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Scandales politico-financiers: Ramgoolam à l’heure des comptes

17 mai 2015, 20:14

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Scandales politico-financiers: Ramgoolam à l’heure des comptes

Navin Ramgoolam dit ne pas faire confiance à la police, celle-là même dont il a été le ministre de tutelle durant trois mandats. Face aux 91 questions qui lui ont été posées par le Central Criminal Investigation Department (CCID) quant aux trois derniers chefs d’accusation portés contre lui vendredi, l’ex-Premier ministre s’est contenté de garder le silence après avoir affirmé qu’il est victime d’une vendetta politique.

 

Alors que les hommes de loi de Navin Ramgoolam, qui a recouvré la liberté ce dimanche 17 mai, considèrent que ces trois accusations sont farfelues, les autorités s’apprêtent à loger d’autres accusations pour des délits financiers contre leur client. Le leader rouge possède, en effet, seize comptes auprès de la Mauritius Commercial Bank, de la Barclays Bank et de la HSBC, dont deux comptes conjoints au sein de ce dernier établissement.

 

D’après les relevés en présence des autorités compétentes, ces comptes sont garnis d’au moins une centaine de millions. Leur provenance est actuellement passée à la loupe. L’un des comptes conjoints est en son nom personnel et celui d’une haute personnalité de l’État qui a été un ancien cadre rouge. L’autre est au nom du PTr et est géré par l’ex-trésorier travailliste Ah-Fat Lan Hin Choy et lui-même.

 

Concernant le compte du PTr, dont Arvin Boolell espérait avoir des détails lors du dernier comité exécutif rouge mardi, Navin Ramgoolam et Ah-Fat Lan Hin Choy devront s’expliquer sur plusieurs transferts en millions de roupies. Dans un cas précis, une somme de Rs 4 millions leur a été viré le 18 novembre 2013.

 

Ramgoolam convoqué pour ses nombreuses transactions par cartes de crédit

 

Navin Ramgoolam devra aussi donner des détails sur l’utilisation de ses 10 Master Card Gold auprès de la HSBC et ses autres 8 cartes Visa Gold auprès de la même institution. Rien que durant la période du 30 octobre 2013 au 31 décembre 2013, les paiements de ses cartes de crédit variaient entre Rs 37 000 et Rs 1,9 million alors que ses salaires, comprenant les per diem pour ses nombreuses missions au frais de l’État, oscillaient entre Rs 430 000 et Rs 700 000.

 

Le CCID devrait convoquer l’ex-chef du gouvernement pour blanchiment pour ses nombreuses transactions par cartes de crédit dans les jours à venir. Notamment pour ses chèques tirés qui varient entre des sommes modestes jusqu’à plus d’un demi millions de roupies.

 



 

Ce que le CCID reproche à Navin Ramgoolam

 

Le CCID reproche à l’ancien Premier ministre d’avoir agi en connivence avec le groupe British American Investment (BAI) qui, lui, est soupçonné d’avoir monté une pyramide de Ponzi à Maurice, afin qu’il l’aide à revendre ses actifs au détriment de ses clients. Notamment à travers sa filiale Bramer Property Fund (BPF). Sur une quarantaine d’autorisations qu’il a signées l’année dernière, l’ex-Premier ministre est accusé d’avoir permis au fonds de gestion immobilier de se séparer d’une grosse partie de ses biens évalués à Rs 1,2 milliard au 31 décembre 2014.

 

Pour l’une de ses transactions, Navin Ramgoolam répond d’une accusation de faux et usage de faux. Il lui est reproché d’avoir signé un document en sa qualité de Premier ministre afin d’autoriser, en vertu du Non-Citizen (Property Restriction) Act, la vente d’une partie du rez-de- chaussée et du 11e étage de la Bramer House au profit de d’Iqbal Mallam-Hasham.

 

Ce dernier a été son bon ami issu des brumes de Londres qu’il avait installé à la tête de la State Investment Corporation (SIC). Celui-ci a été arrêté la semaine dernière par la Commission anticorruption pour blanchiment et pour trafic d’influence. Il est soupçonné d’avoir placé de manière illégale Rs 150 millions d’une filiale de la SIC au sein de BPF et d’avoir ensuite négocié avec ce dernier pour la double transaction grâce à un prêt de la Bramer Bank, autre filiale de la BAI.

 

C’est encore une fois grâce à un prêt de la Bramer Bank que Navin Ramgoolam a été inculpé de blanchiment devant la Bail and Remand Court samedi. Le CCID accuse le leader du Parti travailliste (PTr) d’avoir obtenu Rs 40 millions sans garantie pour l’achat de son campement de Roches-Noires en novembre 2010.

 

L’argent proviendrait des placements des clients de la BA Insurance et le capital n’a pas encore été remboursé. Un mois après cette acquisition, la BA Insurance, par le biais de deux de ses directeurs, à savoir Swadeck Taher et Rishi Sookdawoor, s’est portée garant auprès de la Bramer Bank pour cette transaction.