et a précisé que «le board aura une décision collective à prendre sur cette question». Inquiets pour leur image de marque, isolés, les Suisses cherchent des leviers. Ces jours-ci, ils ont frappé à plusieurs portes politiques et diplomatiques.

 

Bras de fer avec le gouvernement 

 

C’est qu’en marge de la marchandise et des factures en souffrance, Dufry n’a plus de CEO localement. Depuis son départ précipité, il y a deux mois, Simo Carevic n’a pas été remplacé. À l’aéroport, la gestion quotidienne des boutiques est devenue un casse-tête. Un successeur de Carevic avait pourtant été désigné par Dufry, comme le prévoit le Management Service Agreement passé avec la MDFP. Sauf que le conseil d’administration de la MDFP ne s’est pas réuni pour valider la nomination. Le bras de fer avec le gouvernement se poursuit.

 

En coulisse, cependant, on s’est activé pour une sortie de crise. Fin mars, un émissaire est mandaté par Dufry. Sa mission: renouer le dialogue avec le gouvernement. Une rencontre est organisée dans une capitale européenne, elle est fructueuse, «l’homme» de Dufry est pressenti pour être nommé CEO. Rashid Daureeawoo confirme du bout des lèvres: «C’est vrai qu’un nom nous a été soumis, mais je ne souhaite pas en dire davantage.» Alors, qui? Selon nos informations, il s’agit d’un homme d’affaires mauricien qui s’est fait un nom dans plusieurs îles de la région en gérant des boutiques hors taxes.

 

Cet homme semblait faire l’unanimité. C’était il y a un mois. Depuis, plus rien. Silence radio de la MDFP. D’où «l’incompréhension» de Dufry qui s’attendait à un «dénouement rapide». Le gouvernement cherche-t-il à gagner du temps avant d’annoncer la résiliation du contrat? C’est ce que laisse entendre l’entourage de Pravind Jugnauth. Sondés sur cette éventualité, les Suisses sont perplexes. Les indemnités à réclamer en cas de rupture abusive du contrat s’élèveraient à plusieurs milliards de roupies...