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Les «Islands» innovent face aux catastrophes

19 juin 2015, 12:53

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Les «Islands» innovent face aux catastrophes

Les catastrophes naturelles et climatiques détruisent peu à peu les Etats insulaires de l’Océan Indien, tant sur le plan environnemental qu’économique. Cinq d’entre eux ont décidé de lancer un outil financier inédit afin de limiter les conséquences de ces catastrophes. 

 

En janvier, le cyclone Bansi est passé sur Madagascar. Bilan : des inondations généralisées, des régions entières isolées, près de 150 000 sinistrés. Deux semaines plus tard, lors de notre passage à Antananarivo, les séquelles étaient toujours visibles. Et le nombre de sinistrés n’a cessé d’augmenter, certains lieux  étant toujours inaccessibles. Un fonds de secours dans lequel puiser dans ce type de situation existe, mais le montant dédié à ce fonds est nettement insuffisant.

 

Cyclones, inondations, raz-de-marée … l’Océan indien est la troisième région la plus vulnérable au changement climatique selon l’ONU. La région souffre certes du réchauffement climatique, mais surtout d’une mauvaise planification urbaine et d’un manque d’investissement dans la réduction des risques. Une catastrophe s’abat sur une île… et l’économie nationale se retrouve paralysée.

 

Bouclier financier

 

Pour limiter les conséquences des catastrophes naturelles et climatiques, cinq Etats insulaires ; l’Union des Comores, Madagascar, Maurice, les Seychelles et Zanzibar, se sont regroupés sur une plateforme régionale, «  ISLANDS pour la protection financière ». Ce projet, mené par la Commission de l’Océan Indien (COI), a pour objectif de créer un mécanisme financier qui protègera la région contre les risques économiques encourus face aux catastrophes naturelles et climatiques.

 

Lancé en 2013, le réseau mis en place par ISLANDS collecte et analyse des données à l’échelle régionale afin de proposer aux gouvernements des solutions pour éviter les pertes liées aux catastrophes. L’idée ? Cerner les lacunes et mieux cibler les solutions dans lesquelles il est nécessaire d’investir.

 

Pour cela, des experts en économie, en utilisation des données géo-spatiales, en assurance pour la protection financière ont analysé les données des cinq Etats insulaires afin de répertorier les pertes causées par les catastrophes de 1980 à 2013. Des analyses probabilistes sont également menées pour anticiper les conséquences des catastrophes à venir sur une période de 250 ans. Ces analyses vont servir à déterminer les meilleurs moyens par lesquels les Etats insulaires peuvent se protéger ; les fonds de prévoyance, l’assurance paramétrique, allocation budgétaire annuelle. De plus, des solutions pour l’immédiat sont aussi recherchées.

 

Un logiciel de superposition de cartes géographiques a par exemple été mis en place pour aider à localiser les endroits à risques. Il utilise les détails de chaque bâtiment, la superficie, la hauteur, les matériaux utilisés, pour élaborer une première carte. Le logiciel superpose une autre carte qui indique, par exemple, la montée des eaux. Le résultat ? Une carte prévisionnelle unique, qui montre quel bâtiment va probablement être affecté en cas de catastrophe, s’il faut évacuer ou non et où envoyer les premiers secours.

 

Tremblements de terre, éruptions volcaniques, inondations, cyclones…

 

ISLANDS a donc pour objectif d’apporter des solutions à long terme pour la prise en charge des catastrophes, mais aussi à court terme. Routes bloquées, commerces fermés, maisons détruites, lignes de communication coupées… Comment gérer ces urgences ? Des fonds de prévoyance ont été mis en place, et toutes les ressources –pompiers, policiers, volontaires civils etc. – sont déjà structurées en groupe d’action, pays par pays, et dans les pays mêmes, pour être plus réactifs en cas de catastrophes.

 

Toute la difficulté d’un tel projet est de répondre aux besoins de chaque île, en fonction de ses spécificités. Si les inondations constituent le problème majeur de Zanzibar, l’Union des Comores subit tout type de catastrophes, et ce à répétition : tremblements de terre, éruptions volcaniques, inondations, sècheresse, raz-de-marée, cyclones... d’où le besoin évident d’appliquer une stratégie différente dans chaque pays.

 

«Ce projet joue un rôle essentiel en permettant des échanges d’expériences vécues entre les pays, dans l’optique de mettre sur pied un processus de protection financière. Le premier défi a été atteint car toutes les informations nécessaires pour un mécanisme de protection sont maintenant disponibles. ISLANDS va être la référence mondiale de progrès économique durable où les catastrophes n’empiètent pas le développement», estime ainsi le colonel Mamy Razakanaivo, président de la plateforme régionale.

 

Ce projet s’inscrit dans le cadre d’un programme plus global de développement durable lancé par la COI, et doté d’un budget de 10 millions d’euros. Si tous les Etats ne peuvent pas investir à même hauteur dans la réduction des risques, tous doivent agir immédiatement. Avec un réchauffement annuel du bassin de l’Océan Indien de 3° en moyenne, les catastrophes vont augmenter. En bénéficiant d’une protection financière, ces Etats insulaires pourront facilement redresser leur économie post-catastrophe. Et construire ainsi un développement socio-économique durable.

 

Nashreen EdooBaccus, l’express Maurice

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