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Ivan Collendavelloo, leader du Muvman Liberater (ML): «Je n’accueillerai aucun transfuge MMM»

10 mai 2015, 06:27

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Ivan Collendavelloo, leader du Muvman Liberater (ML): «Je n’accueillerai aucun transfuge MMM»
Vous les sentez comment, ces municipales ?
Comme une bouffée d’oxygène démocratique. Des municipalités peinent à travailler. Prenez Port-Louis : treize conseillers élus sous la bannière MSM-MMM, onze sous l’alliance PTr-PMSD; ces alliances n’existent plus, on n’y comprend plus rien. Le scrutin du 14 juin permettra d’y voir clair et de faire émerger des majorités qui peuvent enfin travailler. L’autre point, c’est, ainsi que dit SAJ, l’indispensable nettoyage. Il est en cours au niveau de l’État, c’est au tour des municipalités.
 
L’opposition est un champ de ruines, comment les cinq villes pourraient-elles échapper à la majorité ?
L’excès de confiance est le premier ennemi. Il nous faut aborder cette campagne avec modestie, ne surtout pas céder à la tentation de l’arrogance. L’autre danger, c’est l’abstention. Les gens font confiance à l’alliance Lepep, il y a un risque de démobilisation. Les abstentionnistes ne pourront s’en prendre qu’à eux-mêmes si leur ville tombe en décrépitude. Pour améliorer son cadre de vie, il faut s’impliquer. Et s’impliquer, c’est commencer par choisir celles et ceux qui dirigeront la ville.
 
Saignante, la guéguerre des tickets ?
Non, elle a débouché sur un consensus : 26 tickets pour le Muvman Liberater (ML), 34 pour le PMSD et 60 pour le «grand frère». 
 
Cette répartition vous convient-elle ? 
Bien sûr que non, dans l’absolu j’aurais aimé 120 tickets ! Mais au ML nous ne sommes pas des gens gourmands. 
 
Un maire «Liberater» à Beau-Bassin-Rose-Hill, c’est un objectif ?
C’est une ambition légitime, nous en discuterons au sein de l’alliance, mais je n’irai pas me bagarrer pour ça.
 
Six mois après la création de votre parti, vous faisiez élire sept députés au Parlement. Cela n’a pas fait naître des ambitions ?
Cela peut faire enfler les têtes, surtout ! Je vous rassure, ce n’est pas mon cas.
 
Pas gourmand, pas prétentieux… quels sont vos défauts ?
Oh, ils sont nombreux mais je les cache bien ! (sourire)
 
Vous avez fait la dernière campagne des législatives sur l’expression «pourriture travailliste». Avez-vous trouvé des traces de pourriture au ministère de l’Énergie ?
Eh bien, non. Rashid Beebeejaun, mon prédécesseur, n’est pas un pourri. Sur CT Power, par exemple, nous avions des suspicions mais on n’a rien trouvé. L’ancien ministre n’a pas laissé un héritage trop catastrophique. Il y a eu certes un peu de négligence, de laisser-aller, mais pas de corruption. Quant à l’expression «pourriture travailliste», ce n’est pas de moi, je l’ai empruntée à Paul Bérenger car elle était et reste tout à fait pertinente.
 
Paul Bérenger continue-t-il à vous obséder?
Pourquoi cette question ?
 
Parce que vous êtes incapable d’aligner dix phrases sans le mentionner…
C’est normal. Il joue un rôle prédominant dans la politique mauricienne. Ces trente dernières années, tous les chemins ont mené à Paul Bérenger.
 
Y a-t-il eu un chemin BAI-MMM ?
Je ne sais pas.
 
Alors pourquoi avoir posé la question publiquement ?
Parce que j’ai entendu dire que la BAI avait financé le MMM aux dernières élections.
 
C’est une information ?
Non, c’est une rumeur, je n’affirme rien. Il serait bon que Paul Bérenger nous dise une bonne fois pour toutes s’il a reçu de l’argent de la BAI. Si c’était le cas, je précise que cela ne ferait pas de lui le complice d’une entreprise de malfaiteurs.
 
Depuis quand un avocat pose-t-il une question à laquelle il n’a pas la réponse ?
Vous oubliez que je ne suis plus avocat, je suis devenu un homme politique à temps plein (sourire en coin).
 
Vous étiez adjoint au leader du MMM, donc informé sur d’éventuelles transactions…
Exact. Si quelque chose s’est passé, c’est après mon départ du MMM, entre avril et décembre 2014. Avant, je l’aurais su, Bérenger m’en aurait parlé. Il a toujours été très clair avec moi sur les questions de financement.
 
On ne vous voit plus faire les yeux doux aux déçus du MMM. Ils ne sont plus les bienvenus au Muvman Liberater ?
J’ai cessé de dire que j’ouvrais les bras aux déçus du MMM depuis les premiers mouvements de dissidence. Depuis le départ de Barbier, en fait. La raison est simple : je ne veux pas donner l’impression de faire du débauchage, ou pire, d’encourager le «transfugisme».
 
Parce que quand vous ouvriez les bras, c’était juste un besoin câlin ?
(Ton ferme) Entendons-nous bien : le terme de transfuge désigne un député qui passe d’un côté de la Chambre à l’autre. Dans le jargon westminstérien, on dit qu’il cross the floor. Cela ne s’applique qu’aux élus. Le sympathisant ou l’agent qui décide de changer son affiliation politique, ce n’est pas un transfuge, c’est la démocratie. Pour les municipales, le ML aura fort probablement quelques candidats issus de la dissidence MMM. Mais pas d’élus ni même de têtes d’affiche.
 
Vous faites donc votre «marché» parmi les militants, pas les élus ?
La base militante est effectivement la bienvenue au ML, Alan Ganoo non, ni les autres députés démissionnaires. Si demain ils intégraient le ML, je me rendrais complice d’un acte de transfugisme, c’est contre mes principes. Ceci dit, une alliance avec le futur parti de Ganoo, qui conserverait son autonomie politique, est envisageable.
 
Envisageable ou envisagée ?
Comme vous voulez...
 
Alan Ganoo n’est donc pas votre futur n° 2 ?
Non. Nous avons été très clairs là-dessus, lui et moi.
 
Et il n’y a aucune chance que Joe Lesjongard, Kavi Ramano ou Raffick Sorefan intègrent le ML ?
Aucune. Que ce soit clair : je n’accueillerai aucun transfuge MMM. Par contre, je vous l’ai dit, il n’est pas exclu que leur nouveau parti s’entende, fasse des arrangements ou scelle même une alliance avec la coalition au pouvoir, ou avec le Muvman Liberater, l’une de ses composantes. Cela impliquerait évidemment une discussion préalable au sein de l’alliance Lepep.
 
En attendant, M. Ganoo n’a pas l’air très pressé de lancer son parti...
Il veut laisser passer les échéances municipales pour ne pas brouiller la situation.
 
Vous vous voyez souvent ?
Bien sûr ! Je suis en contact permanent avec les dissidents du MMM.
 
De quoi discutez-vous ?
De l’avenir politique, des thèmes que vous soulevez aujourd’hui.
 
Les démissionnaires MMM, vous y compris, tiennent tous le même discours. En résumé, «faire revivre les valeurs du parti». Pourquoi le faire en ordre dispersé ?
Parce que la configuration politique du moment l’exige. Nous avons deux ailes disjointes du militantisme. D’un côté, d’ex-MMM en dissidence et prêt à former son parti dans l’opposition. De l’autre, le ML au pouvoir. L’heure du rassemblement viendra, j’en suis convaincu.
 
Le leadership du MMM vous intéresse toujours ?
Oui. C’est mon grand projet.
 
C’est quoi le plan, attendre la mise à la retraite forcée de Paul Bérenger ?
Pas nécessairement. Je pourrais me retrouver à la tête du MMM avec un Paul Bérenger dans une fonction honorifique. Mais je n’abandonnerai pas mes amis du ML. Les deux partis fusionneraient.
 
Un ML soluble dans un MMM new-look ?
Exactement. Je l’ai dit et je le maintiens : je suis prêt à assumer le leadership du MMM afin de réunifier la classe des militants. C’est d’ailleurs la seule issue possible.
 
Quoi donc ?
Ivan Collendavelloo leader du MMM. C’est la seule solution pour sortir ce parti de la crise.
 
Et vous disiez ne pas avoir pris la grosse tête ?
Je n’ai pas la grosse tête, je constate. Une seule personne a incarné le leadership du MMM aux dernières élections : c’est moi. Les autres se sont contentés de suivre Bérenger, qui a lui-même suivi Ramgoolam. Un leader, des suiveurs… Les militants l’ont compris. Ils souhaitent très fort que je devienne leader du MMM.
 
Ou alors, c’est vous qui souhaitez très fort semer la zizanie chez vos anciens amis…
Oh, écoutez, j’ai autre chose à faire !
 
Un vice-Premier ministre qui aspire à diriger un parti d’opposition moribond, admettez que ça sonne faux…
Qui vous dit que ce MMM-là serait dans l’opposition ?
 
Bon, c’est quoi le plan ?
Pourquoi devrais-je dévoiler ma stratégie ? Je ne suis pas disposé à le faire pour le moment. Accordez-moi le crédit de savoir ce que je fais.
 
Soyez transparent sur vos intentions et on reparle…
On en parlera plus tard, quand je l’aurais décidé.
 
On en parle maintenant…
(Silence)
 
L’idée, c’est quoi ? Vous préparez un putsch au MMM ?
Peut-être… (Il s’interrompt) Non, un putsch est subi, c’est violent, là ce serait avec l’assentiment de tous. Première étape, une fusion de toutes les forces : MMM, ML, dissidence Ganoo, Barbier, etc., tout le monde rentre à la maison, ce n’est plus qu’un seul parti. Deuxième phase, remettre sur les rails le Remake que Bérenger a cassé en 2014, en incluant cette fois le PMSD. Un Remake en plus fort. Ça restera peut-être dans le domaine du rêve, mais il est permis de rêver.
 
Et le grand patron de la grande alliance ?
Ivan Collendavelloo. Mais laissez-moi préciser une chose : ce n’est pas pour demain.
 
Pour après-demain ?
J’ignore si c’est jouable pour 2019. Mais j’en rêve, c’est certain.