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Chute du groupe BAI: un rapport sur la pyramide de Ponzi
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Chute du groupe BAI: un rapport sur la pyramide de Ponzi
Une nouvelle joute verbale est à prévoir entre le gouvernement de l’alliance Lepep et Dawood Rawat sur le fonctionnement de la British American Investment (BAI). Alors que le milliardaire accuse les autorités d’avoir «exproprié» son groupe pour des «raisons purement politiques», un rapport préliminaire établissant une gestion typique d’une pyramide de Ponzi a déjà été porté à la connaissance des autorités financières.
Le document a été préparé par la société singapourienne NTan, le cabinet PricewaterhouseCoopers (PwC) du Kenya, de Maurice et de Malte, ainsi que les Special Administrators Mushtaq Oosman et Yogesh Rai Basgeet. Les grandes lignes reposent notamment sur les transactions «douteuses» de la BAI. Elles vont des Rs 19 milliards ponctionnées en dix ans du plan Super Cash Back Gold (SCBG) de la BA Insurance jusqu’au fameux «trou» de Rs 11 milliards découvert au sein de Klad Investment Corporation (KIC), la société propriétaire de la BAI, installée aux Bahamas.
Le décompte commence avec le prélèvement, par la BAI, des Rs 19 milliards à partir du plan SCBG pour les injecter dans ses innombrables filiales. Le rapport mentionne également l’utilisation de Rs 5 milliards provenant des 135 000 plans d’assurance de la BA Insurance. Ainsi que d’une enveloppe similaire, levée entre 2008 et 2014, par la branche de la BAI spécialisée dans la gestion de fonds et de biens immobiliers, la Bramer Asset Management (BAM).
Un «cash flow» de Rs 31 milliards
Grâce à des prêts totalisant Rs 2 milliards qui lui ont été consentis par plusieurs grandes banques du pays, notamment la Barclays, le groupe de Dawood Rawat a donc surfé sur un «cash flow» d’un montant total de Rs 31 milliards pour montrer à tous sa bonne santé financière. Durant ces derniers six ans, cette manne a ainsi servi à financer la construction de l’hôpital privé Apollo Bramwell (Rs 2,5 milliards), l’achat de la chaîne de magasins Courts et du concessionnaire Iframac (Rs 1,5 milliard), de même que l’acquisition et la construction de bâtiments par la BAM (Rs 1,5 milliard), dont l’une des filiales les plus connues est le Bramer Property Fund (BPF).
Mené en bateau
Considérant qu’il était une victime de la presse libre à cause de ses origines, Dawood Rawat a créé la société Yukondale. L’objectif était de lancer un quotidien pouvant concurrencer l’express. Il a donc dépensé sans compter jusqu’à ce qu’il se rende compte qu’il avait été mené en bateau. Il a bien essayé de sauver les meubles en créant Logandale et Media Metrix. Ce, dans l’espoir d’avoir une certaine influence au sein de plusieurs radios privées et certains titres de presse dans lesquels ces entreprises ont des participations. Coût de toutes ces opérations : Rs 500 millions.
Une autre somme de Rs 500 millions a été disséminée au sein de 33 sociétés, dont la plupart sont loin d’être rentables. Plusieurs autres sociétés, telles que Marcom, Publico et Solis Océan, entre autres, dans lesquelles la BAI a des intérêts, ont engouffré Rs 700 millions. L’argent était aussi dirigé ailleurs : Global Capital Plc à Malte (Rs 300 millions) et la société propriétaire de la BAI, Seaton Investment (Rs 500 millions). Une autre somme de Rs 2 milliards a été nécessaire pour le rachat de la South East Asia Bank pour créer la Bramer Bank et pour permettre à celle-ci d’engloutir la Mauritius Leasing.
Ireko, la firme de construction de la BAI, a aussi absorbé Rs 1 milliard. L’argent a servi, entre autres, à réhabiliter les demeures de Dawood Rawat. Et lui permettre de s’offrir une piscine opérant avec un système créant des vagues et à construire le bloc d’appartements Diplomat Garden. C’est là où logeait Nandanee Soornack, l’amie intime de Navin Ramgoolam et où habite la fille du milliardaire, Adeela Rawat Feistritzer. BAM et BPF ont récupéré Rs 2 milliards grâce à la vente de ses bâtiments, avec la bénédiction de l’ex-Premier ministre. Sur ces Rs 2 milliards, Rs 420 millions ont été investies dans Iframac.
Dans toutes ces transactions, Dawood Rawat et sa tribu se servaient au passage. Une somme de Rs 2,8 milliards leur a été versée en termes de Tech Fee ou de commissions pour des contrats de gestion. À l’instar des Rs 15 millions qu’ils recevaient mensuellement d’Iframac. Dawood Rawat touchait également des commissions pour des acquisitions ou des fusions. Un rapport des Special Administrators à la Financial Services Commission, jeudi, indique que près de Rs 900 millions provenant de ces Rs 2,8 milliards ont été dirigées vers les comptes personnels de Dawood Rawat chez Schroders, à Guernesey, une dépendance britannique située dans la Manche.
Le ver était dans le fruit
Après calcul, sur les Rs 31 milliards que la BAI s’est appropriées, Rs 14 milliards ont été utilisées pour le fonctionnement de sa cohorte de filiales. Où est donc passé l’argent restant ? Il a tout bonnement servi, d’après les experts, à payer des clients de la BA Insurance dont les placements sont arrivés à maturité. Chaque année, la BA Insurance pouvait donc débourser Rs 2,5 milliards par an pendant six ans sans crainte car d’autres nouveaux clients alimentaient ses caisses.
Le 10 mars 2011, la BAS Holdings, dont Dawood Rawat est un des directeurs, décide d’émettre «two Corporate Bonds to the local market for a total consideration of MUR 500 M in the Company over an investment period of five and ten years respectively». Le but était de financer «the existing losses and working capital requirements of the Subsidiaries of the Company». Le ver était dans le fruit ; un an après, un «trou» de 302 millions de dollars, soit Rs 11 milliards, figurait dans le bilan financier de Klad Investment Corporation. Le chiffre est passé à 423 millions de dollars, soit Rs 15 milliards en décembre 2013.
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