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Marie-Line Labour-Raimbert, pro du syndic

22 mai 2015, 16:43

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Marie-Line Labour-Raimbert, pro du syndic

Lorsqu’elle parle de l’entreprise qu’elle a créée il y a sept ans tout juste, Marie-Line Labour-Raimbert, 55 ans, déborde d’enthousiasme. «Notre objectif est d’assurer la gestion des édifices commerciaux, industriels et résidentiels, comme des bâtiments et appartements à plusieurs étages, des villas, entre autres.» C’est cette compagnie qui a permis à la Mauricienne installée en Australie de rebondir lorsqu’elle a dû prendre une retraite anticipée après une carrière dans l’industrie de la télévision. Aujourd’hui, la directrice de l’United Strata Solutions Pty Ltd, basée à Campbelltown, au sud-ouest de Sydney, semble heureuse d’avoir intégré cette filière.

 

Ses responsabilités quotidiennes consistent notamment à préparer des budgets pour les propriétaires, à s’occuper de leur assurance en bâtiment, du nettoyage de la cour, des réparations avec un grand réseau de jardiniers, plombiers, électriciens, spécialistes de la sécurité et autres contracteurs. «Nous devons nous assurer que le complexe est attrayant en tout temps», confie-t-elle.

Débuts difficiles

Avant d’être chef d’entreprise, Marie-Line Labour-Raimbert, originaire de Vacoas, se destinait à une carrière dans le secrétariat. Ainsi, elle passe son enfance aux Headquarters de la police de la région – son père était dans la police –, fait ses études au Couvent de Lorette de Vacoas et de Quatre-Bornes respectivement. Puis elle entreprend une formation spécialisée en secrétariat. Quelques années plus tard, elle se marie et donne naissance à son fils, Stéphane. «À l’âge de 26 ans, mon époux et moi avons décidé d’émigrer en Australie pour avoir de meilleures perspectives d’avenir», raconte-t-elle. Mais les débuts s’annoncent très difficiles. «Notre famille ainsi que notre petite île nous manquait énormément. Et ici tout semblait si vaste», explique Marie-Line Labour-Raimbert.

 

De plus, la langue constituait une barrière: «Bien que nous soyons bilingues, l’accent australien était difficile à saisir à ce moment-là. C’était compliqué pour nous de nous faire comprendre avec notre accent teinté de français». Raison pour laquelle elle conseille aux candidats à l’émigration de le faire à un jeune âge : «La vie n’est pas facile. Les diplômes scolaires de Maurice ne sont pas reconnus. Du coup, il faut suivre d’autres cours et formations ici. C’est encore plus difficile de trouver un travail quand on ne possède pas de qualifications australiennes. Ceci dit, l’Australie est un beau pays qui regorge de potentiel et de possibilités d’avenir pour les jeunes.»

 

Elle parle en connaissance de cause. Elle-même a bien galéré avant de trouver un emploi. En effet, alors que son mari parvient à trouver du travail dans une usine quelques jours après leur arrivée, Marie-Line Labour-Raimbert n’y parvient qu’après six mois. Elle est recrutée comme secrétaire de direction et du contrôle financier d’une chaîne de télévision – Channel 7. La Mauricienne occupe ce poste pendant une dizaine d’années. Puis, les bureaux ferment. «J’avais le choix entre être mutée au studio dans une autre région ou prendre une retraite anticipée. En raison de la distance, j’ai pris l’option de la retraite», souligne-t-elle.

Cours du soir à la TAFE

Heureusement, avec l’expérience professionnelle acquise pendant ces dix ans, elle ne tarde pas à décrocher un autre emploi. Une opportunité d’intégrer le domaine de l’immobilier se présente à elle. Elle saisit sa chance et devient syndic pour une agence. «C’était tout nouveau pour moi et je n’avais pas de qualifications dans ce domaine. Mais j’étais très motivée à apprendre quelque chose de nouveau», déclare notre interlocutrice. Marie-Line Labour-Raimbert s’inscrit ainsi à des cours du soir au collège de la Training And Further Education (TAFE). Sa formation d’une durée de deux ans lui permet d’obtenir une licence en Real Estate and Strata Management en 1996. «En ayant la licence, je pouvais aspirer à un meilleur salaire. De plus, avec cette qualification, je pouvais exercer comme agent immobilier et aussi comme syndic.  Cela m’a permis d’ouvrir ma propre agence», précise-t-elle.

 

C’est ainsi qu’elle crée son entreprise en 2008. Mais outre ses qualifications, ce travail exige également une connaissance approfondie des lois et des amendements légaux. «Il faut être patient dans cette profession car beaucoup de clients ne connaissent pas leur droits. Idem pour le syndic, souvent. C’est très stressant mais il faut savoir gérer cela et être professionnel», explique-t-elle. La directrice confie ainsi qu’elle se motive en allant travailler chaque matin «contente », contente tout d’abord de voir ses cinq employés: «J’essaie de considérer mes employés comme mes enfants. Donc ils sont heureux et le rendement est très bon.  Happy boss, happy staff, happy clients!  Je suppose que c’est cela la clé pour qu’un business marche bien. Je fais confiance à mes employés et je suis au courant de tout ce qui se passe dans mon bureau. J’ai ainsi un bon contrôle

 

Bien que le milieu soit compétitif, Marie-Line Labour-Raimbert mise sur la qualité et la satisfaction du client avant tout : «Nous ne sommes pas moins chers mais je crois que les clients préfèrent payer pour le service qu’ils reçoivent. J’aime mon travail et mes clients. Ça me donne une satisfaction personnelle de savoir que mes clients sont contents et qu’ils me réfèrent à d’autres. Et c’est surtout du bouche-à-oreille».

 

Après avoir mis son entreprise à flot, Marie-Line Labour-Raimbert ouvre une deuxième compagnie baptisée SJ Realty Pty Ltd en 2013. Cette dernière se destine exclusivement à la gestion immobilière. «Celle-ci est gérée par mon fils, Stéphane. L’entreprise procède aux ventes et à la gestion des propriétés», indique-t-elle. Mère et fils sont ainsi désormais à la tête de ces entreprises immobilières. «Nous avons commencé tout petit. Les choses se sont bien passées et graduellement, nous avons réussi. Cela a pris de l’ampleur. J’espère continuer comme ça jusqu’à la retraite», indique-t-elle.

 

Mais en attendant que l’heure de la retraite sonne, Marie-Line Labour-Raimbert est de plus en plus active en Australie, notamment auprès des communautés mauriciennes et françaises à Sydney. Elle travaille à temps partiel comme interprète à l’Immigration and Border Security en Australie et soutient notamment les Mauriciens qui font appel lorsque le visa leur a été refusé par les services de l’immigration. «J’assiste aux procès en Cour ou au tribunal. Cela fait 15 ans que je fais cela», ajoute-t-elle. En parallèle, elle a été présidente du club La Caravelle pendant plusieurs années.

 

L’association propose des activités sociales comme des sorties, des kermesses, des soirées dansantes et événements sportifs entre autres. Elle est d’ailleurs très impliquée dans le monde sportif, notamment dans des tournois de pétanque. En 2002, elle a d’ailleurs remporté le Triple Ladies Australian Petanque Championship. Elle a notamment participé à d’autres compétitions en Océanie et a été secrétaire de la New South Wales Petanque League. Comme le sport lui tient à cœur, elle parraine également certains clubs spécialisés dans le hockey et la pétanque, notamment.