Publicité

Sciences occultes: Rencontre avec un «longanis»

20 juin 2015, 15:05

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Sciences occultes: Rencontre avec un «longanis»
Des manuels ayant trait à la sorcellerie ont été saisis chez le responsable d’un mouvement religieux par la police. Les sciences occultes étaient au cœur de l’actualité cette semaine. Il ne nous en fallait pas plus pour nous y intéresser. L’express est donc allé à la rencontre du troisième… œil. 
 
Nous dégotons le numéro du religieux en question grâce à une amie. Notre «voyant» s’appelle Sudesh (prénom fictif) et habite à Montagne-Blanche. Un coup de fil suffit à me décrocher un rendez-vous. En effet, ma situation doit lui sembler désespérée. Selon mon histoire, inventée de toutes pièces, je viens de me faire larguer par mon fiancé qui ne donne plus signe de vie depuis. 
 
À peine mon récit achevé, les esprits parlent à notre homme. Sa réponse est sans équivoque : «Problem-la ek twa sa, to bizin vinn get mwa o pli vit.» Je lui fais comprendre que je suis quelque peu réticente à le rencontrer. Mais il me rassure. Non sans préciser qu’il me faudra apporter des bâtons d’encens, des noix de coco, deux boîtes de cigarettes, du fi l et des morceaux de camphre. Le rendez-vous est pris.
 
Il m’attend à l’arrêt d’autobus de Montagne-Blanche. La trentaine, vêtu d’un short et d’un t-shirt, à première vue, Sudesh n’a pas l’allure d’un «longanis». «J’ai rêvé d’une divinité qui m’a informé de ton appel hier. Et tu es comme elle t’avait décrit», lance-t-il d’emblée. Sans passer par quatre chemins, il me demande si j’ai apporté les articles qu’il m’a demandés. J’acquiesce.
 
La consultation se fera chez lui. Pour s’y rendre, faut passer par un petit sentier boisé. Sa maison, une bâtisse aux vitres cassées et à la peinture jaunie par le temps, ne paye pas de mine. À l’intérieur se trouvent des photos de jeunes hommes seuls ou en couple. Pour me mettre dans le bain, il me raconte l’histoire d’une jeune femme qui, après avoir été délaissée, a, comme moi, fait appel à lui. «Elle devait se marier le mois prochain. Elle avait tout prévu. Mais son fiancé a coupé tout contact avec elle. Mé monn donn li lasirans, mo pé fer so travay-la. Tigit tigit li pé trouv garson-la pé retourné», affirme-t-il. 
 
Fin stratège, le «voyant» me presse de questions. Je lui raconte d’une voix pleine d’émotion, entrecoupée par des sanglots, que «j’étais fiancée à un homme riche mais il a pris ses distances. Il ne donne plus signe de vie depuis un moment déjà. Ses proches en ont fait de même. Sa mère, avec qui j’avais pourtant de bonnes relations, ne répond plus à mes appels». Il se veut rassurant : «Tout ira bien. To mem to pa pou krwar. Laisse-moi voir ce que disent les cartes.» Je remarque que le nombre de cartes qu’il sort est supérieur à un paquet.
 
Sans plus de cérémonie, il me demande de poser Rs 500 sur les cartes avant de les séparer en trois paquets. Lors de sa consultation, il dit voir la mort, la maladie et une femme qui me veut du mal. Sudesh n’y va pas avec le dos de la cuillère. «Tu es en danger. Sa mère est contre votre relation. Il me faut conjurer le mauvais sort, autrement, tu vas mourir d’une maladie.»
 
Il explique que pour «fer sa travay-la, il me faudra Rs 18 000». Je ne cache pas ma surprise devant l’annonce de cette somme élevée. Sudesh affirme que c’est la divinité qui a décidé de ce montant. Et qu’on peut s’arranger pour que le paiement soit fait en plusieurs tranches. «J’aurai aussi des choses à acheter. Il me faudra me rendre au cimetière, sur la grande croix. Et le soir, le transport coûte cher», lâche-t-il. 
 
Ensuite, comme pour me convaincre de ses compétences, il me tourne autour en faisant de grands gestes de la main avec une noix de coco et du camphre pour «faire partir les mauvais esprits». Sudesh me donne un autre rendez-vous. La prochaine fois, je devrai lui remettre la photo de mon fiancé et une partie de l’argent…