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Cassam Uteem, ancien président de la République : «On ne juge pas un président sur ses accointances mais sur ses actions»
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Cassam Uteem, ancien président de la République : «On ne juge pas un président sur ses accointances mais sur ses actions»
◗ Un quatrième président vient de démissionner avant la fin de son mandat. Peut-on s’aventurer à dire que le système est grippé ?
Le système n’est pas grippé. Chaque président qui a démissionné l’a fait pour des raisons différentes, qui lui sont propres.
◗ Ce départ n’arrange-t-il pas l’alliance Lepep en cette période de campagne pour les élections municipales ?
Certains pensent que c’est une stratégie pour gagner les élections.
◗ Kailash Purryag, fidèle des fidèles de Navin Ramgoolam, était-il un bon choix pour occuper un poste aussi important ?
Rien dans la conduite, les discours et les actes du président Kailash Purryag n’autorise à dire qu’il a fauté ou agi à l’encontre de la Constitution. On ne juge pas un président sur ses accointances mais sur ses actions. Autant que je sache, le président Purryag a toujours assumé les hautes charges qui sont les siennes avec dignité et dans le respect de la Constitution dont il est aussi le garant.
◗ Faut-il que le président soit élu au suffrage universel ?
J’ai toujours été en faveur du maintien de notre système politique avec un président constitutionnel et un Premier ministre détenant les pouvoirs exécutifs. Avec un président élu au suffrage universel, le pays hériterait d’un système bicéphale, avec deux centres de pouvoirs exécutifs. Pour moi, cela représenterait la meilleure formule pour des crises institutionnelles répétées et l’instabilité politique permanente.
◗ Quel regard portez-vous sur le passage de Kailash Purryag au Réduit ? A-t-il été à la hauteur ?
Il a été très présent et actif en début de mandat et un peu moins surtout avec le changement de régime politique. Par principe, je ne me permets jamais de passer des jugements de valeur sur mes prédécesseurs ni sur mes successeurs. Ou de les critiquer.
◗ Il s’était pourtant attaqué à Vasant Bunwaree bien avant que son gendre, Ritish Ramful, ne soit candidat aux élections législatives…
Je ne me souviens pas de cet épisode…
◗ Quel a été votre sentiment lorsqu’Ivan Collendavelloo a mené campagne publiquement contre le président sortant ?
C’est très malhabile et malséant de la part d’un politicien, peu importe lequel, de faire des remarques désobligeantes publiquement à l’endroit de la plus haute autorité du pays. Lorsque ce politicien est de surcroît le vice-Premier ministre de notre pays, qui vient de prêter serment comme tel devant cette même haute autorité, cela me laisse pantois. Je voudrais, cependant, ajouter que je reconnais mieux mon ami Ivan Collendavelloo lorsque je l’ai entendu à la radio, hier matin (NdlR : jeudi). Il a tenu des commentaires fort appropriés et je dirais judicieux sur une éventuelle démission du président.
◗ Vous êtes considéré par beaucoup comme le meilleur président que le pays ait connu. Quels conseils donneriez-vous à Ameenah Gurib-Fakim ?
Je suis redevable envers mes compatriotes qui ont toujours été très indulgents envers moi. Je n’oserai donner de conseils à Madame Gurib-Fakim. Elle est une dame respectée par tous et sa réputation en tant que scientifique est reconnue mondialement. Elle a sans nul doute des qualités qui lui permettront d’assumer son poste, avec compétence et intégrité.
◗ Serait-elle bien inspirée de prêter serment en période électorale ?
Je ne vois pas comment cela ferait une différence. Elle avait été désignée depuis plusieurs mois pour remplacer Kailash Purryag. Elle aurait pu le remplacer dès le lendemain de son départ.
◗ Un citoyen qui n’est pas issu du sérail politique pour président. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Un politicien ne fait pas nécessairement un bon président et un non-politicien ne fait pas nécessairement un mauvais président ! Pas de procès d’intention donc et meilleurs voeux pour un quinquennat très fructueux !
◗ Après avoir soutenu votre ancien parti en 2010, pensez-vous, avec le recul, que l’alliance avec le PTr était une bonne chose ?
Malgré la défaite cuisante aux dernières élections générales et malgré le nombre important de défections dans ses rangs, je constate que ce que vous appelez mon ancien parti est toujours «alive and kicking». En 2010, j’ai certes soutenu le MMM. Mais cette année, j’ai choisi de rester à l’écart.
Il était de notoriété publique, cependant, que je n’avais quoi que ce soit à faire avec cette alliance. Ni de près, ni de loin. Ensorcelé par des promesses mirobolantes, enjolivé par des médiateurs opportunistes, le leader du MMM s’est laissé embobiner par «le trop beau pour être vrai package» et a mordu à l’hameçon «saignant», malgré les mises en garde de nombreux militants. Paul Bérenger a payé le prix fort pour cet égarement. Le MMM va-t-il comme le phénix renaître de ses cendres ? L’avenir et les municipales nous le diront !
◗ Que vous inspire le raisonnement des démissionnaires du MMM ?
Ça ne m’inspire rien. Franchement, je n’arrive pas à comprendre les raisons qu’ils ont avancées pour démissionner. Ni le caractère, ni le comportement de Paul Bérenger n’ont changé depuis vingt ans, vingt-cinq ans. Ces raisons sont donc peu convaincantes.
◗ La mode est aujourd’hui au come-back. Y a-t-il une possibilité qu’un jour l’on vous retrouve dans l’arène politique ?
C’est, pour moi, une question très intéressante...Quand sir Anerood Jugnauthest retourné à la politique, je n’ai entendu aucune critique à son encontre. Dans mon cas, peu avant les élections de 2010,il y a eu une sortie contre moi…
◗ Vous êtes celui qui a le mieux incarné la présidence, c’est sans doute la raison non ?
Peut-être bien. Ces attaques provenaient en particulier des seconds couteaux du Parti travailliste. Ils ont fait une campagne virulente contre moi.
◗ Kailash Purryag leader du Parti travailliste, vous y croyez, vous ?
Écoutez, on ne peut pas exclure son retour en politique. Il a les «credentials», comme on dit, pour être le leader de son ancien parti.
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