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La MRA décortique le train de vie de Ramgoolam

24 juin 2015, 10:28

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La MRA décortique le train de vie de Ramgoolam
Son train de vie est-il proportionnel à ses revenus ? La Mauritius Revenue Authority (MRA) enquête depuis peu sur Navin Ramgoolam depuis que le Central Criminal Investigation Department (CCID) a saisi Rs 220 millions – dont la moitié en dollars américains – dans sa résidence il y a quatre mois. L’ex-Premier ministre les intéresse aussi pour ses nombreuses cartes sans limite de dépenses dont l’existence a récemment été révélée au grand jour.
 
Des renseignements obtenus par l’express indiquent que les hommes de Sudhamo Lal ont reçu pour instruction de vérifier l’ensemble des revenus du leader du Parti travailliste (PTr) depuis son retour au pays durant les années 90. Ces données devront ensuite être contre-vérifiées avec les déclarations qu’il a faites ces 25 dernières années afin de déterminer s’il ne s’est pas adonné à de l’évasion fiscale. Si tel est le cas, des réclamations lui seront faites et il pourrait même être passible de poursuites.

Rs 350 000 par mois 

En tant que chef du gouvernement, Navin Ramgoolam touchait une moyenne de Rs 350 000 par mois, salaires et per diem inclus, indique une source proche du dossier. Le 20 décembre 2013, l’État lui a versé Rs 698 101, bonus inclus, alors que le mois précédent, le virement bancaire était de l’ordre de Rs 429 985. Ses remboursements pour quelques-unes de ses cartes de crédit tournaient entre Rs 42 211 et Rs 1 945 236,69 entre octobre et décembre 2013.
 
La MRA devra recueillir des données auprès du CCID pour établir si des dessous- de-table n’ont pas été versés par des sociétés étrangères pour rembourser les innombrables cartes de crédit de Navin Ramgoolam. Elle doit aussi déterminer comment il faisait pour mener un train de vie princier alors qu’il remettait chaque mois Rs 200 000 en liquide à son épouse Veena, selon le témoignage de celle-ci au CCID.
 
La MRA vérifie aussi les acquisitions de Navin Ramgoolam à Maurice et à l’étranger. Outre son Aston Martin, le fisc s’intéresse à sa dernière acquisition, une puissante Mercedes. De même qu’à la désormais célèbre Rolls-Royce Phantom immatriculée RR 10 RAM dans laquelle il se déplace à Londres et dont des photos ont été publiées par notre confrère Week-End l’an dernier.

Montres et parfums

Interrogé à l’époque sur la Rolls-Royce Phantom, Navin Ramgoolam avait lancé : «Il faut avoir de la classe pour faire ce que je fais.» Il avait également demandé au journaliste qui lui avait posé cette question s’il «n’était pas fier que son Premier ministre» puisse se déplacer dans un tel véhicule.
 
Les agents de Sudhamo Lal vont donc réclamer l’aide des autorités britanniques pour vérifier sous quel nom la Rolls-Royce Phantom a été enregistrée, et si elle n’appartient pas à un prête-nom ou à une société avec laquelle l’ex-Premier ministre entretiendrait de bons rapports. Ils auront également à établir quelles ont été les acquisitions immobilières de Navin Ramgoolam au Royaume- Uni, des renseignements faisant état d’un appartement qu’il se serait offert dans un quartier cossu de Londres.
 
Même la garde-robe du leader travailliste, à Riverwalk, intéresse la MRA. Navin Ramgoolam devra s’expliquer sur sa centaine de chaussures de marque, ses innombrables ceintures griffées, ses complets issus de grandes maisons de couture, ses boutons de manchette et sa collection de montres de luxe, dont les Rolex. Le tout avait été répertorié par le CCID lors de la perquisition de février.
 
De plus, l’ancien chef du gouvernement devra donner des détails sur les achats effectués à partir de ses cartes de crédit dont la provenance des fonds doit encore être vérifiée. Il devra ainsi éclairer les agents de la MRA sur les nombreux cadeaux qu’il aurait faits à des femmes. Il aurait offert des livres à tour de bras, et aurait aussi dépensé plusieurs millions de roupies pour acheter des montres et des parfums…
 
Enfin, la MRA a aussi sollicité l’aide du CCID pour retrouver un poste de télévision haute définition évalué à quelque Rs 1,5 million qui aurait «disparu» de la demeure de l’ex-Premier ministre. L’appareil lui aurait été offert par un de ses proches, avec lequel il s’est récemment brouillé, et qui a baigné dans des transactions louches. La tâche du fisc sera ardue.