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Airmate: la «poubelle» d’Air Mauritius?
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Airmate: la «poubelle» d’Air Mauritius?
Qui veut la peau d’Airmate ? Pourquoi cette filiale d’Air Mauritius déchaîne-t-elle les passions ? Le dernier bilan financier de la compagnie aérienne a mis au jour des pertes opérationnelles de Rs 950 millions.
Le conseil d’administration de MK a lourdement décrié le coût des ressources humaines. Et depuis, les regards sont braqués sur Airmate Ltd, la plus grande filiale de la compagnie aérienne nationale.
Les syndicalistes joignent le front
Vendredi 19 juin, il y a même eu de vives altercations entre des employés d’Airmate, qui accompagnaient leurs représentants syndicaux Reaz Chuttoo et Jane Raggoo, et les agents de sécurité du Paille-en-Queue Court.
Les syndicalistes souhaitaient rencontrer le board de la compagnie d’aviation. Car si l’audit des ressources humaines n’a pas encore été achevé, les licenciements, eux, ne se sont pas fait attendre.
Que représente exactement Airmate pour Air Mauritius ? Est-ce une entreprise profitable ? L’express a mené l’enquête.
Une entreprise «poubelle»…
Afin de bien cerner le rôle prépondérant que joue cette compagnie dans les activités du groupe, il faut remonter à sa création. En 2006, le service de telephone sales, qui consiste notamment à faire des réservations pour les clients étrangers, prend de l’ampleur au sein d’Air Mauritius.
MK décide donc de créer une compagnie subsidiaire qui se chargera exclusivement de ce service, un peu à la manière d’un sous-traitant, car le service de call centre ne constitue pas le core-business d’Air Mauritius. Dans le cas d’Airmate, MK est l’unique actionnaire de l’entreprise.
Nouveaux services
Cependant, les choses évoluent très vite. Une source au sein de la compagnie d’aviation explique qu’au fil des années, la filiale devient «tentaculaire»
Airmate se met à proposer d’autres services comme celui de passenger handling, grâce notamment au recrutement de 500 personnes du terminal de l’aéroport de Plaisance. Par ailleurs, les employés d’Airmate travaillent aussi dans d’autres départements d’Air Mauritius, comme l’ingénierie ou la finance.
Main-d’œuvre bon marché
Selon notre source, qui compte de longues années d’expérience chez MK, le calcul est simple. L’idée de départ était d’avoir une main-d’oeuvre bon marché, surtout que ces activités ne font pas partie des activités principales de la compagnie aérienne. C’est pourquoi les employés d’Airmate n’étaient pas embauchés sous les mêmes conditions que les employés d’Air Mauritius.
De plus, de nombreux salariés de la filiale auraient décroché leur poste grâce à leurs affinités politiques avec l’ancien gouvernement. Ainsi, selon notre source, ceux qui ne pouvaient être embauchés chez Air Mauritius étaient envoyés chez Airmate. Une source au sein d’Airmate confie que la filiale aurait même recruté entre 50 et 75 personnes juste avant les élections législatives de décembre 2014...
Aujourd’hui, des 2 300 employés de la compagnie d’aviation nationale, environ 800 font partie d’Airmate. Une compagnie que beaucoup considèrent comme une «poubelle» pour MK.
Profits
La filiale est-elle profitable ou est-elle en train de puiser les ressources d’Air Mauritius ? Les chiffres disponibles au Registrar of Companies démontrent que ces quatre dernières années, Airmate est parvenue à dégager des profits. En effet, en 2011 son chiffre d’affaires s’élevait à Rs 79 402 298. Il a ensuite grimpé de façon constante pour atteindre les Rs 143 292 157 pour la période se terminant au 31 mars 2014. La même année, ses profits s’élevaient à Rs 864 311.
Un apport cependant «minime» à l’échelle de MK, tempère une source qui a travaillé à la compagnie nationale d’aviation. En effet, le chiffre d’affaires de cette dernière se compte en milliards.
Pas de subventions d’Air Mauritius
Cela signifie qu’Airmate n’est donc pas subventionnée par Air Mauritius et qu’elle n’impacte pas sur le coût élevé du personnel de la compagnie. D’autant plus, ajoute notre source chez la filiale, que «les employés gagnent trois à quatre fois moins que ceux travaillant chez Air Mauritius», alors que bon nombre d’entre eux font le même travail que leurs collègues de MK. Notre source précise que la moyenne des salaires chez Airmate varierait entre Rs 4 200 et Rs 9 000 par mois.
C’est pourquoi le syndicat des employés d’Airmate crie à l’injustice et se bat pour avoir les mêmes avantages que les salariés d’Air Mauritius. Les licenciements ne font qu’envenimer la situation et il devrait y en avoir encore 20 à 30 à la fi n du mois prochain, estime notre interlocuteur.
Le rapport d’audit publié avant fin juillet
Quant aux résultats de l’audit des ressources humaines mené par des experts étrangers, ils ne devraient plus tarder. Les conclusions du rapport devraient être connues d’ici fin juillet.
Airmate est tantôt utilisée par MK pour sa main-d’oeuvre bon marché, tantôt par les politiciens pour placer leurs «amis». Quant à savoir ce qu’il adviendra de cette compagnie, il faut attendre la rencontre prévue entre le conseil d’administration et le syndicat le 2 juillet.
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